Miyajima – partie 3

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Il y a deux ans et demi, comme je l’ai dit, on était en galère financièrement avec mon camarade seasher. Le genre de soucis qui te trotte dans la tête parce qu’au final, tu sais pas si tu pourras manger le soir, encore moins le lendemain. Résultat, personnellement, je me sentais pas l’âme d’un explorateur et sans même se concerter, nous n’avions pas trainé sur l’île, ratant au passage pas mal de choses.

Cette fois, je sais ce que je veux faire et je n’ai plus de soucis me minant le moral. A la sortie du temple Itsukushima, si vous jetez un oeil par dessus les maisons du coin, une petite pagode devrait vous faire signe. Cette pagode… presque personne ne va l’avoir. Je l’avais vu la dernière fois et j’étais tout seul. Cette fois, il y a un couple en plus. On est très loin de la foule qui grouille à même pas 100m de là.

Pourtant, cette pagode, en plus d’être très sympathique, est le point de départ de l’un des trois chemins menant au sommet du Mont Misen, le mont qui surplombe de toute sa hauteur l’île. Ouais, j’aime définitivement la nature depuis que je suis au japon alors quand, en regardant les cartes de l’île, j’ai vu ces petits sentiers, je savais que je serai dessus assez rapidement. Et tant qu’à faire, vu que comme d’habitude, j’ai pas la tenue adequate ni les chaussures adaptées pour y aller, je prends le chemin le plus difficile mais aussi, le plus beau.

Avant d’attaquer la grimpette, je fais une pause par le temple Daishoin. Il est sur la route, ça serait trop con de ne pas y aller. A flanc de colline, avec ses batîments éparpillés et son ambiance reposante, c’est une paranthèse agréable. Et ce ne sont pas les centaines de regards braqués sur vous qui doivent vous empêcher de profiter de l’instant.

Ouais, il faut savoir qu’ici, c’est un peu la colonie de vacance des petites statues à bonnet. Pourquoi à bonnet ? Parce qu’il fait froid bien sur ! Et parce que c’est plus joli une statue avec un bonnet. Entre les  petits bouddha rondouillards et les statues d’animaux, vous trouverez forcément celle qui vous correspond. Celle avec un regard bienveillant ? Celle qui rigole ? Celle avec un regarde qu’on interprète comme de la perversion ? Les détails sont en tout cas impressionnant !

Mais bon, c’est pas le tout, j’ai une grimpette qui m’attend. Dès la base du sentier, un panneau vous met en garde. « Attention, ça grimpe fort et il y a beaucoup de marches ». Ouais, je le savais mais si c’est encore rappelé ici, c’est que ça doit être très vrai. Mais je ne me décourage pas. Quand je vois ce paysage, j’ai qu’une envie c’est de monter !

Je vais pas vous mentir, j’en ai chié. Mais vraiment. J’ai détesté mon manque d’endurance et ma musculature de moule. Si vous connaissez « saint seiya » et les marches du sanctuaire, vous pouvez imaginer le calvaire qu’est cette côte. Un peu moins de 2 km de marches… que des marches. Nan ok, quelques fois, il y a des airs de repos ou des parcelles presque plates mais c’est juste pour vous faire croire que vous êtes arrivé dans une partie simple ! Parce que rapidement, ça remonte de plus belle.

Mais je suis pas déçu, loin de la ! Le paysage est superbe, entre la fôret et cette partie de la montage qui s’est effondrée, on en prend plein les yeux et plein les poumons. On respire !!! Le panneau en bas indiquait une ascension de 2h en moyenne. J’ai du mal à perdre cette habitude parisienne qui transforme une marche simple en marche rapide. Même ici, alors que tout me pousse à ralentir, j’ai tendance à aller un peu vite. Pourtant, je vois bien qu’il faut prendre son temps et profiter. Les randonneurs que je croise sont calmes, marchent à leur rythme et encore une fois, comme dans tous les chemins de randonné que j’ai fait, presque tout le monde vous dit bonjour.

Plus on monte et plus la vue est belle. Le regard n’est gêné par rien, ni les arbres, ni la petite brume qui rehausse une ambiance déjà très prenante. On voit que des travaux assez récents ont été pratiqué, avec ce petit barrage ou encore sur le chemin qui le longe. Au dessus, c’est une partie de la montagne qui s’est écroulée. Le silence qui règne ici est irréel, à peine dérangé par les rires éloignés des randonneurs que j’ai doublé un peu plus tôt.

