Nagano – Yudanaka

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Dans la vie (j’ai déjà commencé un article comme ça nan ?), j’ai plusieurs rêves, assez simples dans l’ensemble. Continuer à ne pas travailler, avoir un harem (même avec une seule femme, ça me suffit), parler japonais sans l’apprendre, savoir voler (dans le ciel, stop avec les blagues s’il vous plait) et me foutre à poil devant mes potes dans un onsen. En procédant par élimination, du plus improbable au plus réalisable, j’ai du me rendre à l’évidence. Avoir un harem serait pénalisant pour tous les hommes qui ne trouvent pas de femmes. Donc, j’ai décidé que je me foutrais à poil devant mes potes, dans un onsen.

Attention, je suis pas un taré exhibitionniste ! Quoique, taré si, mais pas exhibitionniste. Les potes en question, ce sont ceux qui partagent mon appartement actuellement, les colocataires vacanciers JH et « le belge ». Lors de la préparation de leur voyage, on a très vite décidé qu’un onsen s’imposait. C’est typiquement japonais et typiquement faisable qu’au Japon, ne serait-ce que pour l’ambiance du combo « ryokan/onsen ». Les sources chaudes (car c’est de ça qu’il s’agit) sont légions au Japon et on en trouve pour ainsi dire partout, aménagées le plus souvent en bains publics ou comme plus-value pour les hôtels. Du plus simple façon salle de bain carrelée avec grand bain au plus classe en plein air avec vue sur la vallée, le choix est vôtre. Le prix ne sera pas le même bien entendu.

Vu que mes colocs sont en vacances et que le Belge est au Japon pour la première fois, on a pensé qu’il serait judicieux de se faire un onsen dans une région que l’on pourrait visiter en même temps, un lieu que tout le monde souhaiterait voir. Perso, tant que c’était un endroit que je ne connais pas, ça m’allait. On a pas cherché longtemps pour voir que la région de Nagano pouvait être sympathique avec des tonnes de onsen dont certains font baver. Bien sûr, ils sont aussi super reculés et vraiment pas donnés. On a donc cherché celui qui aurait le rapport distance/intérêt/prix le plus convainquant !

C’est JH qui a eu la palme avec un ryokan/onsen à 5 000 yens par personne. En plus, il est à Yudanaka, petit village dont la population doit exploser l’hiver. Mais j’y reviendrai.

Debout à 5h du matin en ce dimanche 12 mai. C’est super violent sérieux. J’ai plutôt l’habitude de me coucher à cette heure en fait. Surtout qu’on s’est couché à 2h du matin après être allé au Biohazard Café. De toute façon, dormir ça sert à rien ! On fonce vers la gare de Tokyo et JH et le belge s’endorment dans le métro… Ne pas dormir, ne pas dormir, ne pas dormir, sinon, on va rater la station !

On arrive à 6h50, prêts pour activer le JR pass du Belge. Mais si, le JR pass voyons, vous savez ce que c’est ! Ce pass qui coûte un peu cher mais qui permet de prendre le train/métro/bus et ferry des lignes JR en illimité. Il est vite rentabilisé si vous faites des voyages sur les grandes lignes (genre Kyoto, Hiroshima, Nagoya etc). On apprend une fois au guichet qu’on ne peut pas l’activer avant 7h30. C’est dommage, on aurait pu dormir, quoi, 40 minutes de plus. Le luxe !

Du coup, on attend et on déjeune. Et on attend. Et il est 7h30. Le pass est activé, JH prend un billet (il a pas de JR pass) et moi… j’ai emprunté le JR pass de Xellos ! C’est pas bien du tout car le pass est nominatif, numéro de passeport à l’appui. En cas de contrôle, il faut présenter son passeport. Dans la réalité, il n’y a jamais de contrôle. Les agents de gare et les contrôleurs ne regardent que la date de validité du pass. J’ai donc pu voyager gratuitement quelques jours et économiser le voyage Tokyo-Nagano (15 000 yens à peu près). Merci Xellos quoi !

On est des rebelles alors on réserve pas de sièges. On va directement dans le wagon aux places « non-réservées ». Le Shinkansen, c’est bien pour ça. Il y a des wagons où les places sont libres, la loi du premier arrivé, premier servi y règne en maîtresse. Il y a toujours autant de place pour les jambes et c’est plus propre que dans mon souvenir. Mon souvenir de fin mars oui, je n’ai pas de mémoire.

