On a jamais assez de temps. On passe son temps à courir après le temps. C’est assez drôle du coup. Surtout quand on sait que la solution pour en avoir, du temps, est à porter de main. Ne (presque) pas dormir ! Déjà vous gagnez facilement 4 à 6h dans la journée, parce qu’il faut bien s’accorder une petite sieste régénératrice quand même. Ensuite, commencez votre journée à minuit !!! C’est essentiel !
Et c’est ce que j’ai fait, sans aucune préméditation, par la force des choses et en me laissant guider par mes envies. Le résultat a été très surprenant !
Commençons par le commencement, à minuit donc. J’étais chez des amies et j’avais laissé mon costume de sumo pour retrouver mes habits normaux. Non, ne m’imaginez pas en sumo s’il vous plaît. S’en suivent 5h de discutions, d’échanges d’idées, d’expérience, de rires, enfin tout ce qui se passe dans une bonne soirée entre amis quoi. A 5h du matin, retour dans ma maison non sans avoir esquivé une voiture de flic histoire d’être tranquille. C’est pas que je les aime pas mais j’ai pas envie d’expliquer pourquoi je suis ici à 5h du mat’. Il fait encore nuit mais dans peu de temps, le soleil va se pointer. Ca fait quelques temps que l’idée d’aller à Shibuya au petit matin me trotte dans la tête, histoire de voir l’ambiance calme et presque vide qu’il y règne. C’est la bonne occasion pour le faire, je suis pas fatigué en plus. Hop, je fonce à Shibuya !
Il est 6h quand j’y arrive et en ce dimanche matin, les fêtards rentrent chez eux, le pas aussi assuré qu’un bébé biche et des têtes de zombie sous prozac. Il y a plus de monde que je l’aurais cru mais on est bien loin de la fourmilière survitaminée si caractéristique du lieu. Les écrans sont éteints, aucun jingle, aucune musique, seul le bruit de taxi et les bafouillages incompréhensibles de la faune locale viennent perturber ce tableau. Je découvre un peu l’autre Tokyo. Celui que j’avais effleuré lors de quelques balades nocturnes en vélo mais qui cette fois, se trouve magnifier par les températures douces de ce début d’automne. Des groupes sont formés à droite à gauche dans les ruelles, certains totalement paumés et dans le vague, d’autres beaucoup trop actifs pour être net. Rares sont les passants lambdas comme moi, témoins et mémoire de ces 10 minutes de leur vie.
Je décide de pousser jusqu’à Harajuku, le catalogue urbain de la mode aléatoirement maîtrisée, souvent étonnante, parfois étrange mais jamais classique. Les boulevards et les trottoirs se déroulent sous les pas de deux jeunes hélant chaque taxi qui passe. En vain pendant 10 minutes jusqu’à ce qu’un chauffeur ait finalement la présence d’esprit de ne pas déjà avoir de clients.
Omotesando est un havre de calme et de tranquillité. Quelques camion de livraison charrient des bac entier de vivres pour les combini, quelques joggers entretiennent leur forme mais globalement, Harajuku ressemble à une japonaise démaquillée. Certains la trouveraient moche et fade, moi je la trouve tout aussi intéressante et moins superficielle. Peut-être que la Takeshitadori, LA rue piétonne du quartier saura me montrer que le quartier n’est pas si mort que ça quand les magasins sont fermés. Raté, les camions poubelles sont les principaux acteurs de ce ballet du néant, cette valse du vide. Pourvoir marcher en ayant les bras écartés est un luxe rare dans cette rue. Mais sans la foule et la vie, ce n’est plus la même rue.
7h30 passé, je devrais peut-être rentrer. Ou alors, je peux m’arrêter à Ikebukuro et voir comment est le quartier si tôt le matin. Direction West gate park et je suis surpris de voir qu’un matsuri se prépare. Enfin, tout est en place vu qu’il a commencé samedi. je garde en mémoire pour le cas ou je ne saurais pas quoi faire plus tard. Retour du côté Est de la gare et la rue Sunshine, elle aussi très bruyante et vivace en temps normal alors qu’à 8h, c’est le calme plat. Ce n’est pourtant pas si tôt non ? Pour un lendemain de soirée, sans doute que si. Je rentre à pied jusque chez moi pour faire un petit somme quand même. Dormir est une perte de temps mais il parait que l’organisme a besoin de se mettre en veille de temps en temps. Soit. Je met le réveil à 12h30. Je me réveille à 10h30. 2h de sommeil, tu te fous de ma gueule mon corps la ? On repart pour deux heures.
Douche, manger et je retourne à Ikebukuro pour 15h et retrouver Ismath. Le matsuri est cool et on passe du coq à l’âne en un clignement d’œil. Démonstration de taiko, les tambours japonais au sortir de la gare. C’est vraiment puissant comme son mais la gestuelle est aussi très forte en énergie. Le physique des musiciens pourrait avoir son importance car il faut de la force et de la résistance mais quand on voit un quinquagénaire maigrichon faire aussi bien qu’une armoire à glace, on se dit qu’il faut plus que des gros muscles.
Ensuite, ce sont les écoles de danse du quartier qui font leur prestation, avec des groupes de tous âges. Des toutes petites de 5 ans aux ados hip-hop style. Ce n’est pas parfait, on dirait un spectacle de fin d’année mais c’est vraiment plaisant à voir et les enfants ont tellement l’air de s’amuser qu’on pardonne toutes les petites erreurs.
