Fushimi inari

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Ah ah ah tu fais moins ton malin la hein ? Tu la fermes ta gueule ! C’est qui le plus fort maintenant ? c’est qui ? C’est MOI ! Appelle moi papa, petit fushimi inari ! Pardon, mais il fallait que ça sorte ! Deux fois j’ai du avoué ma faiblesse face à lui. Deux fois il m’a jetté au visage sa supériorité ! Alors quand enfin j’ai l’ascendant, je ne cache pas ma joie.

Vous ne comprenez rien ? Si vous n’y mettez pas du votre aussi. Je vais être obligé de tout reprendre depuis le début alors. Vous voyez ce que c’est un torii ? Ces portes rouges à l’entrée des temples. Mais si, ça :

Et bien il existe un temple à kyoto où sont alignés des milliers de torii. Si si, des milliers ! Il  y en a tellement qu’on dirait que l’on marche dans un tunnel. Ce temple, c’est le Fushimi inari et je l’ai vu la première fois en 2008. Plus qu’un temple, c’est presque un sanctuaire. Le chemin où se trouve les torii serpente la montagne, au milieu de la forêt. Seulement voilà, ce chemin à la particularité de vous lancer un défi. Allez vous faire la grande boucle de quelques kilomètres ou faire le petit bras et partir par le chemin de la honte ? En 2008, c’était le chemin de la honte. Je sais plus pourquoi d’ailleurs. Sans doute une excuse bidon du genre « il fait 40°c et 90% d’humidité ».

J’y suis retourné l’année dernière avec des amis pendant un après midi (oui, je JR pass permet ce genre de folie, faire l’allé-retour tokyo/kyoto dans la journée) et faute de temps, nous avions pris le chemin de la honte. Là on avait l’excuse de prendre le dernier train pour rentrer.

Cette année, j’avais décidé de montrer à ce temple de mes deux qui était le patron. Et pour vraiment prouver que je suis pas une lopette, je vais jusqu’au temple à pied ! 3 km de marche, juste ce qu’il me faut pour m’échauffer. Le chemin longe la rivière et ö surprise, le hasard me fait passer sur LE pont. Celui que j’avais fait traversé deux fois à notre troupe l’année passé, parce que j’ai un sens de l’orientation pourri.

J’arrive au temple, même pas fatigué et fin prêt à en découdre. Il y a un peu de monde mais la plupart sont adeptes du chemin honteux. En avant pour la marche dans le couloir de torii.

Avouez que c’est quand même sacrément impressionnant. Chaque torii est offert par un donateur, particulier ou professionnel, dans tous les cas plutot fortuné. Car ça coute cher comme déco. Ca, je pense que ce sont les prix.

A ce tarif, vous avez le droit de mettre votre nom dessus. Et oui, vous serez étonné si au milieu du chemin, vous vous retournez. Adieu le rouge uniforme et bonjour le noir profond !

Nan mais j’aime bien cet endroit. Il a un charme tout particulier qu’on ne retrouve nul par ailleurs. La nature, le calme, les torii, l’effort… c’est un coup de coeur. Le début de la balade est assez simple et rapide, ca ne grimpe presque pas mais déjà, les visiteurs se font plus rare. A croire que seul les photographes sont courageux.

Je suis enfin devant le panneau du défi (c’est pas vraiment celui de la photo mais l’idée est la).

Je vais faire la grande boucle. Je vais faire la grande boucle. Je vais faire la grande boucle avec en plus la petite bifurcations à gauche ! Keskiya !!! Ma revanche sur la vie ! Allez je suis parti. Direct, ça grimpe très fort avec des marches, encore des marche et toujours des marches. Si vous n’aimez pas les escaliers, vous serez servi !

J’arrive enfin au départ de la boucle. La, c’est le choix d’une vie qui se joue. Faire la balade de gauche à droite ou de droite à gauche. Je prend la réponse C. Je fais le chemin par le cimetière ou personne ne va parce que c’est un cimetière ! Les cimetières au japon sont classes alors j’y fais mon tour et, au lieu de revenir sur mes pas pour retomber dans un choix binaire, je traverse les stèles pour me retrouver face à un très beau panorama. Une vue de dégagée de kyoto. Tant pis pour les touristes, ils ne savent pas ce qu’ils ratent.

En continuant, j’arrive sur un sentier nullement indiqué sur la carte ! Un mystère mystérieux n’est-ce pas ? Vous ne pensez pas si bien dire car la, j’étais tout seul, paumé dans la forêt sur un sentier que PER-SONNE ne prend. Cette parenthèse sauvage, je l’ai filmé pour que ça soit plus parlant.

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Je trouve que je suis de plus en plus beau à l’image… Donc, j’ai fait ce chemin qui au début est bien délimité avec des torii, mais après avoir passé un premier petit cimetière (que je n’ai pas filmé), le chemin n’est plus cimenté.

On est vraiment dans la foret et je sais à ce moment là que je suis pas sur le bon chemin. Mais c’est pas grave, je fais pas demi-tour, je continue comme si de rien n’était. Qui vivra verra. De toute façon, qu’est ce qui peut m’arriver ? Les ours hibernent à cette époque alors je crains rien. Au bout d’un moment, à force d’avancer dans la vallée, je me dis qu’un chemin qui remonte vers le sommet et le vrai sentier, ca serait pas mal. Même si j’ai un sens de l’orientation passablement foireux, je sais que la bonne direction, c’est celle qui monte, de préférence vers où je viens. Et ça tombe bien car je trouve mon bonheur.

