Yokaï

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Yokaï… Yokaï… ça vous dit quelque chose, vous l’avez déjà entendu quelque part mais putain, vous savez pas où. Pourtant c’est pas loin, juste à la limite de vos souvenirs, assez près pour vous faire croire que ça reviendra mais trop loin pour que la lumière ce fasse sur cet étrange petit mot.

Etrange oui, car c’est d’étrange et de bizarre qu’on va parler aujourd’hui !

Vous n’êtes pas sans savoir qu’en tout temps, en tout lieu et pour toutes les cultures, le surnaturel a été présent. Pour expliquer ce que la science ne pouvait pas expliquer, pour effrayer les esprits faibles ou pour contrôler les masses. Je ne vais pas me faire d’amis mais quand la religion nous menace d’aller en enfer, c’est aussi bien pour nous empêcher de faire des conneries que pour nous prendre un peu de tune à la messe.

En Europe, vous connaissez surement les plus célèbres. Non, pas de dracula ou de Frankenstein, ça ce sont des créatures littéraires. Je parle ici de créatures plus « locale ». La Banshee ou dame blanche sensé prévenir les gens d’un danger imminent, le farfadet espiègle qui aide dans les fermes mais demeure le plus souvent invisible (on le confond souvent avec le lutin), le meneur de loup qui… mène des loups et a des don de métamorphose comme les loups-garou et je vous passe les détails de toutes les autres créatures imaginaires dont le monde occidental regorge (elfe, leprechaun, Kraken, bête du Gévaudan, etc). Il est plus facile d’avoir peur de quelque chose d’incroyable que de n’avoir rien sur quoi mettre sa peur, aussi tiré par les cheveux que ce fut.

Au japon et sans doute ailleurs en Asie, on regroupe ces créatures imaginaires (bonnes ou mauvaises) sous le nom de Yokaï, littéralement « monstre bizarre ». Monstre et non esprits, même si certains esprits sont rangés chez les yokaï. C’est le japon, on se complique la vie même pour un folklore pas si imaginaire que ça a une époque. On a trouvé les premières traces écrites parlant de Yokaï dans un recueil de légendes du 11e siècle. Auparavant, ces histoires étaient le plus souvent des récits oraux transmis de génération en génération, comme avertissement ou comme mise en garde. Pas besoin de voir pour croire quelque chose que le grand-père de votre grand-père aurait vu par exemple. Si on se met à douter des histoires de famille maintenant, où va le monde !

C’est bien plus tard, pendant l’air Edo que les artistes peintres ont donné des visages à ces créatures intangibles et folkloriques. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils avaient de l’imagination les bougres pour nous pondre des bestioles aussi tordues !

La modernisation du japon entamée au 19e siècle a tué ces croyances, les reléguant à l’état de légendes et d’histoires d’un autre temps. Ce qu’elles avaient toujours été finalement, sauf que maintenant, on y croit plus. Mais ce petit monde de l’étrange et de l’absurde renaîtra de ses cendres en 1959 grâce au mangaka Mizuki Shigeru et son œuvre « Ge ge ge no kitaro » (Kitaro le repoussant), un manga centré sur Kitaro, un yokaï jugé repoussant à cause de son orbite gauche sans oeil. Un manga qui eut du succès et relança l’utilisation de ce folklore dans la culture populaire (film, livres, etc). Voila pour la partie chiante.

Mais sinon, un yokaï c’est quoi en vrai ? Ce sont des monstres autant que des esprits lié à des éléments, des environnements. Certains yokaï sont associés aux rivières, aux montagnes, aux forêt etc. Dans les temps anciens, ils étaient globalement méchants, farceur dans le meilleur des cas, mortel dans le pire. J’en parle comme si ils avaient vraiment existé mais à certaines époques, la croyance en ces créatures étaient très forte, au point de se demander si vraiment elles n’étaient que des légendes.

Si vous aimez un peu la culture japonaise, la moderne, celle des mangas par exemple, vous connaissez forcément quelques yokaï. Le plus évident est bien entendu Kyubi, le renard à neuf queue de naruto. Kyubi est avant tout un kitsune, un renard polymorphe doté de pouvoirs magiques. Tous les cents ans une nouvelle queue lui pousse le rendant plus puissant, jusqu’à sa forme ultime de renard à 9 queues.

by *DEIVISCC

Les kitsunes sont le plus souvent imaginés comme des personnalités féminines, l’image de la femme renard revenant assez souvent. Je ne doute pas que ça ne soit rien d’autre que le fruit d’un régime patriarcal fort du temps de ces légendes, qui devait aimer féminiser ce qui pouvait l’être.

Si vous voyez un renard avec plusieurs queues, arrêtez de penser « Naruto » et pensez Yokaï/kitsune. Naruto a vulgarisé ce monstre mais avant lui, il y avait déjà Kurama de Yu Yu hakusho comme renard !

Vous connaissez aussi sans doute les Kappa, ces tortues humanoïdes avec un bec, amatrice de poisson frais et qui ont une coupole dégarni sur le haut du crâne. On dit d’eux qu’ils attirent les hommes dans l’eau pour les noyer mais en vrai, ils sont plus farceur que tueur. C’est plus sympa de regarder sous les jupes des filles dans les villages après tout. Le film d’animation « Un été avec Coo » nous dépeint par exemple le Kappa comme une créature gentille, incomprise des hommes qui l’exterminent à cause de la peur et de l’incompréhension.