Du côté de la place de la fontaine, c’est le coin stand de bouffe et de boisson, sans oublier le club du 3e âge qui scouatte les tables devant la scène, heureux de voir des chanteurs et chanteuse de leur âge pour les distraire. Le pays vieilli, j’en ai la preuve sous les yeux. Dans une rue proche, les mikoshi (temples en bois transportables) ont fini leur promenade dans le quartier et les porteurs se reposent en faisant leurs plus beaux sourire pour les photos.
J’ai des achats à faire dans la boutique Ghibli du Sunshine 60 alors on retourne du côté Est. Dans le centre commercial, on tombe comme par hasard sur un live des « Tokyo girl style », groupe d’idol que je n’aime pas vraiment mais dont 2-3 chansons me parlent quand même. Alors on reste pour voir tout le concert. Se promener et avoir ce genre de surprise, c’est aussi ça le Japon. 45 minutes de concert au milieu d’un centre commercial avec un public à bloc et des curieux qui s’arrêtent pour découvrir.
La boutique Ghibli est un piège car vous voudrez acheter tout ce que vous verrez. Seul le prix vous freinera. Mais quand même. Les peluches et les figurines sont tellement bien ! Tout comme les protège s-cuvette de toilette Totoro… A la caisse, la caissière est super méga jolie. Un mélange de yuko des AKB pour les fossettes et le regard et de Miwa pour le sourire. J’ai d’ailleurs le T-shirt du concert de miwa sur le dos. Une de mes meilleures idées de la journée d’avoir mis ce t-shirt car elle me demande en anglais si j’ai été au concert. Euuuuuh arrêtes de ma parler en me souriant comme ça s’il te plait T_T
Je lui réponds par l’affirmative et à son tour me dit qu’elle aussi et que miwa était « so cute ». Et moi, comme une merde, je lui dit juste que oui, elle l’était et que le concert était génial… et c’est tout. Je veux mourir.
19h, j’ai froid, je quitte Ismath et vais m’acheter un semblant de gilet. Le truc qui même en XL, à des manches trop courtes. Mais je pense que c’est fait exprès, c’est un manchacourt en fait. M’en fou, j’ai la classe quand même. Je reste dans le coin d’ikebukuro car mes deux compagnes de la nuit (en tout bien tout honneur) doivent me rejoindre histoire de faire un purikura et manger un morceau. Le purikura (photomaton avec plein d’effets rigolos) et fun est trop petit pour ma taille, comme d’habitude. Si le ridicule tuait, on serait pas loin du génocide dans certains étages remplis de purikura. Tout est prévu ici, des miroirs pour se maquiller, des costumes pour se déguiser, plein de machines aux effets différents… et c’est rempli d’écolières ! Les mecs sont rares et les occidentaux encore plus. Vous voulez voir les photos ? Dans vos rêves !
Au repas nous auront des okonomiyaki(kka) et comme d’hab, grâce à mon master en okonomiyaki, je gère à merveille ma préparation. C’est simple, c’est tellement bien fait qu’on dirait que un clone de moi qui l’a fait ! A noter que mon Bac pro pâtisserie me sert au moins à faire un décors « mille-feuilles » sur le dessus.
Le ventre rempli, la tête aussi, la soirée n’est pourtant pas fini. Je ne suis pas adepte du jeux en salle d’arcade mais certaines si, surtout sur Jubeat et DDR. Elles sont bonnes à marier, je vous le dis. Sans surprise, mon sens du rythme n’est pas excellent et mon « jubeat-like » sur ipad ne m’aide pas à être meilleur. Quand à DDR, je me refuse à monter sur cette machine de torture. Je ne veux pas perdre mon reste de dignité >_<
Le temps de rentrer à pied, de me séparer de mes amies et me voilà chez moi, prêt à chercher des photos pour l’article d’hier. Morphée ne me tendra les bras que vers minuit et demi.
Voilà l’exemple typique de journée un peu folle qu’on peu faire ici. Entre surprises, découvertes, improvisation, bonne compagnie et pas mal de chance, on arrive à couvrir tout le spectre des plaisirs de la vie au Japon. Le genre de journée infaisable en France, à cause d’un manque d’intérêt flagrant (se balader à 6h avec un appareil photo à Paris ? Un matsuri ? Des idols ? Boutique ghibli ? Purikura ?) mais surtout car la France ce n’est pas le Japon. Il y a aussi des milliers de chose à faire mais je ne m’y retrouve pas. Le genre de journée qui me fait regretter mon départ dans 4 jours.
5 Réponses
cyril
si si on veux voir les photo
J-4 trop dur pour toi
Skaree
tout ce que je peux te dire c’est bon courage et profite des derniers jours.
je te recontacte quand tu seras de retour ici pour toute les infos sur le WH
albatruc
Merci et n’hésite pas pour les questions. On m’en pose déjà actuellement sur l’article « Visa working holiday » si tu veux jeter un oeil.
Catycat
Eh ben dis-donc, si on m’avait dit quand j’ai commencé à lire ton blog qu’un jour je serais dedans!!
Et d’abord pourquoi tu rentres en France?? T’es pas bien au Japon? :p
albatruc
Tu pourrais même y etre en photo dans le dernier article d’ailleurs. Tu aurais dû y être depuis longtemps mais si je racontais tout ce que je fais à Tokyo, je n’aurais plus d’intimité.
Et non, je suis pas bien à Tokyo, c’est tellement surfait et moche comme ville… Vivement Paris ! T_T