Setsubun

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J’aime bien ce mot. Seeeetsuuuuuubuuuuun. Allez-y, dites le à haute voix ! Il est joyeux, plein d’entrain et même si on ne sait pas ce que ça veut dire, on imagine que c’est quelque chose de bien. Et ça l’est, assurément.

Si ce week-end c’était pour les chinois le nouvel an chinois, pour les japonais, c’était setsubun, la fête du printemps selon l’ancien calendrier lunaire. La fête, c’est bien. Le printemps, même si c’est pas d’actualité, c’est bien aussi. Et la lune, c’est pas une mauvaise chose. Qu’est-ce qu’on peut donc en déduire ? Setsubun, c’eeeeeeest… bien maiiiiissss pas d’actualité avec le temps. Car le printemps n’est qu’une vague idée malgré le soleil de se dimanche.

Avec Lupi, on a un programme assez abstrait qui laisse place à l’improvisation si il faut, mais avec comme point de départ le temple Yasaka, proche de mon appartement. Il y a des célébrations dans divers endroits en ville alors pourquoi celui la en particulier ? Parce que la veille au soir, alors qu’on se baladait, on est tombé sur la répétition d’un spectacle dans ce même temple : La danse du dragon. C’était cool et il n’y avait personne, contrairement au lendemain où le temple est assailli de curieux.

Malgré tout, on arrive à se faufiler en face de la scène (les représentations ont lieu dans un petit bâtiment au centre du temple, qui est ouvert sur 4 cotés mais les artistes sont toujours tournés vers le même endroit). La fête a déjà commencé et c’est une troupe de « taiko », masqué avec des figures de démons qui joue une petite histoire sur fond musical. Un spectacle muet où la musique remplace les mots, où la gestuelle est aussi importantes que les regards et les échanges entre comédiens. C’est drôle et le son des taikos est envoutant !

Dommage qu’on ait raté le début parce que c’était cool ! A la fin de la prestation, les musiciens/comédiens se répartissent tout autour de la scène pour balancer dans la foule, qui devient très agitée pour le coup, de petits sachets en plastique contenant… des trucs. Ouais, au début, on savait pas ce qu’il y avait dedans. On en a pas eu, la faute aux lanceurs manchot et un peu a la distance entre la scène et nous. Au final, ces sachets contiennent des Mame (prononcé mamé), des graines de haricot grillées. Normalement, on les jette de sa fenêtre en criant « ni wa soto ! Fuku wa uchi ! », soit « dehors démon ! Dedans bonheur ! »

j’adore cette photo. Trop mimi la petite !

On ne s’est pas fait attaqué par des sachets de Mame pendant cette journée donc j’imagine que c’est moins répandu de nos jours comme tradition.

La fête n’est pas fini, loin de la et ce sont nos amis de la danse du dragon qui arrivent sur scène ! On avait peur de les avoir raté mais c’est notre jour de chance on dirait ! Est-ce que les répétitions ont porté leur fruits ? Presque. Il y a eu une chute du Dragon vert qui a glissé sur le parquet. Ma mère m’a toujours dit de pas être en chaussette sur le parquet, ça glisse. Il aurait dû écouter ma mère. A noter quand même le self-control total du monsieur (seul homme parmi la troupe) qui tenait la tête du dragon et ne l’a pas laché quand il a chuté. Respect.

La danse dans sont ensemble est super jolie. Difficile d’imaginer que deux personnes sous un drap puissent donner une impression de vie à cette icône. On oublie vite les comédiens pour ne voir que ces deux dragons qui tour à tour se cherchent et se fuient, pour mieux se synchroniser au son d’une flûte stridente. On était pas en chine mais pas loin. On rate encore le lancé de Mame, toujours un peu trop loin.

Une longue pose nous permet d’approcher un peu plus de la scène. On ne sait pas trop ce qui va arrivé mais on espère voir une démonstration de danse de Maiko (les apprenties geisha) dont Lupi à entendu parlé. Elle est mieux renseigné que moi à ce niveau.

L’attente est récompensé. Des visages blancs, de beaux kimonos et une stature impeccable. Presque impassible, le visage fermé, elles n’en sont pourtant pas moins expressive. Le maquillage diffère légèrement et les traits du visage finissent de donner cette impression de sévérité à l’une, ce léger sourire à l’autre, une pointe de tristesse à cette dernière. Certaines sont plus jolies que d’autre mais toutes rayonnes d’une classe folle.

La prestation est à leur image. Elegante, sobre, distinguée et parfaitement maitrisée. Une danse lente, à peine troublée par le son des grelots qui prolongent une de leur main. Des grelots, un éventail. Des deux, je ne saurais dire lequel leur va le mieux. On a changé d’époque au moment même où l’on plongeait nos yeux dans ce tableau qui se peint en direct. Le brouhaha de la rue est un lointain souvenir. Pourtant, c’est déjà fini. Jeté de Mame ? Oui ba non. Une meiko manchote ne lance pas assez loin et les rare fois où on a l’espoir d’accrocher ce petit sachet plein de bonheur, il nous échappe.