Dans un autre genre, il y a le Tanuki, sorte de gros raton laveur polymorphe, faisant de lui un maître du déguisement. Il symbolise la chance et la prospérité comme le prouve son gros ventre ou ses énormes couilles. Il est souvent représenté avec une gourde de saké et un chapeau de paille. Le film des studio Ghibli « Pompoko » en parle très bien !

Mais il y en a aussi un paquet totalement inconnus du grand public occidental. Certains sont simples et facilement identifiables alors que d’autres doivent être le fruit d’une enfance difficile de la part des peintres. On va essayé de vous faire une culture G digne de ce nom en en sélectionnant quelques-un.

Byakko le tigre blanc, symbole de pureté et de loyauté, anthropomorphe et pas toujours sympa. Comme tous les autres yokaï, tout dépend des contes et des époques.

by ~Vyrilien

Kawaakago, un yokaï qui prend la forme d’un enfant noyé dont les cris attirent les malchanceux au bord de l’eau.

Bakeneko, un esprit chat qui hante son foyer en balançant des boules de feu, dressé sur ses pattes arrières. Quand on vous dit que les chats sont des connards…

Oni, sorte d’ogre avec une ou deux cornes sur la tête, la peau de couleur rouge ou bleu et maniant un gourdin.

Raijin et fujin, respectueusement Yokaï de la foudre et yokaï du vent. Mais eux, un coup ce sont des dieux, un coup ce sont des Yokaï… compliqué ces japonais…

Ubume, yokaï d’une femme ayant perdu son enfant en couche et qui cherche à entrer en contact avec son défunt bébé. Ne laissez pas le votre sans surveillance…

Shikigami, des oni de la taille d’enfant, invisible et capable de contrôler les gens.

Rokurokubi, yokaï humanoïde le jour mais qui a le cou qui s’allonge la nuit. Il ou elle boit l’huile des lampe, fait peur aux gens ou les dévore dans leur sommeil. Certains pensent être humains et ne se rendent pas compte de leur agissements nocturne.

Ningyo, équivalent moche des sirène occidental, avec une queue de poisson, un buste humain, une bouche de singe et des dents de poissons. Son chant est mélodieux et en attraper une entraine une tempête si vous ne la relachez pas.

Hone-onna, yokaï à l’apparence féminine qui donne son corps aux hommes pour leur aspirer leur force vitale.

Je m’arrête là car il y en a vraiment beaucoup. Vous avez sans doute compris l’idée, derrière chaque yokaï se cache une explication possible pour un phénomène étrange ou une mise en garde. L’huile des lampe a disparu ? C’est un Rokurokubi ! Ne va pas voir les prostitués sinon tu tomberas sur une Hone-onna ! Ne vous approchez pas de l’eau quand vous entendez des pleurs d’enfant, c’est que vous êtes bourré et que vous allez vous noyer ! C’est pas moi qui ai foutu le feu à la maison, c’est le chat qui a balancé des boules de feu (plus classe que le classique « mon chien a mangé mes devoirs »).

Ca n’en reste pas moins des histoires sympa à lire aujourd’hui, des personnages intéressant à découvrir dans de nombreuses productions ou bien des monstres toujours plus effrayant, quand ils sont placés entre les mains de réalisateurs talentueux !

Tout ça pour dire que les yokaï font parti de la culture japonaise, de son histoire populaire. Je vous conseille de regarder des films comme « Pompoko », « Princesse mononoke », Le voyage de Chihiro » ou « un été avec Coo » pour voir faire une idée de la diversité de ces créatures, bonnes ou mauvaises, mais forcément intéressantes à découvrir ! Les joueurs peuvent s’essayer à « Muramasa the demon blade », à la série des Onimusha ou bien au fantastique « Okami » ! Autant de visions différentes d’un même folklore !

 

9 Réponses

  1. Tiens j’ai toujours cru que Oni était le terme générique pour désigner les « monstres ». Je ne savais pas que c’était un monstre en particulier.

    • Tu connais les subtilités de la langue japonaise. Oni veut plus dire démon logiquement et le yokai « oni » ressemblant facilement aux démons tel que les occidentaux les imaginent, c’est devenu un raccourcis facile pour parler des démons en général.

  2. Trés instructif comme d’habitude…
    d’ailleurs pour Raijin et fujin, si je ne me trompe pas, ils ont leur statue au Kaminarimon, a Asakusa !

    • C’est fort possible oui. Il sont aussi représenté au sanjusangendo à kyoto et dans pas mal d’autres endroits. Ils sont plutôt connus mais pas toujours comme des yokai.

  3. Sanizette

    Moi yokai, ça me fait penser à yôkan. Encore et toujours de la bouffe… Et tu veux surement changer ton « princresse mononoke ». Merci de parler de qqch d’intéressant, enfin !

  4. battaglia

    Trés intérésent merci beaucoups !! dommage qu’il n’y as pas plus de yokai :) si vous connaiser un site qui en parle j’aimerais le connaitre ! ses un Trés trés bonne articles !!

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