JH et le belge s’endorment. Je lis et le sommeil ne vient pas. J’ai du me cramer le fusible du sommeil ou un truc du genre. Le résultat est là, les 120 minutes que dure le trajet n’ont pas été abrégées par un sommeil réparateur.

Terminus Nagano. Ville de bonne taille entourée de montagne, dans le même genre que Kyoto, le côté historique en moins. Mis à part les jeux olympiques d’hiver de 1998, la ville ne doit pas parler à grand monde. Je sais pas ce qu’il y a à y voir et à la limite on s’en fout vu qu’on ne fait que passer. En route pour Yudanaka par le train express le plus atypique que j’ai vu dans ce voyage. Admirez plutôt.

Le conducteur est au-dessus et tout le devant du train est accessible aux passagers. C’est sympa pour apprécier le paysage pendant le voyage et il faut avouer que c’est super joli. Des plaines ponctuées de villages, des étendues partagées entre vergers et vignes et les montagnes en toile de fond. Le soleil omniprésent sublime cette peinture déjà époustouflante. C’est chaud, on est à 3h de Tokyo et pourtant, on se croirait à l’autre bout du Japon. Le ronron de la machinerie et le bercement du wagon finissent par m’avoir. Les coups de klaxon du train à chaque passage à niveau ne m’aideront pas à voir les 10 dernières minutes des 45 que dure le trajet. Je dois bien être à presque 3h de sommeil en tout maintenant, c’est honnête.

Eh bien Yudanaka, c’est bien tranquille. C’est petit, plein de vieux mais avec l’essentiel : restaurants, combini, magasins de souvenirs, bars, la plupart fermée parce qu’on est dimanche. On n’est pas à la capitale ici, les touristes ne sont pas légion même s’il y en a quelques-uns qui trainent. On file à notre ryokan, proche de la gare, histoire de prendre possession des lieux et se débarrasser de nos affaires. On dirait qu’on sera pas nombreux à occuper les lieux ce soir. A notre arrivée, toute la famille nous accueille. Les parents doivent être les propriétaires, des personnes d’un certain âge, adorables. Le papa prend un globe et me demande de montrer d’où on vient. Le fils à la trentaine et parle presque anglais, bien assez pour se faire comprendre.

Il nous parle du onsen extérieur, du onsen intérieur et on découvre les horaires pour les hommes et pour les femmes. Dommage, c’est pas mixte. Bah quoi, on peut toujours rêver, ça existe encore hein ! Pour moi, ça sera un bain après 22H vu que de 19h à 22h, c’est réservé aux femmes. On découvre la chambre, un deux pièces très spacieux avec une table basse et trois futons. On se sent bien. La vue est inexistante mais on s’en fout vu qu’on va pas trainer dans la chambre. Le fils du proprio s’est proposé de nous emmener en voiture à notre principale excursion. C’est super sympa de sa part !

Yudanaka, c’est le spot à visiter en hiver et cela pour une raison. Il y a des onsens. On est là pour ça je vous le rappelle. Mais il y a UN onsen qui fait l’unanimité. Le souci, c’est qu’il est réservé et que vous ne pourrez jamais y tremper ne serait-ce qu’un orteil. Les proprios sont super jaloux de leur bien et ne le partagent pas, surtout quand il neige. Vu qu’il est en extérieur, ils l’utilisent pour se réchauffer. Les proprios, ce sont les singes de la montagne toute proche. Vous avez sûrement déjà entendu parler de ce onsen aux singes, photos à l’appui. Il est plus que connu et le contraste neige/singe/source chaude a fait le tour du monde.

On n’a pas de neige mais on peut quand même aller au parc aux singes. Un chemin à flanc de montagne nous porte, accompagné d’un ruisseau aménagé et protégé par l’ombre des conifères. Des pancartes nous parlent de la faune du quartier et on est heureux d’apprendre que les serpents ne sont pas poisoneux (© JH). Au sortir de ce chemin, la vallée et sa rivière nous ouvrent les bras, comme ce papa singe à cette maman singe. Le belge est jaloux d’ailleurs. On voit déjà pas mal de singe, contrairement à la montagne aux singes de Kyoto, où ils étaient un peu plus timides.