Très vite, j’arrive au presque sommet. J’y croise, dans un coin à peine reculé, une biche et son petit. La maman n’est pas peureuse et me lèche la main. Le petit par contre, est craintif et je le laisse tranquille. Ce sont quand même des animaux semi-sauvages, même si ils sont habitués à l’homme.

Le reika-do… le temple de la flamme éternelle. Avouez que ça en jette comme nom. Un vrai symbole, de longévité d’abord car une flamme y est allumé depuis 1200 ans et ne s’est jamais éteinte depuis. Cette flamme a servi à allumer la flamme de la paix à Hiroshima. C’est aussi un symbole de l’amour car c’est un temple pour les amoureux. Déclarer sa flamme ici, c’est juste parfait !

Bon, je touche au but, le sommet est à porté de main. Je slalome entre les rochers et arrive enfin au point le plus haut accessible. Je précise accessible car le vrai observatoire est en travaux. On ne peux donc accéder qu’à une toute petite partie du sommet, me restreignant à une vue à 180°.

Mais quelle vue !!! Je suis juste sur le cul ! La mer intérieur avec ses nombreuses îles, sortant à moitié de la brume… c’est magnifique. Oui, la je suis devant une des plus belle vue du japon. Je ne regrette pas les efforts, la sueur et les futures courbatures parce qu’à ce moment la, j’oublie tout. Je suis au sommet du monde. Je profite simplement. Les photos, les vidéos, même mon témoignage ne peut pas rendre hommage à ce qui se présentait devant moi !

Je suis resté longtemps la-haut. J’ai vu défilé les randonneurs, qui eux aussi était soufflés par ce spectacle. Nombreux étaient ceux qui, comme moi, s’installaient un long moment, savourant aussi bien l’air frais que le silence de la nature. Il ne faisait pas froid heureusement.

Mais à un moment donné, il a bien fallu redescendre. J’ai pris un autre chemin bien sur, pour découvrir une autre partie du mont. Je n’ai pas pris le téléphérique car mon but n’était pas d’aller vite, vous l’aurez compris. En plus, il était en rénovation. Le chemin que j’ai pris pour descendre passe par le parc Momijidani. L’hiver a fait son effet sur la nature et je ne peux qu’imaginer la beauté du lieu l’automne venu. Mais du coup, présentement, il a un intérêt plutôt limité. La descente est plus rapide que la monté mais pas moins fatigante.

il est 17h passé quand je retrouve le bord de mer.

Définitivement, la plus belle vue de miyajima n’est pas ici mais bien au sommet du mont Misen.
Pourtant, cette vue ci est aussi très impressionnante et mérite le déplacement. Seulement, elle me touche beaucoup moins que d’autres paysages. Je suis moins sensible à ce décors qu’à d’autres que j’ai pu voir depuis presque 5 mois.

Alors pourquoi j’ai passé les deux premiers articles à cracher dessus en raillant cette « plus belle vue du japon » ? Pourquoi être si négatif pour au final avoué que c’est quand même joli.
Parce que je ne suis pas d’accord avec cette dénomination, qu’on lit un peu partout dès qu’on fait référence à miyajima. Parce qu’avoir un point de vue moins enjoué peut en amener certains à appréhender le lieu différemment. Parce que si tout le monde était d’accord sur tout, le monde serait chiant. Parce que ça m’agace quand tout le monde est d’accord.
Je ne voulais pas faire un énième article qui encenserait miyajima. Déjà, parce que ce n’est pas mon style, ensuite parce que je voulais que vous vous posiez des questions. Pourquoi je suis négatif ? Qu’est ce que j’ai pas aimé ? Pourquoi je n’ai pas aimé ? Pourquoi tout le monde aime et pas moi ? Si je n’aime pas, est-ce que vous aimerez ? Ensuite, pourquoi je n’ai pas aimé autant que tout le monde car au final, je ne déteste pas, j’aime juste moins que la plupart des gens. Si vous êtes déjà venu à miyajima, vous m’avez peut-etre trouvé dur, méchant envers ce lieu. Mais qu’est ce qui est le plus constructif ? Avoir un autre avis ultra positif qui répétera la même chose que tout le monde ? Ou un article résolument négatif dans un premier temps, et qui fini par avouer que cette île est quand même magnifique ? Juste pour des raisons différentes de celle évoquées dans la plupart des sites.

