Art aquarium

Classé dans : Culture, Tokyo | 3

Personne n’est égal face à l’art. Il parait que c’est une histoire de goût et de couleur. Ca me parait un peu facile mais bon. Je pars du principe que si vous n’êtes pas en accord avec mes goûts, c’est que vous êtes dans le déni. Et ne faîtes pas les choqués, vous savez que je suis une référence en matière de bon goût ! Non ? Vous ne m’avez jamais goûté ! Mais on s’égare je crois.

Les musées, ça peut être intéressant mais en général, ça opère sur mon organisme une mutation des cellules nerveuses et il en résulte un coma profond si l’exposition dure trop longtemps. C’est physiologique et pas remboursé par la sécurité sociale. Le seul moyen que j’ai pour ne pas sombrer dans les limbes de l’inconscience, c’est d’aller voir des expositions vraiment originales, qui sortent de l’ordinaire et qu’on ne voit peut-être qu’une fois dans sa vie. Il y en a plus qu’on le croit, encore faut-il les trouver.

Dans mes recherches d’occupation en apnée dans les tréfonds du web, j’avais croisés le chemin d’un certain « Art aquarium ». Je l’avais rangé dans la case « à faire plus tard » mais un certain lecteur de ce blog (ismath pour ne pas le citer) en ce moment au Japon m’avait conseillé d’y faire un tour malgré la taille restreinte de l’endroit. Soit. Il est passé dans la case « à faire vite » et quand c’est à faire, faut le faire. Comme la vaisselle et le ménage, sauf que pour ça, on paie pas 1 000 yens.

Au diable l’avarice, je roule sur du platine de toute façon.

J’ai fait quelques aquarium cette année. Je suis pourtant pas fan de poissons mais il y a quelque chose de très reposant à regarder ces êtres à la mémoire volatile barboter au rythme d’un courant imaginaire, coincé dans une cage de verre simulant un espace à jamais hors de leur porté, celui de l’air et d’une mort certaine. L’ambiance, les lumières, le calme qui y règne souvent (quand il n’y a pas d’enfant), tout ça fait que je me plais assez facilement dans le milieu aquatique, bien au sec. Certains aquariums sont une forme d’art, de base, alors une exposition qui revendique faire de l’art avec des aquariums, le contenant autant que le contenu, je sais que je ne dormirai pas.

C’est au 5e étage du building Coredo Muromachi près de la gare de Kanda que vous vous imergerez dans l’univers de Hidetomo Kimura, géniteur de l’expérience à venir. L’immeuble est à l’image du quartier, classe et distingué. Je me sens un peu pouilleux en fait et arrivé à l’entrée de l’exposition (au 4e étage, la feinte), je me sens presque en faute quand une personne de l’expo me demande si j’ai un ticket. Euuuuh non ? C’est grave ? Ah non, ça va on peux en prendre un sur place. Je le savais mais il m’a foutu le doute ce con ! 1 000 yen donc et un escalator plus tard, on entre dans un endroit sombre d’ou émerge par endroit des points de lumière autour desquels s’agitent de petits êtres très excités par le spectacle qui s’offrent à eux.

Comme je les comprends. Plein d’images me viennent à l’esprit avec cette exposition. Le milieu sous marin se confond avec le milieu aérien. Les visiteurs n’ont jamais autant ressemblé à des moustiques, attiré par les seules sources de lumière de cette pièce sombre. Du moustique ou du poisson, qui regarde l’autre ? Peut-être que les poissons ont l’impression d’assister à une exposition d’humain après tout.

Un aquarium basique, c’est plutôt moche. Rectangulaire ou rond, les seules variables sont les poissons et le décors que vous créerez. Autant dire que vous aurez autant de styles différents que d’aquariums mais que dans l’ensemble, tout se ressemblera un peu une fois que vous tenterez de vous en souvenir. Pourquoi ? Parce que le contenant prend le pas sur le contenu une fois ranger dans votre mémoire. Prenez 10 aquariums rectangulaire avec des poissons et décors différents et essayez de vous en souvenir après deux semaines. Tout se mélangera.

A contrario, je pense pouvoir me souvenir bien plus longtemps des différents aquariums que j’ai vu dans l’expo. Car chacun d’entre eux avait une forme différente, une architecture propre, un détails original ou une mise en scène ultra travaillé, impossible à confondre avec un autre. Les formes jouent avec la lumière et ses déformations, grossissant et rapetissant les habitants de ces monde miniatures aussi bien que le visiteurs, visage écrasé derrière la transparence de l’ensemble.

