Okinawaventure

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Il était écrit que cette journée serait merdique et quand ce genre de choses est écrit, on peut rarement aller contre cette volonté suprême. Ça peut bien être écrit sur du papier chiotte que la puissance de la destinée se jouera quand même. C’est comme ça, ne cherchez pas à lutter.

Ça a débuté à 11H, alors que je sortais d’un sommeil sans rêve. J’entends de la flotte et un gros coup de tonnerre. C’est vrai que juin, c’est la saison des pluies ici et les pluies tropicales, c’est quelque chose. Pas grave, je sais pas ce que je vais faire aujourd’hui mais pour l’heure, je pue et je dois prendre une douche. Ma virilité assumée a du impressionner tous les locataires de la guesthouse car il n’y a personne dans la salle de bain commune et les deux douches vitrées sont libres. Soit c’est ma virilité, soit c’est juste l’heure tardive. Peu importe, je suis propre et préparé pour la pluie. Parce que j’ai envie de gambader sous ces torrents de pluie chaude. Avec l’humidité ambiante, on est déjà poisseux, alors humide pour humide, autant l’être franchement. J’ai mis mon maillot de bain du coup. Pour le coté pratique du vêtement fait pour l’eau et parce que j’avais envie de montrer mes jambes. Ça a été une connerie au final mais vous verrez pourquoi. Journée de merde, rappelez-vous.

Il ne pleut plus. Je suis un poil déçu là. J’imaginais déjà l’averse géante qui ne se finirait pas de la journée. Pour la peine, je me casse voir cette petite zone dégagée sur la carte, à quelques kilomètres de là, au bord de l’eau. A pied bien sûr. Alors retenez bien ce conseil : si une zone parait dégagée sur une carte, c’est surement une zone militaire de l’armée américaine. Mais sur les vues satellites, on voit pas les barbelés et les menaces envers toute personne se croyant assez maligne pour déjouer les caméras, les gardes et les champs de mines. Je suis pas trop sûr pour les champs de mines mais dans le doute… Du coup, je suis tout perdu. Pas de pluie, pas de plage… En désespoir de cause, je tente cette petite zone verte sur la carte. C’est loin quand même et le soleil à son zénith me crame la gueule.

Une fois sur place, c’est complètement ce que je pensais que ça serait, c’est à dire pas un parc mais une putain de colline. Je sais même pas si elle est praticable, s’il y a des choses à voir et avec deux heures de marche dans les jambes, je suis moyennement motivé. Mais puisque je suis là, je peux aller voir plus près au moins.

Ma seule bonne idée de la journée car j’y trouve un parc et plus intéressant, un chemin. Le genre de chemin qui vous promet des zaventures, dans la solitude et la moiteur de cette jungle tropicale okinawaienne. Dans les zones tempérées, un espace vert laissé au bon vouloir de la nature, on appelle ça une forêt, dans les climats tropicaux, on appelle ça une jungle. La différence se situe au niveau de la densité de verdure et de la taille des bestioles qui la composent.

Mais je m’en fous moi, je suis en short/t-shirt et mes baskets déjà lisses à Kyoto ne se sont pas améliorées. Il me faut pas plus de trois pas pour découvrir, à ma grande surprise, que des pierres tout le temps humides, mouillées par la pluie du matin n’offrent pas le grip adéquat à des chaussures slick dignes de ce nom. J’ai failli me casser la gueule royalement plusieurs fois. Ça en vaut la chandelle quand même. Avec un décor comme ça, je suis clairement de nouveau Kévin l’aventurier. Donnez-moi une machette que je trace ma route ! Et que je me protège des serpents aussi. Non, j’en ai pas vu mais la possibilité est bien présente dans ce genre d’endroit plus sauvage et hostile que dompté et sans risque.

Tout au long de ma balade, je suis tombé sur des ruines, des stèles et surtout des décors de film d’aventure comme jamais je pensais en voir en dehors d’une forêt amazonienne. Par contre, ce genre d’endroit est toujours piégé et je le découvre à mes dépends. Bah ouais, journée de merde hein ! Humidité, chaleur, sous-bois, jambes et bras nus…

Ils me sont tombés dessus sans que je les aie vus venir. 4-5, je ne saurais pas dire combien ils étaient vu qu’ils attaquaient jamais en même temps et toujours dans mes angles morts en plus. Ils étaient rapides, les bougres, et j’ai du sacrifier une de mes jambes pour leur faire la peau. Ils me l’avaient faite avant, bien sûr, mais c’était un sacrifice nécessaire pour fumer ces putains de moustiques. Ils m’ont bouffé comme vous boufferiez un buffet à volonté chez un traiteur chinois. Le menu occidental frais était à leur goût car plus j’en tuais, plus il y en avait. Impossible de rester immobile sans se faire choper par deux ou trois en même temps. Mon hyper-sensibilité dermique m’a bien aidé à me défendre mais j’ai pas pu tout éviter. Alors j’ai fui les sous-bois vers des ruines plus à découvert. J’en ai semé quelques-uns au passage mais certains étaient tenaces. J’ai encore leur sang sur les mains. Ah non, c’est le mien tiens, il avait déjà attaqué le plat principal, le bougre.

