Bulle française

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Me revoilà après une semaine d’absence. Une semaine pour le moins étrange, pour plein de raisons différentes que je vais évoquer et expliquer, bien entendu.

Sans entrer dans les détails de ma vie personnelle qui ne vous regardent pas, un évènement familial m’a poussé à rentrer en France mardi dernier. Choc ! Rentrer en France alors qu’il ne me restait que 5 semaines au Japon. Que voulez-vous, il faut parfois savoir partir pour mieux revenir. Le problème, c’est que j’ai du partir dans l’urgence, du style j’apprends dimanche que je dois être en France mardi quoi.

Avant de partir au Japon, j’ai eu la présence d’esprit de souscrire une assurance santé afin d’être tranquille en cas de pépin. J’en parle dans cet article et souligne qu’une option utile est inclus dans le contrat de l’ASFE. Et elle a malheureusement été utile bien que compliquée à mettre en place. C’est Europ Assistance qui gère les rapatriements pour l’ASFE et c’est par eux qu’il faut passer pour avoir des billets d’avion rapidement. Dans les fait, il faut les appeler, donner toutes les infos dont ils ont besoin (les infos du passeport, de l’assurance, les dates de départ et de retour du voyage, du rapatriement, etc) et attendre qu’ils vous proposent des dates et des heures de vol. Tout devrait être simple si vous avez un téléphone car ils vous appelleront directement à la moindre question ou proposition. Mais j’ai pas de téléphone et donc, soit je les appelais par Skype pour aller au devant des infos, soit ils m’envoyaient des mails. Dans les deux cas, j’étais bloqué derrière mon ordi à attendre. Même comme ça, ça aurait du être simple car ils m’ont vite trouvé un vol de 20h avec escale à Dubaï. Fatiguant mais dans l’urgence, je fais pas le difficile. Qui aurait pu pensé que ça serait Europ Assistance qui le ferait, le difficile. Entre lundi matin et mardi matin, ils ont du me changer 5 fois d’avion… et à chaque fois je devais valider en les appelant ou en attendant leur mail. J’ai décollé mardi à 11h55 de Tokyo et j’avais eu confirmation du vol le matin à 5h, autant vous dire que pour le sommeil, c’était râpé.

Je suis donc arrivé mardi à 17h à Paris, heure française, 20 minutes en avance par rapport à l’horaire prévu, grâce à un vent favorable. Merde, ça a changé la France en 1 an. Si on arrive en avance maintenant, où va le monde. Fausse alerte, on est resté coincé 30 minutes dans l’avion car le personnel d’Aéroport de Paris n’arrivait pas à fixer les passerelles sur l’A380. Amis japonais, bienvenu en France.

Je n’ai pas eu à subir le choc du RER, merci à mon plus vieil ami d’avoir fait le déplacement pour venir me chercher. L’occasion de voir que même après 11 mois, quand on retrouve des potes, on a l’impression de les avoir quitté hier, que tout est comme avant, sans prise de tête. Si je voulais changer des choses dans ma vie, mes potes n’en faisaient pas parti et je suis bien content de voir que rien ne bouge de ce côté là.

Et rien ne bouge non plus du côté de la mentalité française. Je n’ai globalement pas été surpris ou choqué durant ces 3 jours en France sauf à quelques cas près. La première fois que j’ai vu des piétons traverser la route alors qu’on arrivait sur eux. Ouais, là j’ai été surpris. J’avais vraiment oublié que ça pouvait être dangereux et anxiogène quand on conduit. Quand j’ai traversé une rue sans feu rouge aussi en me disant que, c’est bon la voiture va s’arrêter de toute façon. J’avais oublié que la France, c’est Shanghai en à peine moins pire.

Le mercredi, j’ai fait ce qui devait être fait.

Le jeudi, j’en ai profité pour manger sur Paris avec des amis, près de mon ancien travail. Cette fois, pas moyen d’échapper au RER mais bizarrement, aucun choc. Retard, pas de clim, sale, vitres rayés, escalator en panne, tourniquet en panne, coupure de courant dans la gare… tout était normal quoi. C’est comme si j’avais des cases France et Japon dans mon cerveau, un switch pour passer de l’une à l’autre et que du coup, rien ne me surprend parce que je suis sur la case France. Je ne tente donc pas de comparaison et rien ne me dégoute. Le fait de savoir que le vendredi, je repasserai en case Japon aide aussi beaucoup.