Pour la peine, on se casse ! Direction le temple heian, tout proche. Bizarrement, on a l’impression d’être des saumons remontant le cours d’une rivière humaine, une rivière qui s’écoule du temple. Est-ce qu’on aurait pas tout raté par hasard ? Est-ce que toute les célébrations ne seraient pas en même temps ? Y’a qu’une façon de le savoir de toute façon.

On dirait pourtant que tout n’est pas fini. Les moines pyromanes du temple s’apprêtent à foutre le feu à deux tas de branches. Outre l’aspect fun (je vais croire que les moines sont tous pyromanes), ces brasiers servent à brûler des morceaux de bois sur lesquels sont gravés des souhaits. Ces vœux s’envolent vers les dieux en partant en fumé, au son des chants monocordes des moines. C’est pas aussi long que je l’aurais cru, les moines laissant les pompiers se charger du feu avant que celui-ci ne se soit consumé de lui-même. Il n’y avait pas foule pour assister à cette cérémonie. Je serais curieux de savoir ce qu’on a raté avant. En tout cas, à Heian, il n’y a plus rien.

Retour à Yasaka et… y’a plus rien non plus ici ! Il est à peine 16h30, il fait jour, mais il n’y a plus rien ! Même quand ils font la fête, les temples s’arrêtent tôt !

Passé 17h, kyoto est mort. On en a encore eu la confirmation quand on a décidé d’aller à la gare à pied. Ca fait une petite trotte quand même. Accentué par la non-vie de certains coins. Heureusement, la galerie commerciale de la gare, en plus de nous réchauffer, nous apporte surtout de la chaleur humaine. Des gens ! Des vrais gens qui font les boutiques… Nan en fait ce sont des couples qui font les boutiques… Nan ce sont des filles qui trainent leur copains dans les boutique de fringues exclusivement féminines. Ouais, y’a rien pour les mecs ! Ca me surprend qu’à moitié. Lupi est choquée ^^

Il y a quand même quelques enseignes mixtes : les resto, la boulangerie au nom évocateur de « donnez nous aujourd’hui notre pain quotidien », le supermarché de produits importés (avec du vrai vin, du vrai fromage, des pâtes, gâteaux et tout un tas de truc qui m’ont fait saliver). C’est cher mais pas autant que je l’aurais cru.

Dans les étages supérieurs de la gare sont regroupés une dizaine de restaurants. C’est comme une petite rue dans le bâtiment. Mais pour y aller, il faut grimper les 15 escalators (voir ici). Le message lumineux qui me souhaitait une bonne année la première fois que je suis venu, a laissé sa place à une belle animation de saint-valentin, avec petit nounours, cœur et chocolat.

A peine le temps de regarder la séquence que nous voila abordé par une dame, pas plus haute que mon coude. Je ne sais pas si sa petite taille découle de son âge avancé ou de ses origines nippones mais elle ne l’handicape en rien pour venir au devant des inconnus. Misato a une pêche d’enfer, parle un tout petit peu anglais, connait trois mot de français et adoooooore les étrangers. Comment on le sait ?

Plusieurs indices. Elle a voyagé en France et en Allemagne. Elle nous a fait des origamis. Elle a un carnet ou elle demande aux gens de lui laisser un mot (étranger comme japonais). Elle a un carnet avec des textes de chansons occidentales, écrite à la main. Et on a vu tout ça en 30 minutes. Parce que, bien qu’adorable et d’une gentillesse incroyable, elle était quand même « originale » et un peu collante. Lupi a tenté de lui dire qu’on devait partir manger et on a eu très peur qu’elle pense qu’on veuille l’inviter à manger. Ouais, la communication n’est pas toujours évidente et on est pas à l’abri d’un quiproquo. Un message dans le carnet et une photo plus tard, nous voila parti, la laissant derrière nous, « sooooo happy » et nous faisant coucou pendant 5 minutes.

Parfois, on doit paraître étrange aux japonais et parfois, certains japonais nous paraissent étranges.

Après un rapide repas, l’heure n’est pas à la séparation. Il fait froid quand la nuit tombe. Et en s’éloignant de la gare, on cherche un endroit pour boire quelque chose de chaud. Une chaine de café, « café veloce » fera l’affaire. A une époque, j’aurais appréhender le fait d’aller commander quelque chose dans un café au japon. C’est le genre d’endroit ou une simple commande se transforme en intérrogatoire. Mais un interrogatoire où tu comprends rien.

Ce fut le cas.

– Un thé s’il vous plait.
– Nature, menthe, citron ?
– citron
– Vous voulez du sucre avec ?
– Oui merci.
– Pour une ou deux personnes ?
– Une personne.

