Comme un air d’improvisation

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Peut-on parler d’improvisation quand on ne planifie rien, avant de planifier finalement quelque chose pour au final ne pas suivre son programme ? L’improvisation est-elle une une absence de contrainte ou une forme d’irresponsabilité ? Peut-on improviser pour tout et tout le temps ou faut-il un cadre aux choses ? Est-ce que poser des questions dont je n’aurai pas de réponse est pertinent ou est-ce un subtil stratagème pour introduire un article passionnant sur l’art de ne pas faire ce qu’on prévoit ?

Vous avez 4h.

C’est le temps que je vais sans doute mettre à écrire ce texte, si je ne veux pas qu’il soit aussi déstructuré que mes deux dernières journées ! Vendredi, j’ai des cadeaux à acheter pour un petit noel entre français + japonais parlant français. Le but du jeu : un cadeau à 1 000 yens max qui sera donné au hasard à une personne de la soirée ! C’est facile vu qu’il y a plein de conneries à moins de 1 000 yens, peu importe la boutique ou le quartier. Mais c’est pas facile car ça doit correspondre à un homme aussi bien qu’à une femme et que si ça peut faire plaisir, c’est quand même mieux. Du coup, je vais à… Akihabara.

Quelles sont les chances pour que l’assistance soit composée d’otaku/gamer ? Presque aucune. L’intérêt d’aller dans LE quartier Otaku/gamer si ce n’est se mettre des difficultés supplémentaires ? En profiter pour voir les boutiques que j’aime bien et en plus, être un peu original dans le choix des cadeaux. Je sais où aller pour ça en plus, ça aide d’avoir un background dans ce quartier.
C’est marrant comme une prise de conscience peut changer la manière de voir les choses et de consommer. Pendant un an que j’étais dans le pays, je faisais un peu attention à mes finances et je me restraignais sur les achats de conneries, mais maintenant que je sais ce séjour être le dernier avant longtemps, j’ai des pulsions dépensières en goodies et autres conneries ! C’est le mal pourtant mais en avoir conscience ne change rien.

Mais je suis fort devant la tentation. Et je ne parle pas des maids ou du « Backstage » tout proche ! Je me concentre sur les cadeaux et je trouve pile ce que je voulais. Seasher arrive samedi et participe à cette soirée de Noël donc je lui prends son cadeau, histoire de l’alléger un peu en chose à faire le jour de son arrivée.
Une fois que je me suis bien frustré dans les boutiques de jeux vidéo, les Book Off et autres boutiques de figurines (ma check list est faite pour savoir quoi ramener), je file direction Ueno et sa boutique de vente de billet. Cette journée est freestyle et j’improvise selon les pulsions, les envies et les frustrations. Toujours pas de place pour le concert de miwa, sauf une pour le 24 décembre. Quand je vais voir Perfume. Pour la peine, je prends une place pour Perfume le 25 décembre. 2 jours pour deux concerts au Tokyo dôme, si ça c’est pas de la frustration refoulée !

Il fait nuit, j’ai claqué de la tune, trouvé les cadeaux et il ne pleut plus. Que puis-je bien faire en cette période de fête près d’un parc que j’affectionne ? Allez voir les loupiottes qui brillent bien sûr ! Ca serait bien que le parc soit illuminé et de loin, j’y crois. Naif que je suis ! Il n’y a qu’un pauvre sapin à l’entrée du parc pour redorer le blason du quartier et soutenir l’esprit de noel. Ok, il est beau, mais il est tout seul !

Dans le reste du parc et l’allée principale, il y a quand même de petites lanternes décorées, du plus belle effet. Ca instaure une ambiance d’un autre temps mais ça ne suffit pas à nous transporter réellement. C’est très beau mais il en faudrait plus, ou bien il faudrait des lumières dans les arbres. Ueno ne sera pas le fleuron des parcs de Noël et c’est bien dommage.

De Ueno, je vais à Ikebukuro, parce que j’ai aucune raison d’y aller et qu’à partir de là, il m’était devenu impensable de ne pas y aller. Psychologie inversé en quelque sorte. J’aime bien le centre commercial de la tour Sunshine 60. Juste pour l’ambiance et sa boutique Ghibli. J’avais même oublié la place centrale avec sa fontaine et… sa foule ? Généralement, quand il y a de la foule, il y a un concert. Normal que j’entende de la musique alors. C’est moins normal que ça soit de la musique symphonique par contre.
Sur scène, je découvre ça !