On continue vers le parc après ce premier contact et après avoir lâché 500 yens, on remonte un court chemin avec… plein de merdes de singe. Nan mais ok, c’est normal, y’a des singes, ils mangent et ils chient. Pas de souci. Mais y’a aussi des gens qui travaillent dans ce parc et qui pourraient garder les chemins propres. On se croirait à Paris ! Passons.

On n’a pas long à faire pour arriver au lieu du délit : le onsen à singe. Généralement, sur les photos que l’on trouve de cet endroit, on y voit surtout des singes en gros plan ou en plan serré, avec de la neige et la fumée de l’eau. C’est très graphique, ça donne envie et le contraste donne du charme aux photos, à l’endroit. Sauf qu’on voit jamais l’endroit. On ne peut que l’imaginer. Moi j’imaginais plusieurs bassins. J’imaginais pas la lune. En réalité, il n’y en a qu’un. Un petit bassin pour des petits singes. Vu la chaleur qu’il fait, les singes ne sont pas nombreux à barboter dans l’eau chaude. Ceux qui y sont sont ridicules avec leurs poils tout collés. Aussi ridicule que des chats sortant de l’eau.

Le cadre est joli sinon. La rivière en fond, la montagne tout autour, un petit pont, des sacs plastiques sur les rochers, des câbles électriques dans la flotte et à flanc de montagne, des vieux bidons rouillés… sérieux quoi !!! C’est crade ! On est où là ? A la décharge ? Ça nique le décor alors qu’il faudrait pas grand chose pour que tout soit propre ! C’est vraiment la verrue au milieu du visage. On peut passer outre mais c’est quand même gênant.

Le parc est assez petit en fait. Pas inintéressant mais il faut vraiment venir l’hiver. De mon point de vue, partagé par JH, ça aurait pu être mieux. Le coté sauvage/naturel est bouffé par le coté crade. C’est sympa mais il y a des choses à revoir ! Le belge lui, a trouvé ça très bien ! Attention, ce n’est pas quelqu’un de sale pour autant. Enfin un peu… mais il a juste su faire abstraction de ça pour ne voir que les animaux. Un premier contact avec des singes en liberté, ça marque donc tant mieux s’il a bien aimé. C’était de toute façon une balade sympathique dans un cadre très joli. Une promenade que l’on continuera en rentrant à pied jusqu’au ryokan. C’était long, c’était calme et super crevant. C’est épuisant de descendre une montagne, toujours sur le frein. Ça fait travailler des muscles qui normalement ne sont là que pour faire chier les étudiants en médecine. C’était long aussi. Mais on a le temps, on est en vacances, on découvre les ruelles désertes et les magasins fermés. C’est une ambiance bizarre.

Au ryokan, on se repose tranquillement pendant quelques heures. 20h, la faim se réveille en même temps que nos esprits au repos. Un restaurant est proche du ryokan mais on tente d’aller au restaurant de sushi un peu plus loin. Le prix exorbitant nous fait fuir ! Mais on est dimanche soir à Yudanaka. C’est chaud quoi ! Y’a personne et les enseignes n’ont pas de caractères latins. On passe de ruelle en ruelle jusqu’à un établissement ouvert au fond d’une impasse. Je suis confiant, il y a un fanion avec un bol de ramen !

On entre et on découvre un bar avec deux espaces pour manger, sur des tatamis surélevés. On ne voit personne. La patronne arrive vite et semble surprise de nous voir, à juste titre remarque. Elle n’est pas d’origine japonaise mais ne parle pas anglais pour autant. JH utilise son skill franco-japono-anglais pour se faire comprendre et on arrive à lui faire dire le nom des plats sur la carte. Allez, gyoza et yakisoba pour tout le monde. On lui fera gagner sa soirée. Et pour arroser ça, je prendrai un whisky ! Le belge veut un soda mais la patronne lui dit qu’ils sont pas bons ! On se marre tous devant cette révélation et il finit par prendre aussi un whisky.

Elle a la main lourde, autant sur les glaçons que sur l’alcool. Mais il n’est pas mauvais. Les yakisoba et les gyoza sont aussi excellents. Nous n’avons pas eu la chance de pouvoir échanger avec la patronne car elle est restée en cuisine tout du long, sauf pour remettre une marmite à un client qui l’avait commandée par téléphone. C’est l’esprit petite ville ça.

