Les asiatiques : Shanghriote

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Deuxième partie de mon feeling et de mon vécu avec les asiatiques de d’Asie, dans toute leur diversité et dans toute leur multiplicité voir même carrément dans leur différence. Truc de fou quoi. Je le rappelle, ce que je dis se réfère à ce que j’ai vu, vécu, ressenti et est forcément marqué par ma personnalité, ma sensibilité, mes à priori, mes préjugés et mon histoire personnelle. Ce n’est ni une vérité absolue, ni forcément transposable à tous. Si vous aviez été avec moi, vous n’auriez peut-être pas eu les même impressions et les même « chocs », culturels ou humains. Vous voilà prévenu.

Les Shanghriotes : Ou aussi appelé les Shanghaïens, les Shangriois ou encore les chinois de Shanghai. Avant même d’être à Shanghai, j’avais un aperçu de ce qui m’attendais. Je n’ai jamais été dans un avion aussi  bruyant que celui reliant Seoul à Shanghai. J’étais même pas encore chez eux qu’ils me donnaient un aperçu de leur « mode de communication courte distance » autrement appelé « JE GUEULE ALORS QUE JE SUIS A DEUX METRES DE TOI ! »

Une fois arrivé et surmonté mon impasse financière, après quelques jours en ville en immersion totale (pas trop de métro et beaucoup de balades en ville dans plein de quartiers très différents), le constat est sans appel. Les Shanghriotes sont BRUYANTS !!!! Mais genre, putain, mais bruyant quoi ! Ils parlent fort, gueulent la plupart du temps, partage leur conversation téléphonique avec touuuuuut le métro (pas juste la rame, tout le métro). Mais le pire, le truc le plus insupportable, à vous mettre les nerfs en pelote, à rendre fou un moine bouddhiste, ce sont… les klaxons. Pardon, les « avertisseurs sonores ».

Car quand on dit klaxon, on pense au parisien qui écrase son volant des deux mains avant de traiter de connard l’automobiliste qui n’a pas avancé alors que le feu était au vert depuis 2/10e de seconde. Le klaxon est lié à la rage, la colère et le mécontentement. Alors que « l’avertisseur sonore » est la pour prévenir de votre présence, prévenir d’un danger, c’est votre ami dans votre vie citadine. Vous le détesterez quand en 3 minutes, 74 shanghriotes l’auront utilisé autour de vous ! Et pour que dalle le plus souvent !

Un mec traverse la rue à 500m d’un scooter ? Il avertissonorisera (oui, il klaxonne pas je vous ai dit) ! Un taxi arrive à un feu rouge ? Il avertissonorisera ! Un bus roule sur une route vide, tout seul, alors qu’il n’y a pas de piétons, de vélo, de scooter ou de chien ? Il avertissonorisera ! Mais pourquoi putain ???? On en est arrivé à croire avec seb que c’était une sorte de langage entre les conducteurs, comme les chiens qui se sentent le cul ou un truc rituel du même genre. A chaque nouveau véhicule croisé, un coup d’avertisseur sonore ! MAIS FERMEZ-LA PUTAIN !!!!! Et utilisez-le seulement quand vous grillez les feux rouges ou forcez les passages piétons ! Oh wait… c’est peut-être pour ça que ça avertissonorise autant.

Car oui, soyez prévenu qu’à Shanghai, traverser la rue mettra votre vie en danger. Si en France, on nous apprend très tôt à regarder à gauche et à droite avant de traverser, sachez qu’ici, il faut au moins le faire trois fois (gauche-droite, gauche-droite, gauche-droite). Et pour encore plus de sécurité, un habile tour sur sois-même autrement appelé le « mouvement giratoire de sécurité à 360° » est indispensable.
NE JOUEZ PAS AVEC LES USAGERS DE LA ROUTE SHANGHRIOTE ! Les taxis ont le droit de ne pas s’arrêter au feu rouge si ils tournent à droite. Ils ne s’arrêtent jamais en vrai. Les scooters et autres vélos non plus parce que vous comprenez, c’est chiant un peu de s’arrêter. Et puis c’est solide un scooter et on les entends arriver vu qu’ils sont la plupart du temps électriques. BAH NON !!!!! Les bus parfois ne s’arrêtent pas au feu rouge. LES BUS PUTAIN !!!! Expérience vécu : « nan mais il va s’arrêter, le bonhomme est vert j’y vais. Il va vite quand même. je vais attendre mais il va s’arrêter, c’est sûr. Ah  il s’arrête pas. » Nan mais un bus. Tu peux pas gagner contre un bus. Enfin, physiquement parlant, un être humain est désavantagé face à un bus, moi encore plus qu’un autre !

