Kanamara matsuri : le penis de fer

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Bite, pénis, zizi, zigounette, chibre, braquemart, colosse, phallus, biroute, queue, verge, pine, zob, petit jésus, quéquette, dard, trompe, bistouquette, sboub, teub, popol… les mots ne manquent pas pour définir l’organe masculin, centre de toutes les attentions de son propriétaire. C’est vous dire s’il a de l’importance et à quel point on l’aime.

Les enfants, bouchez-vous les oreilles car cet article n’est pas pour vous.

Oui oui oui, soyons fous, n’ayons pas peur des mots. J’aime ma bite. Et je n’aime que la mienne, pas de malentendu. Après tout, elle est là depuis que je suis né. On a grandi ensemble, on a joué ensemble et elle a la tête haute bien plus souvent que moi. Bref, ma bite et moi, on est comme les 5 doigts de la main (oui, cette comparaison n’a pas de sens).

Ne partez pas, malheureux ! Je ne vais pas vous parler de mon sexe et il ne sera pas question de vantardise ou de celui qui aura la plus grande. Non, je tenais à rappeler la place du sexe masculin dans la culture occidentale et dans le cœur des hommes. Globalement, il a une bonne place quoi. Genre importante.

Je vous parle du pénis aujourd’hui pour plusieurs raisons. La première est que j’ai besoin de faire du clic pour pouvoir mettre de la pub sur le blog et me faire de la tune sur votre dos. Ensuite, parce que le simple fait d’écrire « bite » dans un article me fait marrer, alors si en plus le sujet de fond est sérieux, je ne vais pas me priver. Et enfin car le pénis est l’objet d’un festival unique en son genre qui a lieu tous les premiers dimanches d’avril à Kawasaki.

Le Kanamara matsuri (matsuri = festival) est son nom. Les médias français qui font des reportages sur le Japon et son côté décalé ne manquent pas de le montrer et c’est comme ça que je l’ai découvert. Franchement, comment résister à l’envie d’assister à un festival religieux japonais sur le pénis, et plus généralement, la fertilité. Car le pénis est célébré en tant que symbole plus qu’en tant que membre anatomique. La démographie au Japon est un véritable problème. Les naissances sont en chute depuis longtemps et le pays vieillit de manière inquiétante. Je sais que ce genre de phrase nous passe à tous un peu au-dessus de la tête. « Oui oui le pays vieillit mais ça va, c’est pas immédiat non plus. Y’a le temps ». Justement non, le temps, le pays l’a de moins en moins. Il faut faire des gosses et vite ! 

Du coup, favoriser la fertilité au travers d’une cérémonie, ça n’est pas insensé même si une grande partie des japonais ne connait pas ce festival et qu’une autre partie le rejette en bloc. Moi, le coté fertilité me laisse pantois et je souhaitais voir de mes propres yeux cette cérémonie pour son coté unique, festif et totalement improbable.

L’histoire du Kanamara matsuri n’est pas très âgée, quelques centaines d’années tout au plus (la date n’est pas précise). La légende veut qu’un démon soit tombé amoureux d’une jeune fille et qu’il se soit installé dans son… vagin. Ouais ouais ouais, comme je vous le dis. Le saligaud savait y faire. Et comme les démons sont des êtres particulièrement vils, ce dernier sectionnait le pénis de tous les maris de la jeune femme, avec ses dents. Ouais ouais ouais, comme je vous le dis ! Elle avait un vagin avec des dents et des prétendants sacrément cons pour tenter leur chance. Lassé de voir des hommes perdre leur virilité (et leur bite), le forgeron prit l’initiative de forger un chibre en métal. Le précieux servirait à briser les dents du démon et ainsi rendre toute sa dignité à la pauvre castratrice. Et c’est ce qu’il fit : il lui cassa les dents. L’objet de la libération fût ensuite placé dans un temple et célébré chaque année. J’imagine que ce temple est celui dans lequel je suis allé, le temple Wakamiya hachimangu. Plus tard, ce temple servit de lieu de culte aux prostituées, priant pour se protéger des maladies sexuellement transmissibles. Une bonne prière et hop, plus de pilule, plus de préservatif ! Comment ça, ça n’existait pas à l’époque ? Ne jouez pas sur les dates je vous prie.