Le lieu vaut bien ces désagréments mais je ne suis pas mécontent d’être dans une zone sans moustiques. Par contre, je quitte la peste pour le choléra. Vous savez dans les films d’aventure, quand les héros arrivent dans une zone que le spectateur analyse de suite comme « vraiment pas bonne mec », mais que le héros ne le voit pas, lui… C’est énervant, hein ? On a envie de lui dire : « Mais putain, les toiles d’araignées géantes ! Tu les vois pas ? » Dans la réalité, non, on les voit pas forcément mais par contre, on les sent quand on les traverse. Et on ne sait jamais où est l’araignée. Pour rappel, les araignées d’Okinawa qu’on a vu en 2008 ressemblait à ça.

Je prie pour qu’une de ces garces ne se soit pas accrochée à moi. A certains endroits, j’ai vu la toile et c’était juste pas possible de passer sans se prendre dedans. J’ai fait demi-tour. J’aime pas les araignées.

A d’autres endroits, je n’ai rien vu mais j’y suis pas allé quand même. Pourquoi ? Si le papillon que tu suis fait demi-tour, fais de même. Là où y’a pas de papillon, y’a pas de Kévin ! C’est un peu comme les piafs dans les mines qui préviennent des poches de gaz ! Courageux mais pas téméraires ! A force de zoner dans les chemins de traverse, je retrouve mon point de départ et la presque civilisation du parc. Un parc en bordel où la nature reprend ses droits. Mais le chemin est bétonné alors je le suis. Le coin est sympa et j’arrive près de chutes d’eau. C’est classe mais très sale. Bouteilles et détritus un peu partout complexifie ma tâche de photographe.

Je suis crevé et plein de cadavres de moustiques. Je pourrais prendre le monorail à côté mais il est tôt alors je vais marcher pour rentrer. Une petite heure de plus après cette journée assez physique. Voyons voir ce que donnent les photos une fois sur l’ordi…

Carte mémoire illisible. Ok, c’est drôle. Si si, je me marre. Et sur l’appareil photo ? Carte inaccessible. Ok, je rigole plus. Ma carte mémoire vient de rendre l’âme après tout ce que j’ai enduré aujourd’hui, sans avoir eu le temps de récupérer mes photos ! Journée de merde, définitivement.

Les photos qui illustrent cet article ont donc été prises un autre jour, en pantalon et manches longues, mieux préparé à affronter la Némésis volante !

4 Réponses

  1. tiens pour ta carte hs
    http://www.photo-evasion.com/articles/sujet-recuperer_les_photos_d_une_carte_memoire_defectueuse-1.html

    sinon, une question : tu as abandonné les reportages vidéo ?

    • je suis parti refaire les photos du coup et tant pis pour la carte.
      Pour les reportages, j’ai eu souvent des gens avec moi et rien de forcément nouveau à montrer. Okinawa ne m’a pas inspiré non plus. Et enfin, quand je compare les chiffres de fréquention des articles avec video et les statisques youtube, c’est 50% des gens qui ne prennent pas la peine d’appuyer sur play pour voir la vidéo. Beaucoup de boulot donc pour peu de monde. Même si c’est avant tout un plaisir personnel… la j’avais pas envie.
      Mais je vais sans doute reprendre en corée.

  2. Merci, j’ai passé quelques heures très agréables à me balader sur votre site et j’ai regardé les VIDEOS ! Je ne suis jamais allée au Japon mais cela m’attire bcp. Il y a en ce moment au musée des impressionnismes à Giverny une exposition de Hiramatsu Reiji, peintre de nihonga, une merveille ! Je l’ai déjà vue deux fois et je vais y retourner… du coup, je baigne dans le japonisme…………… J’attends avec impatience les prochains posts et VIDEOS !

    • Merci chris ! J’espère que tu auras l’occasion de venir prochainement ! Je ne connais pas Hiramatsu Reiji mais je vais me renseigner.
      Je n’ai pour le moment pas de vidéo en préparation (c’est long et ça demande pas mal de travail) mais dès que j’ai un sujet à traiter, je m’y remet ! 😉

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