Ayant rendez-vous près de mon ancien travail place de l’Opéra, j’avoue m’être un peu planqué au passage de certains anciens collègues, non parce que je ne voulais pas les voir mais plutôt parce que je ne voulais pas expliquer la raison de ma présence éclair en France. Ce n’était pas le temps des retrouvailles et des échanges d’expérience. Le temps était aux amis alors on a renoué avec les habitudes et mangé au Mc do. Oui c’est dégueulasse et alors ? J’ai du poids à reprendre. C’était cool de, là encore, raconter de la merde comme si de rien était. 11 mois sans les voir et pourtant, je pourrais les avoir vu la veille. Ok, j’en ai vu un en décembre dernier et un autre en juillet mais quand même.

L’après-midi, on s’est baladé avec Seasher dans le quartier, jusqu’au jardin des tuileries. Il faisait beau mais rien de comparable avec la chaleur japonaise donc j’étais plutôt bien. En regardant autour de moi, j’ai un peu mieux compris l’intérêt des étrangers pour la France, pour Paris. C’est vrai que c’est beau quand on prend le temps de regarder. J’ai quand même envie de sauter sur les japonais(es) (ou tout autre asiatique) que je croise.

La fin d’aprem venue, j’ai vu d’autres amis, ceux qui viennent au Japon, ceux qui sont venus au japon en avril ou en aout. A peine le temps de me faire traiter de connard parce que je repartais le lendemain (je le méritais aussi) que je dois repartir car j’allais voir ma famille le soir même. Un vrai marathon mais après tout, c’est moi qui voulait voir le plus de monde possible aussi.

Vendredi, le temps de faire quelque papiers pour mon rapatriement, mon sac et l’heure du départ est presque là. Un vol direct par Airfrance à l’aller, un vol direct Japan Airline au retour. J’ai plus de place dans l’avion de JAL. Arrivé à 14h heure japonaise le samedi, le temps s’est radouci au point d’avoir la même température qu’en France, à croire que le ciel veut me ménager alors que je lutte contre la fatigue. Quelle idée de ne pas dormir dans l’avion aussi.

Cette semaine, le temps ne s’est pas écoulé à sa vitesse normale. Un coup plus long, un coup plus rapide, faisant des feintes de 7h dans un sens puis dans l’autre… Autant de coups d’estoc dans mes heures de sommeil et dans mon horloge interne. Je comprends un peu plus ce que peuvent vivre les hôtesses de l’air maintenant.

Ces trois jours n’étaient pas réellement un retour mais bien une bulle, une parenthèse dont on sait qu’elle sera refermée bientôt. Je n’ai donc pas ressenti de malaise, je n’ai pas eu le cafard. J’ai eu un aperçu grandeur nature de ce qui m’attend dans moins de 4 semaines maintenant. Le passage des écolières en jupe au groupe de branleurs à casquette qui chantent du rap me fait réellement vomir.
Tout comme les merdes qu’on voit à la télé, les gros titres dans les journaux (« La cause de la mort serait l’étouffement » où comment miner le moral d’une population entière) ou le comportement général des gens en fait. La France ce n’est pas le Japon. Le Japon, ce n’est pas la France. Il y a des choses bien partout et de la merde dans les deux pays aussi. Mais quand on est habitué aux bonnes choses de l’un, c’est difficile de ne pas les retrouver dans l’autre.

Je sais, réellement, que le retour sera moralement difficile maintenant. J’avais beau me dire que je le savais déjà, je ne faisais que l’imaginer en fait. Dans un sens, cette bulle me permet d’en être sûr et de mieux m’y préparer. J’ai encore plus envie de profiter à fond du temps qu’il me reste.

On m’a demandé pendant ce séjour si j’avais trouvé ce que je cherchais au japon. Je crois bien que j’en ai trouvé une bonne partie, que je continue d’en trouver une autre en ce moment et que j’en trouverai sans doute une autre quand je rentrerai.

Ps : Vous avez jusqu’à samedi pour m’envoyer vos textes en vu du 200e article, à blogwakarimasen@gmail.com
Alors bougez-vous le cul et merci à ceux et celles qui m’ont déjà envoyé le leur.

8 Réponses

  1. Travailler dans le quartier d’Opéra, c’est pratique pour la bouffe japonaise!

  2. ah c’était donc toi le fou qui rasait les murs sur le chemin du McDo… Je t’aurais bien fait un petit coucou pourtant.

  3. Rien de grave j’espère ma poule

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