Est-ce qu’il vous ai déjà arrivé de vous promener sans but précis et de vous dire : « tiens, et si j’allais voir cette petite rue toute charmante ? » Nan ? Soit ça vous emmène dans un endroit fabuleux, soit ça vous fait perdre 3h pour rien.
Moi j’ai de la chance, j’ai passé une après-midi fort sympathique. Quoique je sais pas si on peut parler de chance. Une rue charmante à kyoto vous amène rarement dans un endroit pourri. Au pire, vous visitez un quartier en 10 min et vous regrettez que ça ne soit pas plus étendu.
Je suis allé de surprises en surprises durant ces quelques heures de visite. Je savais qu’il y avait des choses à voir dans les environs, plus que je n’en avais déjà vu, mais la localisation précise des points d’intérêt m’était sortie de la tête. Ne pas se gâcher la surprise, ça fait aussi parti du voyage.
J’ai donc pris cette rue, très fréquentée et toujours dans le ton « kyoto d’autrefois ».
Je pense qu’un jour, je me lèverai avant le soleil pour me balader dans ces coins, presque tout seul. Avant l’afflut de touristes et de salariés. Se sentir unique dans un lieu atypique, c’est ce qui manque aux visites d’exception. S’approprier un lieu, le vivre que pour sois, ne le partager qu’a postériori, une fois qu’on l’a violé de son unique présence. Mais la, y’a du monde. Sans être pénible, c’est moins rigolo. Comme me l’a dit une amie, c’est vraiment l’image du japon que beaucoup s’imaginent. Si tokyo est le coté pile, kyoto est le coté face.
Mais elle est pas longue cette rue et j’arrive vite au bout. A la base j’avais dans l’idée de déscendre jusqu’au niveau de la kyoto tower, en restant de mon coté de la rivière. J’ai donc une vague direction à suivre mais je me laisse aller à improviser mon itinéraire.
Oh, qu’est ce que c’est au fond de la ruelle ? On dirait un temple ? Etonnant à kyoto ! Yasui konpira-gu de son petit nom est un endroit atypique. De ceux qu’on aime pour la petite histoire qu’on nous raconte. L’histoire de Yasui konpira-gu dit que, si vous écrivez un voeux sur un papier et que vous traversez le trou du monument ici présent il se réalisera.
Mais attention, il ne faut pas faire n’importe quel type de voeux et ne pas traverser le trou dans n’importe quel sens. Ici, on ne traite que des vœux de couple/réconciliation ou des vœux de rupture, avec les mauvaises chose de la vie ou les gens. Si vous souhaitez vous liez avec quelqu’un, passer dans le trou dans le sens devant-derrière (votre vœu à la main), pour la rupture, c’est l’inverse Ensuite collé votre papier sur le rocher. Ah oui, c’est drôle hein ! On parle de trou, de devant et de derrière, ça vous fait rire !!!! Oui, moi aussi, c’est pour ça que je l’écris.
On assiste donc à un défilé de jeunes femmes en jupe qui passent à quatre pattes dans ce trou, par devant et par derrière tant qu’à faire et qui se prennent en photo, bien entendu. Une tradition rigolote comme on en voit dans pas mal de temples. Quand j’irai à Nara, je vous parlerai de la narine de bouddha.
Je continue mon petit chemin et 5 minutes à peine me suffisent pour savoir où aller.
Oh, qu’est ce que c’est au bout de la rue ? On dirait une pagode nan ? Etonnant à kyo… eh mais y’a surtout une grosse statue en haut de cette colline !!! La pagode, c’est du classique mais la statue géante, je veux voir ça !
Bizarrement, il n’y a personne. 200 yens l’entrée, c’est quand même pas ça qui rebute les gens si ? Ca doit être parce que la statue est tellement grande qu’il n’y a pas besoin de payer pour la voir. En restant sur le parking, on la voit bien aussi. En attendant, en payant, j’ai eu le droit de planter un bâton d’encens devant la statue. Elle est assez récente puisque qu’elle a été sculpté après la seconde guerre mondial. Ca se voit, elle n’a pas la patine des vieux monuments. C’est un bel ouvrage quand même.
Il est encore tôt mais le soleil décline vite. En trois pas, j’ai de nouveau reculé de 500 ans. Je suis dans le quartier d’higashiyama, réputé pour avoir préservé son aspect « vieux quartier », comme Gion mais en plus prononcé encore. La ville de kyoto a d’ailleurs, pour accentuer ce coté ancien, fait enterrer tous les cables électriques/téléphoniques. Une pollution visuelle en moins pour une meilleure immersion.
C’est vraiment classe comme décors. Sobre, propre, ancien, raffiné… je veux y vivre franchement ! On croise de temps à autre des japonaises en kimono. La boucle est bouclée. Chaque maison est soit un restaurant, soit un magasin. Souvenir, éventails, thé, nourriture… on trouve un peu de tout. Même des bijoux, digne représentants de l’artisanat local. Je suis gentiment la rue, qui grimpe de plus en plus vers la colline. J’ai la sensation de connaître ce passage. Je suis forcément déjà venu ici, c’est pas possible autrement.