On commence par les classiques aquariums « bassine », jolis uniquement parce qu’ils sont bien éclairés, bien présentés et parce qu’il n’y a aucune vague à la surface. Classes et sobres, assez éloignés de ce qu’on connait pour attirer notre oeil, on se demande si il y a vraiment de l’eau en fait. Je ne vous parlerai pas des poissons car c’est grosso-modo que des poissons rouges, de différentes marques, allant du noir aux grosses couilles sous la gorge au gros bi-ton rouge et blanc.

Vient ensuite le GIYAMANRIUM et j’aurais bien toutes les peines du monde à vous le décrire. J’y peux rien moi si des fois les mots viennent pas ! C’était joli, déformant, changeant de couleur et… faites pas chier et regardez !

Le truc bien avec ce genre d’expo, c’est qu’on peut prendre des photos. Et comme on est au Japon, y’a pas de connard qui vient se foutre devant vous au mauvais moment. Il ne faut pas grand chose pour me rendre heureux en matière de photo : une belle lumière, de beaux objet, du mouvement et un peu d’inattendu. J’ai été servi !

Surtout avec le « New Edo Kingyo display », un bassin en forme de pierre précieuse taillée encastrée dans un bloc opaque. Ca parait tout simple mais encore fallait-il y penser. L’effet est vraiment excellent, surtout quand quelqu’un se met de l’autre côté de l’aquarium, renvoyant son image sur les différentes facettes de la pierre. C’est juste super beau.

Plus conceptuel, l’aquarium avec des kaléïdoscope dedans, avec un tapis de billes et des lumières un peu folles. C’est original certes mais pas non plus extraordinaire. Le côté participatif de regarder dans les kaléïdoscopes est sympa si vous arrivez à vous approcher de l’aquarium.

J’ai à peine survolé l’ambiance générale mais il y a des choses à dire quand même. C’est sombre certes mais pas oppressant pour autant car la hauteur sous plafond est immense. En plus, les lumières des aquariums sont changeantes et l’eau adoucie, accentue, disperse et projette les ombres autant que les reflets des bassins. S’ajoute à ce zen oculaire une atmosphère sonore entre la musique douce, le bruitage et la pop new-age from outer space. C’est conceptuel mais pas désagréable. Ca va bien avec le reste quoi. Et si ça ne suffisait pas, des fragrances et des parfums subtils sont dispersés dans l’air, bouclant ainsi votre transformation en hippie moderne.

Le mélange de tout ça en dérangera certains mais moi, ça m’a apaisé. C’est un ensemble en fait : poisson, musique, lumière et odeur… c’était cool, même dans l’espace le plus grand de l’expo où l’on trouvait aussi le plus de monde. Dans un coin, des bassins en palier, ponctués de lampes-aquariums. Un rappel lointain des rizières en palier mais version poisson. En vrai, ça doit rappeler une rivière mais après tout, chacun voit ce qu’il veut. C’est aussi ça l’art.

Tout à côté, on a quelque chose qui se cherche un peu. Entre la sculpture et la pyramide de coupe de champagne version aquarium. On ne sait pas trop quoi voir. C’est très joli avec les spots lumineux qui changent de couleur mais le concept aurait pu être plus poussé encore, avec quelques led dans l’eau et des spot éclairant par en dessous. Enfin, je dis ça mais je suis pas artiste moi.

Je passe sur la collection de poissons rouges qui n’avait rien de spéciale si ce n’est que certains étaient très jolis et je m’arrête sur « The four seasons aquarium ». Je sais pas si je peux décrire ça. Le plus simple est encore de le regarder.

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C’est envoutant. C’est la première fois que je voyais des poissons réellement voler.

L’exposition se terminait sur un aquarium kimono, un bassin placé devant un kimono sur lequel était projeté différents effets. Les effets d’encres étaient un peu raté car le projecteur bougeait mais pour le reste, l’effet était réussi. Un mélange de moderne, d’ancien et de poissons.

Et c’était tout. Bon, j’ai pas parlé de tout non plus et je n’ai pas tout pris en photo mais dans l’ensemble, ce n’est pas très grand. J’y suis resté 1h40 parce que je faisais des photos et que l’ambiance me plaisait mais en 1h, on a déjà fait le tour. A vous de vous placer par rapport à ce type d’art assez atypique et de faire le choix de venir ou pas. L’exposition fermera ses portes le 23 septembre donc il n’est pas trop tard.

En bonus, une vidéo du site de l’exposition qui présente d’anciennes créations.

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3 Réponses

  1. Effectivement j’ai bien aimé, juste déçu que se soit si petit. Pour ce prix généralement, le professionnel des expositions que je suis en à plus. Mais je conseille cette exposition.

  2. caradonna

    hello kevinou ! superbe cette expo d’art poisson !! bise

  3. C’est curieux que les poissons ne meurent pas d’un infarctus. C’est quand même violant les effets de lumières qu’ils se prennent dans la gueule.

    Sinon c’est très beau.

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