Le festival est principalement constitué d’une procession de trois chars (mikoshi) sur lesquels reposent 3 types de phallus. Un phallus de fer appelé kanamara-bune, le second est un phallus en bois du nom de … pénis de bois (original) et enfin le dernier phallus qui porte le doux nom d’Elisabeth. Car il est rose et porté par des « newhalf », autrement dit des transsexuels. Il y a un cérémonial avec le bonze en chef pendant lequel celui-ci déplace la déité du temple dans les trois mikoshi afin qu’il bénisse la foule pendant la procession. Ces chars sont l’occasion pour les porteurs de s’unir dans une cohésion virile et amicale, de partager une complicité d’homme au service de la verge toute puissante, de porter à bout de bras le symbole de leur virilité inavouée et surtout, de prouver que la leur, elle est plus grande que la vôtre, parce qu’il faut être 20 pour la balader. Autour de ça, il y a des joueurs de tambour pour animer le temple, des stands de bouffe, d’alcool et de gadgets en tous genres, tout cela bien sûr à l’effigie du pénis. L’exemple le plus frappant est bien entendu ces sucettes en forme de bite que tout le monde suce joyeusement. Oui, même les petites filles. Oui, moi aussi ça m’a fait bizarre. Non, pas de photos !

Tout ça, je l’avais lu/vu avant d’y aller. Tout ça participait à mon entrain et à ma bonne humeur. J’aime les japonais quand ils ne se prennent pas au sérieux, quand ils se lâchent, quand ils sont dans des situations qu’on ne pense pas voir un jour. Je voulais voir ces couples qui sont moins physiques que les couples occidentaux se promener pénis à la bouche, chevauchant des chibres en bois géants, se prenant en photo avec des légumes en forme de zézette, enfin je voulais les voir dans un contexte convivial-fun quoi.

Ça a été pénible. J’ai été déçu. Je suis venu, j’ai vu, j’ai été vaincu.

Dans le train qui mène à la gare de Kawasaki, déjà, j’ai vu que quelque chose clochait, que ça s’engageait super mal et que ce festival avait sans doute perdu de sa superbe il y a quelques années. Le train était constitué d’une quantité dingue de touristes occidentaux. Mais le doute est encore permis. Mettez 10 occidentaux dans un wagon de train et vous ne verrez qu’eux, à cause de leur différence bien entendu. Sauf que là, ils étaient plus de 10. Pas grave, je suis tombé sur un groupe et pendant le festival, je serai tranquille avec la foule de japonais.

Grossier excès d’enthousiasme. Ce festival est devenu le festival des occidentaux qui veulent voir le Kanamara matsuri. Je vous promets, un tiers des gens présents étaient occidental. Alors qu’il y avait une vraie foule dans la rue et dans le temple, on ne pouvait pas leur échapper. Peu importe où vous regardiez, peu importe l’endroit où vous étiez, vous entendiez parler anglais et vous voyiez des visages occidentaux.

« Nan mais il exagère. » « Ouais mais ça va, c’est pas grave si y’a d’autres touristes ». « Toi aussi t’es un touriste je te rappelle ». « Et en quoi ça gâche de toute façon ? ». Ok, fermez-la, c’est moi qui raconte !

Des touristes, j’en vois tous les jours dans les quartiers célèbres. Il y en a pas mal mais ils sont dilués, très minoritaires par rapport à la masse de japonais. On les voit mais on les oublie vite. Je n’ai rien contre eux car je peux les éviter facilement. Je leur souhaite même de sur-kiffer le Japon et de partager leur découverte.

Mais là… le festival n’est pas si grand. Et ils étaient si nombreux ! Et plus ils sont nombreux, plus ils se sentent à l’aise, plus ils font de la merde. Ils traversent n’importe comment, ne respectent pas les cordons de sécurité, suivent les chars quand ils rentrent dans le temple (euuhhh vous avez pas le droit hein !), on entend qu’eux, on ne voit qu’eux faire les cons canette à la main… merde, je les supporte pas !!! Honnêtement, je ne me suis jamais fait autant bousculer depuis que je suis au Japon, même pendant des matsuri autrement plus grands et fréquentés ! D’ailleurs, c’était le festival le plus bordélique que j’ai vu. Des attroupements autour des stands (normalement, il y a des files d’attente bien définies), des bousculades pour avancer et une cohue générale dès que quelque chose de nouveau se passe dans un coin.

Je ne ferai pas de raccourci rapide entre la surfréquentation d’occidentaux et le bordel mais je n’en pense pas moins.

Vous ne pouvez pas savoir comme j’étais déçu ! Je m’attendais à voir une fête japonaise et je me retrouve au Disneyland de la bite pour américain en vacances. Je ne suis pas bête, je m’attendais pas à voir que des japonais mais la proportion de touristes était abusée ! Résultat, je me suis installé en face du temple pour photographier l’arrivée de mikoshi, j’ai fait un tour dans l’enceinte du temple pour voir le pénis de fer offert par une société de métallurgie au temple en 1995, voir les bites géantes en bois chevauchées par des jouvencelles en mal de fécondité (je les ai même pas vues) et voir les gadgets et autres conneries sur les stands. Mais le bordel m’a soulé alors j’ai pas trainé et je suis parti au bout de deux heures.

