Fail story

Le fail… cet échec cuisant qui nous rit au nez lorsqu’il est évident que cette fois, on s’est complètement raté. On s’est raté sur un horaire, sur un lieu. On s’est raté en choisissant ses mots, ses expressions. On s’est raté sur ce que l’on pensait voir ou trouver au bout de cette expédition. On s’est raté en pensant pouvoir acheter des places de concert alors que finalement, bien que présent à la minute de mise en vente des places, le réseau est saturé et vous l’avez dans l’os.

Ce petit pincement au cœur, prémisse d’une montée de colère et/ou de désespoir, prend un malin plaisir à se rappeler à votre bon souvenir, souvent de manière plus virulente que les souvenirs de vos « réussite ».

Vous avez tous connu ce sentiment car au moins une fois dans sa vie, on s’est complètement raté. J’ai eu la chance jusqu’ici de ne pas être trop victime de ce mal, mes fail se contentant souvent d’être de simples déceptions, ou des changements de train pas toujours les plus rapides. Mais depuis que je suis à Himi, j’en ai eu deux gros bien juteux dont un qui me reste un peu en travers de la gorge.

Quand tout est de notre faute, on se met une bonne claque, on jure qu’on ne nous y reprendra plus et on fait en sorte de s’y tenir. Mais quand ces ratés magistraux sont du fait d’une information défaillante, incomplète ou inexistante, on ne peut que pester contre une entité inconnue, informe et pourtant tellement sadique. Sadique car faisant exprès de ne pas tout dire, dans le but avoué de faire chier les gens, cela va de sois.

Le premier fail est un petit fail car il ne m’a pas trop dérangé et n’a pas de conséquence. Comme il n’y a pas grand chose à faire à Himi même, quand le site de la préfecture me propose d’aller voir la serre et le jardin botanique près de la côte, je n’hésite pas et j’y vais. C’est à 20 minutes à pied et même si la route n’est pas la plus sexy (oui oui une route peut-être sexy si elle s’en donne la peine), j’ai au moins la mer pas très loin.

Plus je m’approchais du lieu et plus ma conscience s’élevait à un niveau proche de la prémonition. Cet état s’appelle le « prémonition fail ». Vous savez, vous sentez que vous allez droit dans le mur mais il y a quand même le doute, cette petite voix qui vous susurre deux mots : « et si ? ». Et si tu te goures ? Et si c’était nul ? Et si c’est fermé ? Et si tu fais demi tour alors que c’est ouvert ?

Cette alarme naturelle se trompe généralement jamais car elle se base sur des observations inconscientes. Dans l’exemple du jardin botanique, plus je m’approchais et plus je me disais qu’on était au mois de mars, que la route qui amène au jardin est peu fréquentée, que c’est pas la saison des touristes, que c’est pas la saison pour voir des jardins, qu’une serre a toute les chances d’être fermée en période creuse… Mais voila, j’en sais rien. Il n’y a qu’une façon de le savoir, c’est de risquer le fail cuisant. Et il le fût. Porte close, parking presque désert, indication des horaires d’ouverture en japonais, la totale. Les horaires étaient bon mais la période beaucoup moins. Enfin, je présume car aucune info compréhensible ne transparait et rien n’était indiqué sur les site que j’avais consulté avant de me bouger le cul.

Parce que bon, je suis pas né d’hier. On est pas a l’abris d’un horaire de fermeture bizarre, d’un jour férié ou d’une excuse bidon pour provoquer la honte et la colère d’avoir fait l’effort de venir pour rien. Ce fail n’était pas trop conséquent et surtout, il a été rapide. 20 minutes après, j’étais de retour chez moi au moins.

Tout le contraire de mon dernier fail en date, le plus « epic » je dirais. Toujours dans l’optique de me bouger le cul plutôt que de glander chez moi, je me suis rabattu sur la seule visite accessible et possiblement très intéressante que j’avais à faire. J’ai quand même hésité à vrai dire.

Voir une tour de 118 mètres au milieu de la campagne, entouré de montagne avec en plus un musée « Léonard de Vinci » me tentait beaucoup. La cross land tower porte bien son nom car de son sommet, on doit y voir les montagnes, la baie et la campagne environnante, si le temps est assez dégagé. Le soucis, ce sont les transports en commun. Si elle n’est pas très loin géographiquement (à Oyabe, juste après takaoka), c’est une mission pour y aller. Mon train à himi est à 11h15 (c’est le seul de l’heure, je le rappelle) et arrive à takaoka a 11h45. La, j’ai une heure d’attente pour prendre un autre train qui est à 12h38. Et oui… c’est la campagne. Ensuite j’ai 20 minutes jusqu’à Oyabe et de la, j’ai bien 25 minutes de marche pour aller à la tour.

je profite de cette marche pour immortaliser le paysage qui malheureusement n’est pas super clair. Il est même plutôt brumeux, au point que les montagnes, pourtant pas super lointaines, sont presque mangées. Vous le sentez venir le fail ?

La ballade est sympathique mais je n’ai pas pris le chemin le plus court. J’ai suivi mon instinct et surtout j’ai suivi au pif une route qui semblait mener à la tour. Difficile de la raté au milieu des maisons de la région. On se demande qui a eu l’idée de construire un édifice pareil ici.

Plus je m’approche de la tour et plus le prémonition fail me chatouille l’occiput. Et si je voyais rien en haut de la tour ? Et si le musée De Vinci était tout pourri ? Et si c’était vieillot ? Et si les sites touristiques jetait de la poudre aux yeux des touristes pour les faire venir ? Et si c’était fermé ?

Parking vide, enfants qui jouent sur la pelouse, caisse fermée, rideau tirés, bâtiment plus vieux que vieux… Même le restaurant italien est fermé. Nan mais sérieux ! Tout est fermé ! La tour entière est complètement close ! Les mecs se sont dit : « non mais l’hiver on va fermer, ça sera cool, ça va faire chier les touristes ! ». Merde quoi ! Nul part c’était écrit que cette putain de tour fermait ! Nul part on m’a dit que je paierai 1200 yens aller-retour pour voir une porte fermée ! Nul part on m’a dit que je perdrai plus de 3H30 dans les transports pour des prunes !

Sérieux, ça leur écorcherait la gueule de simplement inscrire sur leur site que c’est fermé de tel date à tel date ? Je parle des sites traduits en anglais bien sur, car c’est peut-être écrit sur la version japonaise du site de la préfecture. Mais un touriste étranger ne va pas aller voir cette version si à coté on lui donne une version anglaise ! Au final, le touriste étranger, il vous dit fuck, vous et vos attractions miteuses et il retourne chez lui pour glander dans sa maison froide !

Ouais, la, j’étais un peu très énervé. Perdre mon temps, c’est une chose. Perdre mon argent, s’en est une autre. Me faire perdre les deux, c’est la goutte d’eau qui fait débordé ma patience. Autant vous dire que si j’avais eu une infime chance d’aller voir autre chose dans la région, elle a été anéanti en même temps que cette « visite ». Je n’ai plus qu’une chose à voir demain et je sais que la, ça sera ouvert. Après tout, on ne peut pas fermer toute une ville nan ?