Le rapport entre la prudence sur la route et les Shanghriotes en tant qu’humain ? Ce sont eux qui conduisent nan ? C’est leur petit côté libertaire, sans gêne, inconscient, dangereux, « je suis tout seul et je t’emmerde » qui est à l’opposé du bon sens général (qui nous dit de faire attention aux autres si tu veux que les autres fassent attention à toi). Et au quotidien, dans la vie, c’est pas loin d’être pareil. Résultat, les quartiers touristiques sont globalement propres mais dès qu’on en sort, c’est une autre histoire. Chacun fait ce qu’il veut donc les papiers par terre, les fruits étalés sur la chaussée, les gens qui se baladent presque en slip, souvent torse nu et très généralement le t-shirt relevé sous les bras, c’est légion. Ca crache, ça se racle biiiiien la gorge… du bonheur sensoriel quoi. Le plus drôle était quand, près d’une entrée de métro blindée de monde, en passant à côté d’un chantier avec une palissade métallisée, un homme jette par dessus celle-ci sa canette de coca vide. Bras roulé, panier à 3 points sans regarder. Facile, classe, distingué, écolo. Personne pour lui dire que c’était un gros dégueulasse.

Parlons du métro justement. Oubliez les files d’attente bien rangées façon japonaise. Pensez « métro parisien ». La mode est au « mass murderer rush in the opening gate » qu’on pourrait traduire par « troupeau assassin qui fonce quand les portes s’ouvrent ». Vous pleurez car les français ne laissent pas beaucoup d’espace devant les portes de métro, empêchant de ce fait les gens de sortir rapidement ? Mais mon brave monsieur, ma gentille dame, estimez-vous heureux de n’avoir qu’un espace réduit pour descendre. Les Shanghriotes, eux, ne vous laissent pas d’espace du tout et tentent de rentrer alors même que les portes ne sont pas encore ouvertes. On a presque une mêlée de rugby opposant les sortants, souhaitant bénéficier de leur droit à la vie en dehors d’un tube de métal et les rentrant, booster à la confiance en sois, justifiant leur attitude par l’achat de leur ticket. Et parce que, ne l’oublions pas, ils sont tout seul à Shanghai. Bien entendu, une fois le forcené rentré et étant donné qu’il est seul dans la rame, il se mettra devant la porte. Après tout, il ne gêne personne alors pourquoi aller dans la rangée du milieu, là où il n’y personne. Et pourquoi bougerait-il quand cette force mystérieuse (il est tout seul, il ne voit pas que vous êtes sur le point de lui tataner la tronche à grand coup de coude) le pousse, comme pour dégager un passage vers les portes salvatrices.

Ils sont plus d’un milliard au total (à peine moins à Shanghai) et ils réagissent comme si ils étaient tout seul. C’est inimaginable. Dans la rue, sur les trottoirs et dans les centres commerciaux, ça passe. C’est pas gênant à la limite. C’est globalement un peu le foutoir dans tous les pays sans que ça soit préjudiciable ou que ça gâche l’expérience du pays. Mais dans un espace réduit comme les métros… Ca devient un peu l’enfer sérieux. On prend vite le pli de mettre des coups en fait. Je précise pas que le métro est parfois un peu sale vu qu’on reste dans un standard français globalement, les dégradations matériel en moins. En matière de mendicité aussi d’ailleurs on est dans la norme française. J’ai été étonné/surpris/gêné de voir dans des parcs avec jardin d’enfants, des clodos en slip dormir à 10m des bacs à sable. Ce ne sont pas des violeurs-pédophiles donc ils ont bien le droit d’être là mais je suis pas sûr qu’en France, ils resteraient bien longtemps. Encore une fois, c’est une différence culturelle d’appréciation et de jugement de situation.

Dans les restaurants, je crois qu’on a eu tous les comportements. Le serveur qui nous ignore, même quand on lui fait des signes plus que visibles. La serveuse qui ne comprend pas qu’on prenne seb et moi le même plat et qui en amène qu’un. Pourtant, en lui faisant 2 avec les doigts, on pensait être clair (on a mangé pour la première fois un croissant avec des spaghetti bolognaise dans ce resto. Le croissant sert à saucer bien entendu. Ou à être trempé dans la soupe, comme nos voisins de table). On a aussi eu la serveuse qui comprend tout très bien donc on peut pas faire de généralité. Au mcdo, pas de soucis non plus et c’était pas cher. 3,50 euros le menu et pas de difficulté à commander. Je parle du mcdo car on l’a testé à chaque étape et qu’il y a des différences. A shanghai par exemple, on ne débarrasse pas son plateau. Quelqu’un le fera quand vous serez parti.

