La bourse

Ce simple mot fait trembler un bon paquet d’économistes, de trader, de grands patrons ou de particuliers. Si ses mécaniques peuvent paraître obscures au commun des mortels, les résultats de ses sautes d’humeurs ont des conséquences palpables sur mon quotidien et ma vie au japon.

Quand j’ai commencé à calculer les différents aspect de cet année, comme le loyer, la nourriture, les transports etc, je savais que cette expérience ne serait pas économique. Ma base de calcul était 1 euros = 97 yens. C’est un taux extrêmement pourri. Vraiment pourri. En fait, si j’avais été intelligent, j’aurais repoussé mon voyage d’un an parce que c’était le taux de change le plus pourri que j’ai eu depuis que je voyage au japon. Passer de 170 yens en 2007 à 96 en 2012, avouez que le pouvoir d’achat prend un coup dans la gueule.

Ma décision était pourtant prise et j’ai commencé à faire des réservations pour mes logements.

Arrivé en octobre, le taux était presque stable, en faible montée et j’étais un peu moins pauvre. 101 yens par euros, c’est pas Bysance mais c’est toujours ça de pris. Je n’ai pas de compte en banque au japon. Je n’ai pas de travail ni de facture donc je m’en passe. Par conséquent, je dois retirer de temps en temps de l’argent, pour ma vie courante ou le loyer quand je ne l’ai pas déjà payé par carte.

Mais retirer de l’argent entraine des frais bancaire, presque fixes. Peu importe la somme retirée, ma banque me prend entre 11 et 12 euros de frais. Sachant cela, il vaut mieux retirer le maximum autorisé par les distributeurs automatique, soit 50 000 yens.

En octobre, quand je retirais 50 000 yens, 496 euros étaient prélevé de mon compte, frais bancaise compris. C’est énorme. Mais c’était ce que j’avais budgétisé donc je relativisais.
Jusqu’en décembre, le taux était toujours stable, jouant au yoyo selon les semaines. Un coup en haut, un coup en bas. Mais rarement il n’a dépassé les 106 yens. On ne me prélevait plus que 483 euros. 13 euros d’économies. Waouhhh la bonne affaire.

Mais en décembre rien ne va plus. Des élections au japon ont tout bousculé. La politique change, des décisions sont prises. Le japon investit dans la dette européenne, et tente de dévaluer sa monnaie pour favoriser sont exportation. Le pari est gagné.

Depuis décembre, le taux s’envole. Aujourd’hui, à la minute ou j’écris ces lignes (le 6 février) nous avons 127,4 yens par euros. En deux mois, nous avons gagné 20 yens. C’est peu ? Non !!! C’est énooorme ! Si je retire 50 000 yens dans la minute, on me retirera 404 euros. 80 de moins qu’il y a deux mois ! Avec mon budget mensuel de 1 500 euros, les économies sont énormes. Les loyers sont calculés en yen à la base avant d’être converti. Je gagne sur tous les terrains. 25% moins cher sur tout.

Tous les jours j’observe les fluctuations de la bourse. Le lundi ça se casse la gueule sévère et ca remonte de plus belle le reste de la semaine. Mais ce n’est pas une science exacte et un grain de sable peut toujours tout foutre en l’air. Un choix politique, une catastrophe naturelle (ah ah ah l’autre, une catastrophe naturelle… je suis au japon je vous le rappelle), une suspicion de couille dans le potage peut même suffir.

Pour prévenir la future chute, car chute il y aura, je retire 50 000 yens tous les 5 yens gagné. Bon, ça monte tellement vite que je vais peut-être attendre les 7-8 yens gagné parce que je me retrouve avec pas mal de liquide d’avance.

Concrètement, pour moi ça veut dire quoi ? Je claque plus de tune ? Je calcule moins ? Je me fais plus plaisir ? Je fais des choses que j’avais pas prévu ?

Non.

Je paie juste moins cher. Ah ba oui… mais c’est le jeu. J’ai basé ce voyage sur un choix : profiter. J’avais déjà prévu de faire tout ce que je voulais avec un taux de change anorexique alors je vais pas rajouté des choses à un programme que j’ai déjà chargé de tout ce que je voulais faire. J’ai bien un ou deux projets non prévus à la base mais je les aurais fait même sans cette flambée du cours. C’est juste que j’y avais pas pensé au début. L’un des deux est encore incertains donc j’en parle pas. L’autre est certains mais j’en parle pas non plus.

Non vraiment, ça me fait juste faire des économies. Et c’est déjà pas mal. Je ne prend pas de plus beaux appartements, je ne vais pas plus au restaurant, je ne prends pas plus les transports en commun… J’accompagnerai sans doute plus mes acolytes d’avril et surtout de mai mais c’est tout finalement.

Je vais finir par une question qui revient souvent : vaut-il mieux retirer dans un bureau de change à paris ou retirer au distributeur au japon ? A vous de voir selon les frais de votre banque.

A l’heure ou j’écris ces lignes, si je retire au japon et que je déduis les frais de ma banque, j’ai un taux de 123,5 yen pour un euros. En comparaison, le bureau de change que je fréquentais les années précédentes affiche un taux de 121,3 yens par euros. Je gagne plus de deux yens par euros.

Dérisoire ? Retirez 500 euros : vous gagnez 1000 yens. C’est presque 9 euros. En faisant quoi ? Rien du tout. C’est tout de même bien ! Si je touchais 9 euros à chaque fois que je fais rien, je serais riche.

Pas vous ?

Nb : le taux est retombé à 125,2 aujourd’hui… comme quoi, ça commence à jouer au yoyo et à se stabiliser.