J’aurais du mal à vous conseiller de venir voir par vous-même. Mais en même temps, je suis coupé de l’occident depuis 6 mois et ce qui me choque et m’agace vous semblera plus « normal » qu’à moi. Ça n’enlèvera rien au fait que le trop-plein de touristes tue l’aspect japonais de la fête. Ça reste un peu amusant mais l’équation est faussée.

Ouais l’équation : bite + japonais sérieux= improbable. Si à cette équation vous ajoutez la variable « touristes », ça nous donne (si la valeur de « touristes » est supérieure à un tiers de « japonais sérieux ») :
bite + japonais sérieux+ touristes = gros bordel moyennement amusant.

Et personnellement, j’aime autant les maths que l’excès de touristes. Mais j’aime ma bite. (copyright : Michel leeb).

16 Réponses

  1. tartiflette77

    Morale de l’histoire : Tu voulais de la bite et tu as fini comme un gland :-)

  2. Merci d’avoir partagé ton avis sur cet évènement que je trouve également improbable et surprenant que j’avais et j’ai toujours envie de voir de mes propres yeux.
    Je partage ton avis sur les présences de masses de touristes au Japon (mais dans une moindre mesure, moins extrême en tous cas). La différence que j’aurais par rapport à toi sur ce festival, c’est que je saurais à l’avance que c’est un nid à touristes et je n’aurai pas cette déconvenue.

    Alors, quel goût ont ces sucettes ? …

    Toi qui est sur place, j’ai une interrogation. Bien que tu ne sois pas en contact directe avec la populace locale, quel est le sentiment général (déjà le tien) sur le contexte nucléaire par rapport à la Corée du Nord ?
    On voit que les missiles sont installés à Tokyo : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/video/2013/04/09/coree-du-nord-le-japon-deploie-des-missiles-patriot_3156626_3216.html
    Et ce tweet d’erreur de la ville de Yokohama qui annonçait un tir de missile !

    • rien de particulier au niveau de la ville et des gens en général. Je les sens pas tendu ou flipper, les magasins ne sont pas dévalisé, pas de panique. Je vois pas de différence avec la non menace par exemple.

  3. Ca doit te changer des festivals de moules en Bretagne. Et je parle du fruit de mer là ! Non mais.

  4. en fait le fait que tu n’aime pas voir les occidentaux au japon, c’est que lorsqu’ils sont là, tu perds ton statut d’icône et de bête curieuse, tu es assimilé a la masse des touristes impoli qui arrivent en terrain conquis. avec un manque de respect

    sinon, tu en as sucé combien ?

    • j’en ai pas pris une seule ! La sucette, c’est comme le parapluie, c’est casse couille quand tu veux prendre des photos. j’ai toujours mon appareil en main donc, pas de bite pour moi !
      Et oui, je me sens assimilé a ces mal poli. Le fait de ne plus être unique, ça me gène pas. A tokyo, aucun étranger n’est unique.

  5. cet con quil y avait autant de touriste , toi ki te faisai une joie de voir le festival de la bite . C’est vraiment con ca , dommage .

  6. ‘tin de gaijin !

  7. domage que tu aies été décu mais bon au moins tu as pu le voir de tes yeux… après que veux tu la mentalités des gens est de plus en plus pourrie, avec un peu de chance on arrivera à transmettre une bonne éducation la génération prochaine (on a le droit de rever lol)

  8. Ah oui et sinon bien joué pour les mots clé dans l’article :p

  9. Finalement, je regrette pas mon impasse sur ce festival. Il me reste 4 jours au japon et la noyade dans une masse d’occidentaux m’aurait déplu. En même temps j’avais lu quelque part que c’était envahi donc je suis pas étonné.
    En tout cas on a apprit que tu avais toujours ton appareil à la main en toute circonstance … ça laisse rêveur !

  10. Perso voir quelques occidentaux dans les rues sur une journée ca me choquerai pas plus que ca mais en voir un troupeau ca me gonflerai plus qu’autre chose. Quand on va au Japon on a pas vraiment envie de voir des occidentaux, on a pas fait tout ce trajet pour revoir des gens qui nous rappellent notre pays avec tout ce que ca implique (et ouais, pour moi un troupeau de touristes occidentaux c’est malpoli, ca respecte pas les règles, ca regarde et photographie tout et n’importe quoi, etc. Comme Wed le dit si bien « ‘tain de gaijins »). Lors de mon voyage c’est surtout a Akiba que j’ai vu des occidentaux (et encore seulement une journée et pas en groupe) donc bon mon avis n’est pas le plus utile je pense.

  11. caradonna

    hé bien quel festival de popol !

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