J’ai dit que la vie était une chienne une fois. C’était pas sympa pour les chiennes et je m’en excuse. Je le pensais à l’époque pourtant, mais c’était juste une façon de dire que j’étais pas foutu de me prendre en main. Je sais pas si les choses ont changé à ce niveau aujourd’hui. J’ai pris une partie de ma vie en main mais c’est la partie facile, la partie irréaliste. Je vis comme si j’avais gagné au loto mais sans l’argent qui va avec. C’est de l’oisiveté mesurée et calculée, pas vraiment un modèle de prise de conscience en vue d’un changement profond.
Mais j’ai la tête dans le guidon, le nez sur ma feuille, les mains dans le cambouis et je ne vois même plus ce que je fais ni ce que je vis. Heureusement, j’ai parfois quelques éclairs de lucidité pendant mes pérégrinations solitaires. J’ouvre les yeux et je regarde où je suis. Tokyo, mégalopole un peu folle, Kyoto la ville aussi bien historique que chargée d’histoires personnelles, Osaka et sa vie nocturne, Hiroshima avec ses cicatrices et sa région envoûtante, Himi où la vie suit son cours, Okinawa la petite Hawaï du Japon… Si je suis là, c’est quand même suite à un choix que peu de monde fait dans sa vie. Pourtant, ça me parait tellement simple pour ne pas dire anodin. Après tout, je l’ai fait. Je veux dire, JE l’ai fait. Moi qui avais peur il y a quelques années de simplement téléphoner à cause de ma timidité, je me suis barré seul au Japon !
Il y a donc un peu de progrès mine de rien, il suffit juste d’y faire attention. Je me suis toujours considéré comme feignant et peu créatif aussi. C’est vrai dans un sens, je suis feignant et peu créatif. J’ai aussi toujours pensé que j’avais pas beaucoup de conversation et que je disais beaucoup de merdes. Dire des conneries, j’assume. En fait, j’avais une trop mauvaise opinion de moi-même, ça me fait peur. Et aujourd’hui ? J’en suis à rédiger mon 150ème article, j’ai fait 10 « reportages », 3 courts métrages, des vidéos en vrac et des milliers de photos. En faisant tout ça, je me disais que si je pouvais le faire tout le monde peut le faire. Rien d’extraordinaire après tout. Mais à lire certains commentaires et certains retours, ce n’est pas aussi simple que je le pensais. Je ne me jette pas de fleurs (ok, un peu), je prends juste conscience que ce que je fais n’est pas rien. Tout le contraire de ce que je pensais.
Être en grande partie seul depuis 8 mois, ça veut dire passer son temps à réfléchir. A réfléchir sur ses choix, ses envies, ses besoins, ses buts, sur soi-même, sur le moment présent, le lendemain, le retour dans la réalité, sur ce que je veux, ce que je ne veux pas, sur ce que je vois autour de moi, sur ce que peux penser la personne en face de moi bref, plus on a de temps pour réfléchir, plus on a de sujets sur lesquels réfléchir. C’est sans doute très effrayant pour beaucoup de monde parce que c’est sans doute la vraie définition de la solitude. Être seul avec soi-même mais entouré de monde. Allez-y dites-le… Nan, je vais le dire pour vous : « Bouge-toi le cul, ducon, et va voir les gens ! ». Croyez-le ou pas mais même dans une situation comme ça, j’ai trop de mal. Mais là où avant je ne savais juste pas quoi dire pour aller vers les autres, ce sont désormais les difficultés avec la langue qui me bloquent. Le japonais, c’est mort et je suis limité par ma capacité à parler anglais. Pas à le comprendre mais bien à le parler. Pourtant, je crois que je pourrais souler n’importe quel français ou française que je croiserais. C’est pas faute d’en avoir vu entre avril et mai. Des amis comme des lecteurs de ce blog, ça a toujours été un plaisir. Qui sait si j’ai pas un peu évolué à ce niveau aussi finalement ? J’ai tendance à ne pas le croire mais je croyais être feignant, pas créatif et pas capable de me démerder seul aussi.
Pour ce numéro 150, je ne voulais pas faire de bilan, ni parler forcément du Japon. Pas directement en tout cas. Tous ces micro-changements n’ont été faisables que grâce à ma présence hors de France et à cette légère impulsion totalement folle que je me suis donnée pour partir. Ça serait sans doute arrivé dans d’autres pays non anglophones donc ce n’est pas le pays à proprement parlé qui me change, juste les situations que je traverse. Peu d’entre elles sont spécifiques au pays d’ailleurs. Mis à part les quelques rencontres que j’ai faites.
L’occasion pour moi de vous parler de ces rencontres, quelques mois après. Yuri et Chihiro d’abord. Elles sont rentrées à l’université et n’ont pas donné signe de vie suite à mon dernier message, plein de banalités en plus. Que voulez-vous, c’est la vie. Je ne le prends pas mal et je ne leur en veux pas. Chacun suit sa voie.
La française que j’avais rencontrée à Kyoto regrette encore le jour où elle a posté son message de demande de visite de la ville. A moins qu’elle ne regrette simplement le fait que j’y aie répondu. Dans tous les cas, elle regrette. Car c’est à elle que depuis quelque temps vous devez ces textes (presque) dénués de fautes, avec du presque vrai français. Elle me force indirectement à faire plus attention et à écrire en avance. Merci à elle donc. (si il reste des fautes, c’est parce qu’elle est nulle donc faut pas lui en vouloir).
