La mort

Classé dans : Culture, Kyoto | 4

Je vous parlais la semaine dernière d’un immense cimetière que j’avais trouvé, à flanc de colline et dans lequel je n’avais pas oser rentrer. J’estime qu’il y a des choses qu’il faut respecter et le recueil auprès des êtres disparus en fait parti.

Mais quand même… La vision de la mort et des sépultures est-elle vraiment la même entre le bouddhisme/shintoïsme et le catholicisme ? Je me doute que non et je me suis donc renseigné.
La mort n’est pas une fin en sois mais le début d’autre chose dans le bouddhisme. Pour le shintoïsme ? Aucune idée. Il faut savoir qu’au japon, la pratique de la religion est assez « libre ». Rien ne vous empêche d’être shintoïste et bouddhiste, de vous marier dans une église catholique et d’avoir un enterrement bouddhiste.

La crémation est obligatoire ici, par décret. Il y a plusieurs raison à cela. Pratique d’abord car la place manque dans le pays mais aussi religieuse. Il est inconcevable d’infliger la honte et la souillure d’une putréfaction à un corps. Seul les condamnés à mort étaient autrefois enterré sans crémation.

Si il y a bien un domaine ou la tradition religieuse est appliqué à la lettre, c’est lors d’un décès. Je ne vais pas vous décrire tout le procédé et tous les rites mais voici l’essentiel. C’est le fils ainé qui est en charge de l’organisation des obsèques. Il prend contact avec un temple pour préparer les rites et choisir la date.

Le premier rite est la veillée funéraires, soit au temple soit au domicile du défunt. Elle se déroule en général le lendemain du décès et est l’occasion pour les proches de lui rendre hommage. C’est aussi l’occasion de participer aux frais faramineux des obsèques en donnant une enveloppe grise et noir avec un peu d’argent. Un enterrement coute entre 15 000 et 30 000 euros. En france, c’est 4 000 euros en moyenne. Après la veillée, chaque personne s’asperge de sel pour chasser le malheur avant de retourner chez sois.

Le second rite est la crémation. En me renseignant, mon esprit occidental a trouvé ça plutôt glauque. Mais ce n’est pas ma culture donc c’est normal. La famille proche du défunt est invitée à assister à ce rite, même les enfants. Il déposent souvent des objets personnel dans le cercueil et lui dise au revoir une dernière fois. Après la crémation, les os et les cendres sont déposés dans une urne. Les os sont récupéré avec des baguettes, en commençant par ceux des pieds, des jambes et ainsi de suite jusqu’au crâne. On procède ainsi afin que le défunt ne se retrouve pas tête en bas dans l’urne. Cette urne est gardé pendant 49 jours au domicile de la famille, dans un autel prévu à cet effet. Un moine bouddhiste viendra les 3e, 7e, 21e et 49e jours afin de prier et guider l’âme.

Le dernier rite est l’enterrement. L’urne est amenée au caveau familial pour y être déposée soit avec la famille (père, mère, etc) soit avec l’époux ou l’épouse. Le caveau est en fait une petite tombe surplombé d’une pierre, avec un bac pour y déposé de l’eau et des fleurs. Sur le coté de la pierre est gravé le nom de la personne ayant fait l’acquisition du caveau, ce qui peut remonter à longtemps dans le cas de vieux caveaux. Les noms des personnes reposant dedans étaient à l’origine gravés sur le devant de la pierre mais il est aujourd’hui plus répandu d’écrire le nom sur un Sotoba, une pièce de bois placé devant la pierre.

Tout peut paraitre bien triste mais lorsque je suis retourné à ce grand cimetière, avant d’y rentrer, j’ai observé les gens. Ils n’étaient pas triste et au contraire, étaient pour la plupart souriants. Ils venaient avec de la nourriture et des boissons (en offrande mais pour eux aussi), un sceaux d’eau pour laver le caveau, de l’encens et passaient un agréable moment à se prendre en photo et se recueillir. C’est pas la fête mais c’est pas triste en tout cas.

J’y suis donc rentré, en respectant l’intimité de chacun et en limitant mes clichés aux endroits vide. Je vous laisse regardé cet endroit, qui est au final assez représentatif du japon : chargé mais bien organisé, sobre et emprunt de rites ancestraux.

Je profite de ce post pour vous montrer un autre cimetière que j’ai trouvé tout à fait par hasard et
qui est très différent du précédent. Il se situe à l’arrière d’un temple, lui-même derrière un temple actuellement en rénovation. Autant vous dire que l’endroit était presque désert. Mais sa particularité, c’est que vu du temple, on ne se doute pas de ce qu’on va trouver. Une porte, un escalier qui mène à la forêt… j’y fonce bien sur.

Et la, c’est juste une ambiance de fou que je découvre. Le cimetière grimpe dans la colline, au milieu de la foret et au vu de l’état général du lieu, peu de gens y viennent. Pourtant il y a des branches d’arbuste sur presque toutes les tombe et parfois une canette en offrande. Sont-ce les moines qui viennent ? Je ne sais pas mais certains caveaux semblent vraiment abandonné et très vieux.

Il règne ici un silence… de mort. Je me crois presque au milieu d’une jungle après la découverte d’un temple perdu. J’adore ! Mais attention, respect, toussa toussa quand même. Il y a des gens mort dans ce lieu.

Désolé si cet article vous a paru un peu triste mais savoir comment la fin de la vie est traitée, ça fait aussi partie de la culture d’un pays et j’ai appris plein de chose en le rédigeant. J’espère que vous aussi.

4 Réponses

  1. Le cimetière perdu dans la forêt. Trop classe 😮
    Au moins les morts sont tranquilles là. Ils peuvent faire la fête sans être déranger.

    Je l’avais déjà dis quand j’étais là bas. Mais sur ma tombe je veux moi aussi une putain de grosse planche en bois à la verticale de 2 mètres avec mon nom dessus. Ca c’est la classe ^^
    Tiens d’ailleurs, sur tes photos on en voit aucune tombe comme ça.

    Sinon sur le fait que tu dis que les gens ne sont pas triste. Je pense pas que ce soit « japonais ». En France c’est aussi comme ça. Pendant mes vacances depuis petit, je vais au cimetière pour nettoyer la tombe des grands parents avec ma mère, ma sœur ou autre. Ca se fait dans la bonne humeur. (

    • je sais pas je fou pas trop les pieds dans les cimetières normalement. mais j’ai pas vu de tombe comme tu décris.

  2. c’est pas mal de voir la diff entre les pays . Quand on y reflechit bien , leur tradition de cremation n’est pas si mal , point de vue honneur pour le mort.

  3. Je ne trouve vraiment pas ton article triste, d’un part parce que la mort fait partie de la vie, et d’autre part et surtout parce que tes photos sont très apaisantes à mon sens.
    Merci !

Laissez un commentaire à yulia Annuler la réponse.