En japonais. Je parle pas japonais. J’ai tout compris. Autant grâce aux mots qu’à mon esprit de déduction allié à la situation en elle-même. A croire que finalement, même sans apprendre, certaines choses sont inconsciemment retenues.

On a parlé, parlé, parlé. C’est marrant de parler à quelqu’un qu’on connait depuis quelques jours seulement, comme si on la connaissait depuis super longtemps. Simplement, sans réfléchir outre mesure au prochain sujet de conversation, naturellement. Ca fout en l’air tout mon laïus sur ma timidité. Zéro crédibilité pour le coup. Ce qui est aussi étrange c’est de savoir que ce que j’écris à l’instant, elle le lira (sans doute). Parce que la, j’écris un peu comme si je parlais à un journal intime. Un journal intime consulté par 60 personnes par jour mais un journal int… ouais nan, un journal pas intime en fait.

Bref, je m’égare. 23h, « ce n’est qu’un au revoir » résonne dans les hauts-parleurs et c’est le signe qu’il faut partir car le café ferme.

Cette fois, on se sépare pour de bon. Son voyage au japon continu vers le sud, le mien se sédentarise encore un peu à kyoto. C’est elle qui m’aiguillera sur ma prochaine destination maintenant, les rôles s’inversent.

J’espérais pas grand chose quand j’ai répondu à ton annonce. Je suis un connard après tout mais je le cache bien. J’ai été surpris. Par ton aisance dans ce pays que tu vis pour la première fois. Même si il ne t’est pas étranger, il y a une différence entre savoir et connaitre. J’ai été surpris par la simplicité avec laquelle tu abordes les gens, avec laquelle tu vis ton aventure. Tu m’as surpris par ton naturel. Pas de faux semblant, pas de prise de tête. De l’autodérision, beaucoup d’humour et un sourire franc. Tu m’as surpris par ton honnêteté et ta franchise. Les sujets personnels ne t’ont pas dérangés. Enfin tu m’as surpris car tout ces bons cotés ont été communicatif. Si je n’étais pas timide, c’est sans doute car tu ne l’étais pas non plus.

Tu m’as dit qu’on venait tous au japon pour chercher quelque chose.

J’espère que tu l’as trouvé.

(pffff trop de sérieux dans ces derniers paragraphes ! Faut que j’arrête de sortir les violons…)

11 Réponses

  1. Et donc maintenant c’est les japonais que tu trouves collant et qui t’ennuis quand tu fais ton touriste…

    Non mais ok quoi. Et genre tu as aussi sotsugyouté de la prise de photo des jupettes de jeunes écolières ?

    • non les photos d’écolière j’ai arrêté. Les parents demandent trop d’argent.

  2. on aurait aimer en savoir un peu plus sur mademoiselle lupi ( age, profession, lieu de résidence…) elle a un blog ?
    ça a été une belle rencontre qui t’a sortie de ta bulle de « connard » d’hermite :-)

    • ce sont des infos personnelles. Tout le monde n’a pas ces infos sur moi donc je les communiquerai pas sur mes rencontres. Mais non, pas de blog 😉

  3. une fois une vielle m’a branché dans aix me demandant dans quelle ville j’habitais moi je faisais mon gentil et je lui répondais jusqu’au moment ou elle m’a demandez si je pouvais l’amener a Marseille et en échange j’aurai une bouteille d’alcool o_°,
    je sais pas comment je dois le prendre, soit j’ai une tête d’alcoolique soit elle voulait abuser de moi. j’ai pris mes jambes a mon cou…

    tout ça pour dire qu’il faut se méfier des petite vielle qui nous aborde dans la rue :-))))

  4. Alala ces moines pyromanes…

    Et Misato elle fait peur.

  5. pas mal , une petite larme coulait qur mes joues a la fin de l’article . Je ne sais pas si c’etait des larmes de tristesse ou de joie ahah , non je dec. Serieux , pas mal la petite vieille , sympa meme dirais je d’aller vers les gens comme ca . Et sinon , concernant lupi , plus d’info pour la connaitre un peu plus aurait ete bien mais je comprend parfaitement , c’est tout a fait normal . Par contre , j’espere que toi et lupi gardere le contact car ca avait l’air de bien fonctionner entre vous deux , t’avais l’air moins timide sur les photos .

    • au passage jaime bien la sele du velo , limite pervers j’aime bcp hihi

  6. Nan mais elles sont ou les idols? On m’aurait menti?

  7. Mais t’arrête un peu ! Y a intérêt à ce que je retrouve le grand timide misanthrope en mai hein !

    Le Japon c’est pourri, ça rend heureux les gens, meilleurs, à tous les coups tu va finir le coeur comblé !!!

    PAYS DE MEEEERDE !!!

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