Des robes et un orchestre féminin ! C’est aussi original et plaisant que surprenant et inattendu. Voilà pourquoi j’aime ce pays. On tombe toujours sur quelque chose dans ce genre là. La surprise qui transforme une journée presque banale en quelque chose de plus « sucré », de plus doux et de plus marquant ! Cette fois, c’est pas non plus extraordinaire mais c’est quand même un petit plus sympa pour finir cette journée sommes toute très classique. La cerise sur le gâteau, c’est ce groupe de mannequins ou d’idols qui arrive dans le public une fois la représentation de l’orchestre fini, pour une petite séance photo. C’est rien mais c’est cool aussi.

Samedi, je ne fais rien au hasard sachant que je veux voir une expo et un musée ! Stop à l’improvisation qui peut mener nul part et place à l’efficacité d’un planning bien ficelé ! On est toujours plus serein quand on se repose sur quelque chose de carré ! Mais avant de faire ces visites, vu qu’il fait beau (enfin), je vais à Harajuku pour voir la boutique de vente de billets (pas de miwa bien sûr) et chercher des chaussures (trouvées mais pas achetées. Vous vous en foutez peut-être…).
Ah oui merde, je dois trouver des sacs pour mettre les cadeaux, à défaut d’avoir du papier cadeau. Il y a une boutique pour ça dans le coin et en 10 minute, j’ai ce qu’il faut pour emballer. Enfin, emballer les cadeaux hein… vous aviez compris ? Nan mais j’ai rien dit alors.

Il fait beau, c’est samedi, j’ai des cadeaux à emballer, autant aller au parc yoyogi le faire, ça sera rapide et j’enchainerai avec l’expo et le musée. J’ai jusqu’à 19h avant la soirée de noel. A l’entrée du parc, un duo de comiques attire pas mal de monde. Le monde attire le monde et la curiosité me pousse à jeter un oeil. Chose très surprenante, ce duo est drôle. Pourquoi surprenante ? Parce que chaque pays et chaque culture à son propre humour et qu’il est parfois difficile de le comprendre ou d’être conquis. L’humour japonais, quand il est simplement oral, c’est compliqué. Mais quand c’est du comique de situation, c’est tout de suite plus « universel » ! Pile ce qu’ils font quoi. Du coup, je suis resté jusqu’à la fin.

Il fait vraiment beau aujourd’hui…  Je continue ma balade du parc jusqu’au jet d’eau et son ponton en bois, pile là où une jeune femme chante en jouant de la guitare. Ses ami(es)s distribuent des tracts et viennent me parler. D’ou je viens, ce que je fais au japon, blablabla… ils veulent que je vienne les voir le lendemain dans une église. Oui, oui dit-il en pensant « non non ». Faux cul !

Et à un moment, une femme me demande si j’ai eu le tract, d’ou je viens (encore !!!) et bim, comme par hasard, l’une d’entre elles (toujours les amies de la chanteuse) parle français et vient taper la discut’. Au final, bien que je lui ai dit que je croyais pas en dieu et que la religion, je m’en tamponne, elle me propose de venir me chercher à la gare la plus proche de leur église pour voir le concert de dimanche. Bon bah ok, je viendrai. En plus la chanteuse a fini sa prestation et vient me parler aussi, c’est trop la fête !

Qu’est-ce qu’il fait beau aujourd’hui ! C’est très agréable ! Oh mais on dirait des bulles géantes la-bas au milieu de la pelouse. Et oui, un monsieur a mis a disposition des badots, des bacs d’eau savonneuse et tout son matériel pour faire des bulles de toutes tailles. Les mômes comme les grands s’amusent et moi, je m’amuse à les photographier. La vie est parfois faite de petits bonheurs simples comme ça !

Bon, je fais mes paquets et je me casse. mais il est genre déjà tard et je vais pas pouvoir faire l’expo et le musée. Il faisait vraiment très beau, vous êtes drôle vous aussi ! Du coup, je traine dans les magasins de shibuya avant d’aller à la soirée de noël, retrouver seasher et tous les autres invités.