Il est presque 22h, le onsen va bientôt nous être accessible alors on rentre. La nuit est fraiche. Onsen, onsen, onsen, nous voilà. On enfile nos yukata et la classe trouve enfin ses maîtres. J’exagère même pas en plus !

JH a déjà fait trempette dans l’après-midi alors on le suit. C’est le taulier. Arrive le moment fatidique. JH, le belge et moi dans la cabine regroupant les paniers en osier où l’on range ses affaires. L’heure de réaliser son rêve. Je suis le premier à poil. Et non, je ne suis pas pudique, sauf quand je sais que ça gênera les gens de se voir imposer ma nudité. Je suis pas exhibitionniste non plus, c’est juste que j’en ai rien à foutre de mon corps. Je suis maigre comme un clou et alors ? Si je m’arrête au jugement des gens, vos jugements, leur jugement, je suis pas prêt de m’épanouir.

Il fait frisquet dehors quand on fait un cosplay d’Adam ! Hop, vite une douchette, le belge à côté de moi. Alors, soyons clair, il n’y a rien de sexuel à prendre une douche à poil avec un pote. Enfin, quand c’est au onsen hein. En dehors, j’avoue, c’est ultra tendancieux. Je le ferais pas par exemple. Ça va, j’ai mes limites aussi. Enfin le bain chaud salvateur. C’est vraiment chaud mais on est pas brulé au 3ème degrés non plus. Dans la fraicheur nocturne, le bassin fume sous la lumière des projecteurs. JH nous rejoint après, vu qu’il n’y a que deux douches. Ah oui, je vais un peu expliquer le concept des onsen/bains publics quand même.

Le bain est pour se reposer, se détendre et profiter des bienfaits de l’eau. Il faut d’abord se laver et bien se rincer pour ne pas mettre de savon dans le bain. C’est ce qu’on a fait, on s’est détendu. On a parlé de notre pudeur ou de notre non pudeur, etc. On a bien passé 30 minutes dans le bain et ça commençait à être vraiment chaud. Donc on est sorti avant de cuire trop.

Ça fait trop du bien de montrer sa bi… d’être dans l’eau à ne rien faire. C’est aussi assez fatiguant mine de rien mais nos muscles endoloris nous remercient pour ce moment de bien-être. Le sommeil nous a vite fauché et les rêves furent paisibles.

Le lendemain matin, check-out de 10h fait à 10h30. Le belge est parti se balader pendant que JH et moi dormions. Avant de quitter les lieux, le patriarche nous remercie bien bas et nous sert la main. Très sympa ces gens, vraiment. On a laissé nos bagages pour aller se promener une heure avant le départ du train, l’occasion de voir quelques paysages.

C’est bôôôôôôôôôôôôôô. Mais il faut partir. Le belge va se faire une visite du pays en commençant par Nagoya alors que JH et moi rentrons à Tokyo. Pour une fois, le destin me sourit quand JH prend une place derrière moi dans le Shinkansen et que deux charmantes jeunes femmes prennent les deux places laissées libres.

J’ai passé un excellent week-end, le dernier que l’on passait à trois. Le cadre, le ryokan, le restaurant, le onsen, les balades… même le parc aux singes était sympa à défaut d’être super. Comme souvent entre amis, on a beaucoup ri et c’est une grande part d’un week-end réussi. Je regrette pas du tout cette excursion, bien au contraire !

Après tout, j’ai réalisé un rêve quand même !

6 Réponses

  1. Tu n’as pas le droit de me faire souffrir, à ce point : je rêve d’aller à jigokudani, y voir les macaques dans les sources !
    Tu me nargues…
    Je m’en fous, moi je veux le voir, et j’irai, l’hiver, au milieu de la neige.

    • je serais curieux de voir ça sous la neige aussi. Il doit y avoir moyen de faire des putains de photos (passez moi l’expression)

  2. 3 hommes nus dans un bain, à la fraîche… la proximité, ça rapproche ! Enfin ce qui se passe au ossen, reste au ossen :-)

    Il fallait bien que quelqu’un le dise :-)

  3. Je ne peux que plussoyer, un petit onsen après une bonne journée bien fatigante, c’est comme si on prenait un bain dans une capsule régénératrice saiyen!

  4. Moi aussi je veux voir ton zizi !

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