Au niveau du contact humain, c’est assez étrange. On a eu plein de situations différentes. La première, c’est la personne qui va venir vers vous pour vous demander si vous voulez acheter une montre. Le relou de base dans les quartiers touristiques. Que vous l’ignoriez ou que vous lui répondiez ne changera rien, il enchainera en vous proposant des massages. « Va mourir avec tes massages » penserez-vous mais comme il ne vous entendra pas, il terminera avec l’ultime : « you want sex ? ». Car oui, sachez-le bien, vous qui êtes derrière votre écran, qui êtes occidental et de sexe masculin : si vous venez à Shanghai, c’est pour baiser. Et pour ça, vous attendez qu’on vienne vous proposer des montres. Logique. Méfiez-vous des horlogers dorénavant. Il y a aussi la méthode plus sournoise de la très jolie demoiselle qui vous accoste alors que vous marchez dans la rue, qui parle, qui parle beaucoup, vous pose plein de questions et attend à peine les réponses. Elle finira par vous demander où est votre hôtel bien sûr et en vous montrant son portable avec le catalogue de filles, vous dira qu’on peut vous en livrer une. J’aurais dû demandé si ils livraient en France aussi. Je doute qu’elle aurait passé la quarantaine sanitaire cela dit.

En règle général, méfiez-vous des gens qui parlent beaucoup, vite et qui semble demander des trucs débiles (« prenez nous en photo devant les plantes vertes moches et inutiles là »). Trois fois, j’ai eu le droit à un groupe de 2-3 jeunes personnes qui s’intéressent à vous, parlent trop, trop vite et veulent vous emmener dans une cérémonie du thé. La première fois, j’ai dit non. Seb était pas arrivé et j’en avais rien à foutre du thé. Et ça paraissait chelou cette manière de trop parler. C’était pas naturel. Le jour même, j’y ai de nouveau eu droit et cette fois, j’y vais. Ouais, c’était débile mais de toute façon, j’avais pas d’argent ^^ Elles posaient plein de questions (deux filles moches) mais je restais vague. Elles m’ont emmené dans une petite pièce de trois mètres carré au rez-de-chaussé d’un immeuble où une autre femme nous attendait. Là, elles me sortent les tarifs de leur cérémonie du thé, une à ma gauche et une à ma droite, pendant que la dernière prépare déjà ses bols pas plus gros que des dés à coudre. 3 bols pour 50 yuans. Maiiiiiiiiis bien sûr. Quand j’ai dit que je voulais pas de thé, elles m’ont dit que je pouvais y aller mais qu’elles restaient ici, elles étaient fatiguées. J’avais tout mes papiers et je leur avais fait perdre leur temps. Parfait. On a encore eu le droit à ça quand j’étais avec seb donc, ça semble être récurent à Shanghai. Ne vous faites pas avoir !

A côté de ça, j’ai eu le droit à une quantité folle d’autres rencontres-minutes. Quand j’étais seul sur le Bund, je me faisais aborder 10 fois par des femmes, jeunes ou moins jeunes, qui voulaient se faire prendre en photo avec moi. C’était à priori des touristes chinois qui ne voient pas beaucoup d’occidentaux là où ils vivent. Nous sommes des attractions touristiques. C’était drôle de voir que les femmes venaient vers moi (oui, en sois, c’est drôle de voir que les femmes viennent vers moi) et que les hommes et les enfants venaient vers seb. Dans tous les cas, c’est amusant. J’ai aussi eu le droit à quelqu’un qui voulait pratiquer son anglais et avec qui j’ai discuté pas mal de temps, comme à Taiwan un peu plus tard.

Elle avait trop de mal à prendre cette photo. Ok, ça excuse pas la tête de con.

On a donc un peu tous les cas. Le problème, c’est qu’on peut devenir méfiant là où il ne le faudrait pas et j’imagine que les touristes qui viennent en France doivent vivre la même chose. En y vivant, on est pas la cible de ces arnaques mais en tant que touriste, c’est autre chose et c’est dommage.

Les shanghriotes sont donc à la fois une bonne expérience et la pire que j’ai vécu. Les deux face d’une même pièce. On les adore parfois avant de vouloir leur écraser la gueule à coup de tesson de bouteille. Mais c’est pas de leur faute en plus, c’est juste une trop grande différence de mentalité et de culture ! Dans les pays méditerranéens aussi on parle fort. Les Marseillais ne seront peut-être pas aussi interpelé par le haut volume sonore des discutions. J’en sais rien. Et chaque point négatif que j’ai cité trouvera son équivalence avec un autre pays. Mais bon, là, tout est réuni au même endroit et j’ai passé pas mal de temps au japon je vous le rappelle. Le choc est rude !

Disons qu’il faut le prendre comme une partie de l’expérience chinoise, une découverte nouvelle qu’on quittera forcément et dans laquelle on est obligé de vivre un temps. Si vous aimez ce changement humain, ça sera trop court, dans le cas contraire, ça paraitra long. Personnellement, ça ne m’a pas du tout gâché le séjour à Shanghai et peut-être même que j’aurais moins aimé si j’avais pas eu toute ces anecdotes et ces petits coups de colère. Tant qu’on ne me force pas à vivre avec des Shangriotes…

Eh mais j’ai encore été super long et j’ai pas parlé des Taipeïote et des Hong-kongrois. La prochaine fois alors !

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