Je ne détaillerai malheureusement (pour vous) pas cette excellente soirée car, se déroulant chez une amie, avec plein d’amies et que je n’ai pas demandé leur autorisation d’en parler/poster des photos, ca serait leur manquer de respect. Je pense aussi que cela fait parti de ma sphère privée, contrairement à des soirées que je pourrais faire au resto/karaoké/izakaya. Cherchez pas, c’est mental. Pourquoi je vous dis que j’ai fait une soirée alors ? Pour vous informer que ce genre de chose existe au japon. Oui, on peut se faire inviter chez des japonaises qu’on a vu que quelque fois, pour rencontrer plein de gens très sympas et rentrer avec le dernier métro. C’est encore plus facile quand tous ces japonais(es) parlent français. C’est trop facile de vivre dans ce pays en fait…

Donc, qu’avez-vous retenu de ces deux jours ? L’improvisation est-elle plus bénéfique que l’organisation ? La surprise de la découverte inopinée surpasse-t-elle la surprise de la découverte planifiée ? Peut-on être surpris de tout et content de rien ? Est-il normal d’être heureux des petites choses de la vie quand les grandes choses restent à écrire ?

Vous avez 4h.

 

8 Réponses

  1. Tu sais que je commence à te haïr grave la? Nan parce que la j’ai encore plus envie de faire le stage de 2 mois à Tokyo que j’ai repéré à la bibliothèque de la Maison Franco-japonaise, je suis en DU bibliothèque et si je peux faire ce stage ce serait juste awesome. Et toi la tu me vends du rêve avec la vie tokyoïte tranquille et tout la. Je te hais.

    • C’est tout le mal que je te souhaite, sincèrement ! J’ai beau dire que vivre au Japon n’est pas mon but, y’a quand même pas mal de choses qui s’accumulent pour me motiver a me bouger le cul dans ce sens. Mais je sais que le monde du travail japonais brise bien des illusions donc, il faut savoir raison garder.
      ps : si tu savais 1/10eme de ce que je raconte pas, tu voudrais plus que me haïr.

      • Bah disons que si mon stage abouti à un emploi la-bas je dis pas non mais je pense pas que ca arrivera, de même qu’avoir ce stage risque d’être compliqué et que j’aurais besoin d’aides financières de ma fac ou d’autres organisme pour la vie sur place (logement, bouffe, etc), c’est un stage non gratifié et j’ai pas vraiment envie (ni les moyens) de tout débourser de ma poche ^^ D’ailleurs t’as un site ou je peux trouver des logements pas trop cher? J’hésite entre maison partagée et appart, vu que du mardi au samedi je bosserais je sais pas si l’appart serait rentable vu le temps que je risque de passer dedans.

  2. Sanizette

    C’est bien pr la sphère privée, y’a du progrès ! Par contre, la prochaine fois tu t’en vanteras pas. On est sur la bonne voie, mon sponsor va ptetre finir par porter ses fruits !

    • Je m’en vante pas, j’informe -_-
      tu veux toujours pas me sponsoriser financièrement plutôt ?

      • Sanizette

        Aux vues de mes comptes bancaires, je pense pvr sponsoriser 10 fois mieux autrement que financièrement. Et puis le sponsor financier, c’est quand même beaucoup moins drôle.

  3. « Peut-on parler d’improvisation quand on ne planifie rien, avant de planifier finalement quelque chose pour au final ne pas suivre son programme ? »
    Oui.

    « L’improvisation est-elle une une absence de contrainte ou une forme d’irresponsabilité ? »
    Non, c’est juste différent d’un truc planifié, ça peut être plus contraignant d’ailleurs.

    « Peut-on improviser pour tout et tout le temps ou faut-il un cadre aux choses ? »
    Ca dépend des gens.

    « Est-ce que poser des questions dont je n’aurai pas de réponse est pertinent ou est-ce un subtil stratagème pour introduire un article passionnant sur l’art de ne pas faire ce qu’on prévoit ? »
    Non c’est juste enc**** les mouches.

    « Vous avez 4h. »
    P’tite bite.

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