La propriétaire de la maison d’Himi ? Je lui ai envoyé le lien vers mon court métrage « Raiyo Sasayaki », qu’elle a adoré et qu’elle compte envoyer à ses futurs locataires. Mais en dehors de ça, on n’a pas parlé de se revoir. C’est autant de ma faute que de la sienne donc balle au centre.
Il y a aussi les quelques lecteurs de ce blog que j’ai eu la chance de rencontrer et avec qui j’ai passé de très bons moments, certes plutôt courts mais très agréables. C’est en les rencontrant que j’ai pris conscience que 3 semaines de vacances, ça passe très très vite.
Quant à… Bah personne d’autre en fait. J’en ai pas fait 50 des rencontres. Je le déplore mais après tout, j’en suis responsable.
8 mois pour 150 articles, c’est déjà les 3/4 de mon année qui sont derrière moi. C’est aussi encore 4 mois de plaisir à vivre et toujours à partager. Si je partage pas physiquement cette année, je le fais de manière détournée ici, sans tabou ni retenue, sans détour ni faux-semblant. C’est parfois décousu, mal construit, sans queue ni tête (à mon image en somme), mais toujours fait avec plaisir. Peu de chance que ça change pour cette dernière ligne droite.
Ce qui va changer par contre, pendant un gros mois, c’est le sujet de ce blog. Car depuis le premier juin, j’ai commencé un petit tour de l’Asie. Ça commence par deux semaines à Okinawa, la petite Hawaï du Japon, je poursuis par trois semaines en Corée, avant de partir une semaine dans la Chine de Shanghai, suivie d’une semaine à Taïwan avant de finir par une semaine à Hong-Kong.
Autant de pays, de lieux différents pour des visions différentes de l’Asie. Si j’ai déjà été en Corée du sud pendant deux semaines, je ne connais pas du tout la Chine et Taïwan. Mes trois semaines en Corée seront l’occasion de confirmer mon impression plutôt bonne sur le pays et de voir si l’accueil des touristes s’est amélioré en 2 ans. J’aurai aussi plus de temps pour explorer le pays. J’y ai loué un appartement, de quoi laisser mes affaires pour pouvoir partir quelques jours à droite, à gauche. En Chine, je serai rejoint par un ami, compagnon de longue date car nous avons fait ensemble deux fois le Japon et une fois la Corée. Pas de programme fixe encore mais on y pense.
Je ne doute pas que bon nombre d’entre vous ne sera pas du tout intéressé par ces pays et je vous invite donc à marquer dans vos agendas de revenir après le 26 juillet, date de mon retour sur le sol japonais. Il sera temps à ce moment-là de refaire un petit point sur cette parenthèse coréano-chinoise et de parler de la fin de mon périple.
On y viendra vite, à n’en pas douter. Un clignement de paupière et ce sera la fin. Ou le début d’autre chose. Toujours cette histoire de bouteille à moitié pleine ou à moitié vide…
8 Réponses
Lous yann
Moi je dit sympas ces quelques semaine a venir j’ai hâte de suivre sa sur le blog alors oui moi aussi je fait des fautes mais j assume je ne suis pas écrivain mais cuisinier chacun sont métier et je suis ton blog tout les jours même si je ne mais pas de commentaire et je suis dégoûté tu a fait ton tatouage avant moi :((( à bientôt dans quelque moi en France
albatruc
Merci
Je n’aurai jamais la prétention d’être écrivain loin de là et si j’assume mes faute, y’en a une qui me remonte les bretelles -_-
Fait ton tatouage avant que je finisse le mien !!!
Cyril
Ça sent la déprime du retour en France tout ça
Tu vas devoir te préparer à ça aussi. Je suis aussi ton blog jours après jours, day after day. Et il y a toujours des choses qui m’intéresse.
Bon si je gagne au loto, tu pourras prolonger ton aventure
Lous yann
C’est sympas mais sa coûte un bras alors je ne c’est même pas si je l’aurai fait quant tu sera revenu en France lol
tartiflette77
Du moment que cela (tu) ne deviens pas un kanpai², ça sera toujours un plaisir de (te) lire.
Pense pas trop à l’après, tu aura bien le temps …
albatruc
Si ça le devient, n’hésitez pas à me le dire, je m’auto-flagèlerai sur la place publique pour rectifier le tir
Wiwi
Tu vas retrouver des couillus à ton retour en France, tu vas voir. On va te prendre en charge, nous. Tu vas retrouver la bonne rusticité à la française, avec du whisky, du cassoulet et du chat-bite.
La suite concernera de toute manière tes projets futurs mon coco. Dans quoi vas-tu de plonger pour gagner ta croûte à présent ? J’ai bien deux trois idées, avec moi dedans (j’y ai déjà fait allusion d’ailleurs, il y a longtemps, pas de cul non voyons !).
J’ai p’tet les thunes pour venir te voir, mais je n’ai pas le temps et je donne la priorité à ma petite famille pour l’instant (si encore elle était mobile la p’tite famille, hein, mais le chiar de 9 mois à trimballer 12 h en avion j’y crois moyen).
Du coup j’attends ton retour mon poulet
Bise m’sieur
albatruc
j’ai beaucoup de frustrations a certains moment de ce voyage, ou je me dis que tel endroit aurait vachement plus a tel poilu, que celui la aurait été fun avec un autre… C’est dommage. Et je comprends que c’est pas facile de gérer le p’tio en avion ouais.
On verra a mon retour pour le projet et l’état de mon inspiration créative. Qui sait, on arrivera peut-être a quelque chose.