Me revoila en train de grimper. J’aime ça les côtes… Mais arrive un moment ou je tombe sur la « cabane » que vous avez vu dans la vidéo. Le chemin que je prenais passais à coté de cette cabane mais… j’ai bien vu qu’un autre le traversais. Je suis seul, au milieu de la forêt, une cabane paumé est la… allez, on va voir ce qu’il y a ! Ca va, je suis au japon, je crains rien. D’ailleurs, y’avais personne au final. C’était un peu glauque comme endroit par contre. Sans raison particulière hein, c’est juste que si j’avais trouver des cadavres de castor éventrés pendu à fil, ça m’aurait pas étonné quoi.

J’ai donc quitté cet endroit, toujours en remontant et à force de remonter, j’ai retrouvé le vrai sentier de 2km que tout le monde prend. Moi, je suis pas une lopette, je vais plus loin que les touristes.

Sérieux, ils peuvent pas faire des montagne plates ? Ca grimpe encore et les seules pauses que l’on peut avoir se font dans les cimetières. C’est jolie par contre. Il y a toujours une petite cascade, des statues de renard, de l’encens… Le renard est le symbole du temple en même temps, logique qu’il soit partout. D’ailleurs, il tient souvent dans sa gueule, soit une clé, symbole des grenier à riz, soit une sphère, qui symbolise les vœux.

Je suis déçu de ce que je trouve au sommet. Un nouveau cimetière, sans aucune vue dégagée. C’est en plus tout petit et sans grand intérêt. Heureusement que le cadre dans son ensemble est jolie car si vous espérez de l’exceptionnel, c’est raté. Le bon coté des choses, c’est que maintenant que je suis au sommet, je ne vais plus monter. Remarque, la descente est aussi épuisante. On a envie de se laisser tomber dans les escaliers, rouler dans la terre entre les arbres, afin de soulager ses jambes toutes contractées.

Mon retour au pied du temple se fait dans la clameur et les applaudissements. Les gens me félicitent, me photographient.
– « C’est vous qui avez affrontez le sentier perdu du bois maudit ? » me demande un enfant, le regard larmoyant de bonheur.
– « oui, lui dis-je, et c’était facile en plus ! Si tu t’entraines dur, toi aussi tu pourras un jour affronter ce silence de mort et cette non vie absolue ».
Un enfant heureux de plus… Les adultes ne sont pas avares en compliment non plus.
– « bravo, c’est magnifique ce que vous avez fait » me dit un homme dans la force de l’âge. Sa compagne me sourit timidement, trop impressionnée pour oser croiser mon regard. Ce n’est pas le cas de cette autre jeune fille qui me jette sa culotte et ses chaussettes.
– « Prend moiiii !!! prend-moi !!!! hurle-t-elle pour couvrir le brouhaha de cette foule de plus en plus importante.
Heureusement, un papy, plié en deux par le poids de ses longues années, me sauve de cet embarras. Elle était moche mais mon statue de gentleman m’interdisait la franchise qu’elle méritait d’entendre.
– « Ce que vous avez accompli aujourd’hui nous redonne à tous l’espoir que nous avions perdu au fil du temps. Si mon corps ne me trahissait pas un peu plus chaque jour, j’aurais sans doute tenter cet exploit impossible qui est désormais votre. Par contre, laissez moi vous mettre en garde mon jeune ami. Approchez. »
Je m’approche alors de lui pour entendre ce conseil qu’il ne souhaite divulguer qu’à moi.
– « Arrête de rêver petit con, tout ça, c’est dans ta tête ».

Ouais, j’avoue, ça s’est pas passé comme ça. Ne soyez pas déçu, je sais que vous pensiez que je décrivais la stricte vérité. Mais j »étais quand même fier d’avoir fait ce chemin isolé, d’avoir trouvé et vu des coins que les autres ne verront pas. C’était fun, sans doute plus que tout le reste de la ballade d’ailleurs. C’est toujours mon coté aventure de bac à sable qui veut ça.

Après cette longue balade (je dois pas être loin des 7-8 km avec le trajet allé), il faut encore rentrer à pied. Mais j’ai pas envie de rentrer alors vous verrez demain ce que je suis allé voir.

 

 

12 Réponses

  1. Le pont !!!!
    Tu l’as traversé deux fois ?

    Je vois qu’au fur et à mesure que tu t’enfonces dans les sentiers perdus, tu te perds peu à peu dans la folie.
    C’est qu’une question de temps avant que tu commences à bien t’entendre avec ta voisine :normal:

    Et sinon.
    AHAHAH Il a pas de neige à Kyoto.

    • je l’ai fait qu’une fois, je voulais pas raviver les souvenirs. Ma voisine ne gueule plus. En tout cas, je l’entend plus. Et la neige arrive… j’en suis sur.

  2. Aplause ! bel exploit que tu as fait là !! héhéh impressionnant j’imagine ce silence, ces tunels qui n’en finissent plus ! cet endroit insolite me plait bien ! sympa ta vidéo bon t’es mieux avec tes cheuveux ! héhh bise

  3. ça en fait de la marche ! Tu as accompli seul un défi colossal. Digne d’un Bill Grills.

  4. Bear Grylls pardon

    • Ouais, j’aime ça la marche en fait. Faut juste pas être pressé. Et puis dans la nature, c’est toujours plus fun. Pas facile en région parisienne de trouver des endroit complêtement isolé comme ça.

  5. pa mal ta petite balade . On s’attend a ce que tu prenne un coup sur la geule ou autre chose du genre dans la video , par contre le plus fendard , tu te coupe les cheveux et t’as le bouc qui pousse hahahahaha

  6. bientôt tu vas devenir amis avec le propriétaire de la cabane au fond des bois :-)

  7. Moi aussi je n’avais fait que la petite boucle à l’époque. Ouais, je ne savais pas qu’il y avait une grande boucle!

    ça va, je suis crédible ?

  8. AAAAAAAh ZE PONT !

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