Noël et les japonais

Si tout va bien, vous avez survécu à la fin du monde et pour justifier cette miraculeuse survie, vous souhaitez vous ouvrir au monde avec un grand M. Les fêtes de Noël sont proches et étant d’un pays majoritairement catholique (ou avec un passif et des traditions catholiques), vous fêterez la naissance du petit jésus. Mais comment cela se passe-t-il dans les pays non catholiques ? Et surtout, comment cela se passe ici, au japon ? Comment les japonais se sont-il approprié cette fête qui est, vous le verrez, bien différente ?

Comme vous le savez, le japon est majoritairement shintoiste. Ceux qui ne sont pas shintoïstes sont bouddhistes et les catholiques sont bien loin derrière. Il serait donc absurde de célébrer la naissance de jésus quand on peut tout au long de l’année célèbrer l’esprit du vent, de la nature, du feu etc. Au passage, histoire de tout péter la magie de la religion, la Noël le 25 décembre vient d’une fête païenne antérieur au christianisme et visait à célébrer le solstice d’hiver. C’est le pape Libère qui en 354 décide de fêter la naissance de jésus le 25 décembre histoire de balayer le solstice de ces païens. Pourquoi ? Et pourquoi pas vu qu’on ne sait pas quand il est né. Ce même pape a vu la vierge Marie en rêve et lui a dit qu’il devait construire une chapelle. Tout est normal, je suis sur que tout le monde se fait chier au paradis au point de venir faire des blagues aux gens de pouvoir sur terre. Voila pour la partie historique, j’espère que ça vous la coupe !

Pour beaucoup d’occidentaux non croyant, ça n’empêche pas de fêter le père noel et d’instaurer tout le folklore qui l’entoure, à savoir les décorations, le sapin, les cadeaux, les chants etc. Les enfants sont content et les adultes aussi.

Ici, il y a aussi ce coté folklore avec les quartiers fréquentés légèrement décorés de guirlandes lumineuse. Je pensais qu’il y aurait beaucoup plus de décorations quand je m’imaginais Noël à tokyo. Peut-être est-ce du aux économies d’électricité qu’il faut faire ou bien au fait que les quartier très fréquenter sont constamment illuminés, certes à cause des enseignes et écrans géants mais illuminé quand même. Les centres commerciaux rattrapent le coup en surchargeant leur vitrines d’artifices et en nous gavant de chants de noël. Les quartiers très occidentalisés font aussi ce qu’il faut pour que les expatriés se sentent bien. (Roppongi, toi qui me fait vomir, c’est à toi que je pense).

Si vous lisez à droite ou à gauche que tokyo est trop illuminé de tout plein de décorations, sachez que c’est carrément exagéré ! C’est très localisé et je me suis assez balader en vélo dans tout tokyo pour savoir de quoi je parle. Les boutiques de luxes de ginza, les centres commerciaux de Roppongi, la terrasse Sud de Shinjuku, l’immeuble de FujiTV à Odaiba, l’avenue omotesando à harajuku (et surtout son centre commercial Omotedando Hill, aux couleurs d’un Noël Disney), ce sont toujours de petits endroits très spécifiques. Shibuya n’a presque rien tout comme akihabara.

Les représentations du père Noël sont par contre inexistantes et pour cause, le mythe du bonhomme en rouge descendant dans la cheminé n’existe pas (enfin, ils n’existe pas au japon parce que les japonais n’ont pas d’âme. Bien sur que le père Noël existe dans le reste du monde !). Le soir du 24 décembre, ce sont les parents qui déposent un cadeau sur le lit des enfants, surtout des petits car pour les plus grands, c’est le jour de l’an qui compte (mais on verra ça la semaine prochaine). Pas d’ambiguité, pas de belles histoires, Santa close est ton père luke !

Bien entendu, comme ce n’est pas une fête religieuse mais purement commerciale, le 25 décembre n’est pas férié. La vie suit son cours et le monde ne s’arrête pas de consommer. Les commerçants se frottent les mains car les adultes fêtent aussi noel à leur façon. De notre regard occidental, leur célébration ressemble plus à une deuxième saint-valentin. En effet, les couples sortent au restaurant et s’offrent des petits cadeaux, les « presque en couple » invitent la personne convoitée à sortir (cette demande est bien sur très symbolique car on sait tout de suite que la personne qui fait la demande à des sentiments), en gros, c’est la joie et le bonheur dans les restaurants comme les chambres d’hôtels, tous réservés et plein à craquer.
Le repas typique est clairement d’inspiration américaine, le poulet remplaçant une dinde difficile à trouver dans les supermarchés. Merci les expatriés d’avoir su inculquer cette tradition somme toute très restrictive mais est-elle pire que le traditionnel trio « foie gras-huitre-vin blanc » ? « Le poulet c’est bon, mangez-en » devait penser le seigneur KFC quand c’était le seul restaurant à en proposer, faisant ainsi exploser ses ventes.

Pour les autres, les célibataires (ah ah on en parle jamais de ceux-la), ça risque d’être une journée comme les autres ou l’amertume et la haine des gens heureux en couple prendra le pas sur la meeeeerrrrveilleuse magie de noël… On se consolera donc sans doute dans un concert d’idols, seules icônes féminines qui acceptent de partager un moment avec nous et seulement parce qu’elles sont payées.

Oui, cette année noël sera magique vous vous en doutez et je n’ai strictement aucun programme pour le moment. Déambuler au hasard à la sortie d’un concert, capturer sur la pellicule les moments heureux d’illustres inconnus me tente autant que me fait fuir alors le hasard et le sort décideront pour moi. En attendant, je vous souhaite un joyeux solstice d’hiver et ne compter pas sur moi pour faire un article le 24 décembre, personne ne le lira !