La rivière Kamo

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Il fait beau en ce début d’après-midi. Assez pour que je décide d’un commun accord avec moi-même, d’aller me perdre sur les bords de la rivière Kamo. Située à 3 minutes de l’appartement, c’est l’endroit idéal pour se vider la tête.

La rivière aux canards, c’est son autre nom. Pas besoin d’être sorti de Saint-cyr pour deviner pourquoi elle s’appelle comme ça. Il y en a un peu partout qui joue les top gun, pour le plus grand plaisir du badaud que je suis. La rivière est longue. Mais j’ai tout l’après midi devant moi pour remonter le plus en amont possible.

L’endroit est très agréable malgré la fraicheur de l’hiver. Les cyclistes et les joggers s’approprient les pistes aménagées sur les berges, chacun évoluant sans gêner les autres. Le niveau de l’eau n’est pas très élevé et le courant pas très fort, si bien que les hérons n’ont pas à lutter pour pêcher leur ration quotidienne.

A chaque pont, et il y en a pas mal, une petite plaque vous indique votre position sur la totalité des berges aménagées (toute la rivière n’est pas aménagée), ainsi que la distance jusqu’au prochain pont. Un bon moyen de voir les distances parcourues.  J’avance tranquillement, sans me presser. C’est agréable de flâner au fil de l’eau. Sans m’en rendre compte, j’arrive déjà à une bifurcation : la rivière se sépare en deux. Ou plutôt, deux bras de la rivière se rejoignent ici.

Un petit chemin de pierre permet de traverser, donnant aux enfants l’occasion de jouer à sauter de rocher en tortue. Les plus vieux aussi s’y adonne. Un couple, dont la jeune femme est en kimono, flirte gentillement. Elle est belle, il a un masque, l’endroit est beau. C’est beau quoi ! Par contre, c’est un naze, il sait pas faire de ricochet. Je prend le temps d’observer cette tranche de vie, calmement. Ce n’est que mon premier jour de sortie à kyoto et je sens déjà que l’ambiance est radicalement différente de Tokyo.

Les gens paraissent plus détendus, moins pressés. C’est la ville qui veut ça. On se croirait dans une ville de province en France comparé à Paris. Les avantages de la grande ville sans les inconvénients de la mégalopole. Pas de méga building mais de petits immeubles, pas de réseau ferroviaire tentaculaire mais un réseau de bus dense, la nature à porter de pas plutot qu’un parc à deux pas. Bref, j’aime bien kyoto.

Je continue ma balade en prenant le coté droit. Sur le plan, il est plus court que le gauche mais je compte traverser une partie de la ville pour revenir coté gauche. Pendant que je marche, je suis accompagné par un homme qui nettoie la berge des papiers qui trainent. Un coup je le dépasse, un coup il me dépasse.

J’arrive au bout du chemin. Un guitariste scouate mais comme il joue avec un casque, je n’entends rien. Dommage, ça aurait pu être fun de l’écouter. Voir drôle si il jouait comme une merde. Moi aussi je peux prendre une guitare et me mettre au soleil couchant au bord de l’eau. C’est classe mais je sais pas jouer de guitare pour autant.

Les ruelles de cette banlieue me guident et si elles connaissent le chemin, moi, je ne sais pas trop ou je vais. J’ai pas mon gps donc c’est freestyle total. J’avais envie de me perdre et j’ai réussi. Je pense savoir plus ou moins où est l’autre bras de la rivière mais rien n’est sûr. Les flancs de montagne sont plus agréables que les bords de route alors j’abandonne les axes principaux pour appréhender la vie dans les quartiers résidentiels.

Il y a beaucoup de petits cours d’eau et encore plus de petits temples. Il y a plus de 2000 temples à Kyoto mais seul une 30ene sont dans les guides touristiques. La majorité sont vraiment minuscules et sans grand intéret pour le touriste lambda. Je suis pas un touriste lambda alors quand j’entends des enfants jouer dans l’un d’eux, j’y vais.