Car pour moi, le trésor de cette île, c’est le mont Misen. Aussi bien l’ascension que le sommet en lui-même. Je voulais m’être l’accent sur cette partie de l’île que trop peu de gens visitent, ou alors rapidement en prenant le téléphérique, en passant en coup de vent. C’est le meilleur moyen de passé à coté des beautés de cette nature. J’ai adoré miyajima. Bien sur que j’ai adoré !

Même si je n’étais pas menacé de lapidation par une centaine de petit cailloux aiguisé et pointu, j’y serais allé.  Mais si vous devez y aller à votre tour, ne restez pas en bas. Explorez, marchez, perdez vous si vous en avez le temps. Je suis sans doute passé à coté de plein de choses encore mais ce que j’ai vu m’a déjà bien comblé.

 

7 Réponses

  1. J’ai rien compris à la lapidation précédente… si on comprend pas, faut aller lire ailleurs…
    Miyamija c’est EXACTEMENT comme ça que je l’ai vécu.

    • ça me fait plaisir de pas être le seul à avoir vécu miyajima de cette façon !

  2. et là les tweeter ils ferment leurs gueules
    oups je suis impoli je vais dire  » ils la ramènent moins  »

    je pense aussi que les lieux supra touristique perdent leurs charme (trop de monde trop vue trop lu) et dès fois, pousser un peu plus loin, pousse une porte, monter une marche ( ou des marches :-) )peu nous faire découvrir le même lieu mais d’un angle différent, ce que tu as fait et que tu nous as fait découvrir

    • j’adore aussi les boudhas avec les bonnets on dirai du street marketing pour une marque de bonnet :-)

  3. Revoir ces marches me fait mal aux jambes, j’en ai vraiment bavé pour arriver au sommet (je ralentissais mes camarades d’ascension en plus), et comme toi j’étais pas équipé pour une montée comme ca (chaussures arrivant en fin de vie et jean) résultat je me suis ouvert les talons jusqu’au sang à cause du frottement chaussettes-chaussures (ca m’a pourri un peu le reste du séjour après). En plus c’est limite si tu montes sur la pointe des pieds tellement les marches sont pas bien larges (et elles sont hautes en plus de ca T__T). Bref à plusieurs endroits proches du sommet je me suis dit « c’est trop, j’en peux plus, mes jambes sont nazes » mais allé, encore un petit effort, allé! Et finalement le sommet.

    Quelle vue. Vraiment une très belle récompense après tant d’efforts, j’étais vraiment fier de moi sur ce coup.

    Par contre pour descendre j’ai pris le téléphérique, mes camarades descendant a pied et voyant comment c’était assez raide je me sentais pas capable de les accompagner, mes jambes étant vraiment mortes. Je crois que j’ai fait aussi le parc Momijidani mais en mode zombie (juste après ma descente de périphérique) ^^

    Bref, le mont Misen est génial, je le referais bien volontiers la prochaine fois que je vais a Hiroshima. Après le temple d’Itsukushima faudrait y aller a marée haute je pense, ca pourrait te faire changer d’avis ou mieux apprécier le temple?

    Bref désolé pour le pavé, Miyajima c’est le bien et puis c’est tout ^^

    • A marée haute, c’était en 2010, je regardais mes photos tout à l’heure et … non, c’est pareil. Et ouais, miyajima, c’est le bien 😉

  4. j’adore lire tes aventures, cela me rappel tellement mon propre voyage tant j’i retrouve ce vécu sur le moment.
    ayant pris aussi le chemin le plus difficile, je me souviens d’une petite bifurcation 15 min avant le sommet ou en coupant à travers la foret 2 minute tu pouvait atteindre aussi une zone avec d’énorme rochet plat qui offrait un panoramas vraiment magnifique et ou quasiment personne ne vas  » juste un couple de retraité japonais croisé en 45 min ».
    j’ai hâte de suivre tes prochaine aventures.

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