Mais oui, je suis con. C’était l’année dernière avec mes comparses pendant notre après-midi express à kyoto. Du coup, je sais que j’arrive au Kiyomizudera, ce temple sur pilotis qui domine la ville de toute sa hauteur. C’est un incontournable à voir absolument et je n’avais pas franchement prévu de le voir si tôt. Mais puisque j’y suis et que le soleil va bientôt se coucher, je vais en profiter pour faire quelques photos.
Si le Nijo castle était moche, le kiyomizudera est beau. Sobre et bien intégré à la nature qui l’entoure, c’est surtout la prouesse technique qui impose le respect. En effet, il repose sur des piliers de 13 mètres de haut, sans aucun clou, ni vis. Tout est une question d’enchevêtrement, de répartition des masses et de physique. Certains bâtiments sont en cours de rénovation, ce qui peut gâcher certaines vu d’ensemble. Bientôt, c’est le bâtiment principal qui sera en rénovation alors dépechez-vous d’y aller ! C’est au printemps et à l’automne que le spectacle est le plus saisissant, avec les cerisiers en fleur ou les momijis orangés.
La ville à nos pied est nappée dans un voile de brume. Pour un peu, on ne saurait dire si c’est le matin ou le soir. Le mystérieux côtoie le fantastique, l’imaginaire trouve sa place dans ce moment de contemplation d’une simplicité déroutante. Appuyé sur cette balustrade, je vois les couples passés sans les regarder. J’entends leur rire sans même les écouter. J’ai la sensation que la vie va trop vite autour de moi, qu’elle tente de m’emporter dans un courant qui n’est pas le mien. Je suis seul sur ma barque au dessus de la brume pendant que le monde descend sur l’écume des rapides. Je suis en contre-temps et j’apprécie cette différence. La kyoto tower est le phare de cette ville, le repère dans cette fourmilière opaque et humide. Bientôt, le soleil embrassera la montagne, de ses rayons nous éblouira sans nous réchauffer. Bientôt… mais pas encore.
Au pied du temple coule la cascade Otawa. C’est une petite cascade, ne vous emballez pas. Elle est séparée en trois filets d’eau que les gens boivent (non sans avoir fait la queue) à l’aide de « tasse » fixées au bout d’une perche. Chaque filet d’eau vous apportera quelque chose de différent : longévité, succès aux études et succès en amour. La plupart des gens boivent aux trois, on est jamais trop prudent !
Il ne fait pas encore tout à fait nuit et je ne compte pas rentrer avant d’avoir déambulé dans la version nocturne du quartier. Je patiente donc sur un banc et j’observe les échoppes qui se ferme les unes après les autres. Kiyomizudera ferme à 17h et de ce fait, les touristes ne sont pas nombreux après cette heure. Inutile de laisser la boutique ouverte pour le plaisir d’y être.
Les lumière oranges sont douces et reposantes. C’est la touche de douceur qu’il manquait pour atteindre la perfection. Les promeneurs sont rares et ne me dérangent pas pour mes clichés.
Cet après-midi de vagabondage représente tout ce que j’aime dans mon voyage. Ne pas tout prévoir, se laisser aller à être surpris, oser, tenter, découvrir, connaître et reconnaître, s’arrêter, se poser et réfléchir, avec sous les yeux, un spectacle que beaucoup regardent, sans même voir un 10ème de sa beauté.
6 Réponses
cyril
comment fais tu pour te rappeler de tout ses noms, tu as un petit carnet ? google est ton ami ?
albatruc
google est mon ami pour les plus rare. Mais certains sont tellement connu que je les connais. Je sais pas toujours ou je fout les pied non plus donc je cherche à postériori.
caradonna
superbe endroit ! c’est photos me mettent en appétit ! je cours au jap ce midi na !
xellos
Eh c’était le jour de la majorité truc muche.
En gros toutes les jeunes filles que tu as vu aujourd’hui en kimono avait 20 ans.
donc tu es SAAAAFE
Avec les arbres sans aucune feuille dessus, c’est tout de suite très différent le temple Kiyomizudera.
Eh j’avais même pas tilté quand on y avait été, qu’il y avait pas de cables électriques dégueulasses de partout 😮
mica
ce qui me fait rire , c’est que je m’attendais a voir des samourai d’epoque sur ta photo , tellement le style de la ville est reste le meme qu’a l’epoque . Et c’est cool de voir que certaines traditions sont toujours d’actualite comme les kimonos .
La chose positive est comme tu dit , le manque de fil electrique , ils sont moins cons que nous , ils ont compris depuis longtemps que les fils faut les enterrer.
La rue la nuit eclairee par les lumieres oranges avec les lampions comme decor , ca fait epoque et c’est remarquable a voir comme c’est joli .
neomiiii
« Bois ta tasse, BOIS ! »