« Moikai » « madadayo ». Une version asiatique du cache cache. Être sur un sol sacré n’empêche pas de s’amuser après tout. Un petit chemin longe le temple. Il m’intrigue. J’aime bien ce genre de sentier qui serpente la montagne. Mystérieux, énigmatique et bien souvent décevant. Le soleil décline rapidement et je n’aurai pas le temps de jouer les aventuriers mais promis, je reviendrai !

Ce coin de kyoto est un bon compromis entre ville et campagne. Il y a de petites parcelles cultivées, de petits cours d’eau surplombés de ponts pour rentrer dans les maisons. Il ne faut pas être bourré mais ça a de la gueule ! Les touristes ne doivent pas être légion par là car on me dévisage beaucoup. Comme ces deux écolières qui patientent à un carrefour et qui, sans aller jusqu’à marquer une pause, se mettent à parler à voix plus basse en me regardant. Genre : « t’as vu comme il est bizarre le monsieur la ? Nan le regarde pas trop ! Arrète il va voir qu’on parle de lui ». Nan mais j’en sais rien. Ca aurait pu être ça, un dialogue classique d’enfant quand l’inhabituel surgit devant ses yeux.

Je retrouve enfin la rivière et sans m’en rendre compte, j’ai du remonter le courant, saumon pédestre au sens de l’orientation douteux. J’ai donc plus de chemin à faire qu’à l’aller. Allons bon, je découvrirai les berges de nuit. Dommage qu’on ne soit pas en été car les restaurants n’ont pas sortis leur terrasses. C’est aussi moins vivant j’imagine. Presque personne ne traine par 5°c sur les bords de la rivière aux canards à la nuit tombée. Si, il y a bien quelques sans abris, planqués dans leur maison de bric et de broc, à peine dérangés par les chats.

Le froid me pique les mains depuis quelques temps, à tel point que j’en ai perdu une, celle qui tenait l’appareil photo. C’est pour ça qu’il n’y a pas de photo de mon retour d’ailleurs. 18h sonne quand j’arrive à mon point de départ. 4h de marche revigorantes, 4h pour réfléchir.

Personne ne s’est demandé pourquoi j’étais parti…

 

 

10 Réponses

  1. Une petite aventure fort sympathique! Le plein air c’est bien desfois 😉

    Tu est parti pour une raison particulière?

  2. C’est marrant de jouer à côté des berges ou sur la rivière en hiver, moins en été, il y avait eu 2 morts emportés par le courant l’année dernière je crois. :)

    En tout cas, très belles photos, et j’ai l’impression (personnelle) que c’est plus intéressant de découvrir Kyoto à travers tes photos et tes impressions que Tokyo (déjà vu tout ça).

    Tu as tiré le gros lot avec la partie est de la ville, mais la partie ouest (plus moche) regorge de coins intéressants et tout aussi pittoresques. Bonnes ballades…

  3. ca donne envie de se ballader , d’oublier tout au bord de la riviere ki emporte tous les soucis hihi et le canard a l’orange le soir c’etait bon hihi

  4. Il est super sympa ton blog Albatruc!

    Je suis un pote à JH, c’est lui qui m’a filé le lien, c’est vraiment intéressant, surtout que tu fais découvrir des trucs qui sortent un peu des sentiers battus, un peu comme tes ballades à Tokyo.

    Et puis les posts sur les astuces de tous les jours, c’est vraiment pratique avec plein de photos, ça change des brochures pour touriste!

    Je pars à Tokyo (avec un saut à Kyoto, Osaka et Hiroshima) pour 3 semaines en Mars/Avril, et ton journal de bord va beaucoup m’aider pour organiser le voyage!

  5. Tu voulais soit choper un canard ou devenir une geiko

  6. La seule raison qui aurait pu te faire sortir, c’était que tu n’avais pas encore de chaussette d’écolière de Kyoto ?
    Je vois pas d’autre raison à vrai dire.

    J’aime bien les sentiers/rivières des arrières maisons.
    Ca aurait pu être cool en été c’est vrai, mais avec toute cette eau, je pense que les moustiques t’aurais fais des gros calins comme tu les aimes.

  7. hoooo belle ballade ça revigore ! que de beaux paysages en pleines nature à voir hahh le grand air ! sympa ta photo de rapace ! bise

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