L’automne au mont Takao

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Si je demandais à 100 personnes la saison qu’ils associent le plus au japon, je suis sur que 90% répondraient le printemps. Et pour cause, les cerisiers en fleur sont un vrai symbole reconnu dans le monde par les personnes sensibles au charme de l’archipel nippon. Seulement voila, on oublie un peu trop souvent son opposé annuel, qui est pourtant tout aussi beau et coloré, je parle bien sur de l’automne.

Les gens qui me connaissent un petit peu savent que moi et la nature, ça fait 36. Difficile de me faire décoller de mon ordinateur, de mes consoles de jeu ou simplement de la chaleur de mon foyer. Et bien, si vous me lisez, vous savez que dalle car je kiffe les fôrets, les sentiers perdu, les maisons en ruine, où l’on s’imagine des aventures, où l’on ne croise personne. C’est juste qu’à Paris et sa banlieue, c’est pas le paradis pour vivre des aventures imaginaires. C’est pourquoi, quand j’ai lu, en cherchant une occupation, ce descriptif du mont Takao : « La région est à la limite naturelle entre les forêts subtropicales et tempérées du Japon, en sorte que les arbres représentatifs des deux types s’y côtoient. Le Mont Takao est connu comme un paradis pour la faune et la flore sauvages. », mon âme d’aventurier de pixel s’est réveillé. Je me suis dit : Des fôrets subtropicales et tempérés ? J’en veux ! c’est bon !

De plus, nous somme fin novembre et les magnifiques couleurs de l’automne que l’on m’a vendu en rêve ne sont que parsemé quand on se balade à tokyo. La fôret devrait me permettre d’enfin baigner dans ces couleurs chaudes, contraste parfait avec la fraicheur de l’air. En france, les feuilles des arbres doivent être aussi nombreuses que les cheveux sur la tête d’un chauve mais ici, dans la région de tokyo, les paysagistes manient encore le balai et la souffleuse à feuilles, et ce, pour encore quelques semaines. Le kōyō, nom japonais pour le changement de couleur des feuilles a ses admirateurs mais en faisant mon excursion un jour de semaine, je me dis que je serai un peu plus tranquille

Me voila donc parti de bon matin, avec les travailleurs et les écoliers, direction la gare de Takao sanguchi, point de départ de tous les sentiers de randonné.

Mon idée est de monter par le sentier n°1 et de redescendre par le sentier n°6, les deux plus long quoi. 100 minutes de montée et 70 min de descente, même sans être sportif, je me dis que ca va, je devrais m’en sortir.

Je tiens à vous prévenir que, comme une randonnée, aussi facile soit-elle, ça se vit et que ça peut être chiant à lire, je vais vous gaver de photos et moins raconter ma vie. Autre point important, les couleurs des photos ne sont pas retouchées, saturées ou accentuées. Ce sont les couleurs réelles !

A peine arrivé à la gare que j’en prend plein les yeux avec ce magnifique momiji (érable japonais) qui borde le chemin menant au « train tiré par câble ».

Même la gare de « Train tiré par câble » (j’adore cette traduction) est classe au milieu de la vallée, les arbres de toutes les couleurs l’entourant. Mais moi, je suis venu pour faire les aventures, pour transpirer et lutter ma race dans des versants à pic et des sentiers tortueux, pas pour prendre des transports en commun !

Du coup, je suis la foule de courageux qui commence l’ascension du sentier n°1. Attendez ! La foule ? Ouais, je suis loin d’être tout seul en fait. C’est quoi tous ces vieux qui viennent me voler mon rêve d’aventure solitaire ? Ils vont crever avant d’arriver en haut ! Tant pis, je vais quand même vivre mes aventures mais dans ma tête seulement. Autre petite déception, c’est pas vraiment un sentier tortueux mais plutôt une belle route cimentée. En fait, c’est le chemin « facile » malgré le fait que ca soit le plus long…

Ca caille dans cette vallée et j’ai bien fait de prévoir une écharpe. L’humidité ambiante vivifie et le bon oxygène de la forêt me nettoie les poumons et les sinus ! C’est peut être psychologique mais en tout cas, j’ai pas manqué de respirer à pleins poumons ! Assez rapidement, on arrive au premier point d’observation avec une vue dégagée sur tokyo. Pour en arrivé la, il a fallu quand bien bien grimpé car le chemin est court mais d’autant plus pentu du coup. J’ai eu du bol car j’ai failli passé à coté de ce point d’intérêt. Enfin du bol, nan j’ai juste fait le bon choix. A un embrenchement, j’avais le choix entre la route cimenté ou le petit escalier en bois et en terre. J’ai pris l’escalier bien sur. Et voila, ce qu’on découvre.

Après cette petite pause, je suis rejoint par le seul occidental que je verrai dans cette ascension. Un blond avec une moustache ! Même pas je lui parle (faut pas déconner non plus !). Le chemin reprend de plus belle et comme prévu, les vieux sont à deux doigts de casser leur pipe. Qu’ils soient en groupes organisés ou en groupes d’amis, les pauses sont fréquentes et les sourires ne quittent pas leur lèvres. Ca fait plaisir à voir !

De temps en temps, une statuette vous salue ainsi qu’une stèle qui vous portera chance et richesse si vous la touchée avec de l’argent en main.

Au cours de la montée, vous croiserez aussi « La porte de joshin » avec ses lanternes et si vous prenez, encore une fois, le chemin difficile que sont ces 108 marches, vous arriverez directement a un Stūpa bouddhiste, avec ses trois statues de Tengū.

Marcher ça donne faim. Mais on ne meurt pas de faim au mont Takao car des étapes sont aménagées avec des restaurants et des échoppes où l’on trouve des danggo, des boulettes de pate de riz aromatisées et enrobées de sirop de haricot sucré, tout ça grillé au feu de bois !

Je touche presque au but et la foule se fait de plus en plus grande à mesure que j’approche du sommet et plus précisément du dernier temple du Mont, le temple Yokuoin. Le mont Takao est le mont des tengus, ces créatures au nez allongé ou au bec d’oiseau, fervent pratiquant d’arts martiaux ayant une maîtrise de leur force physique et spirituel, à force d’entrainement dans les montagnes. Il est donc logique de le retrouver dans ce temple. Mais ce n’est pas le seul habitant de ces montagnes car les Yamabushi (« ceux qui dorment dans la montagne ») viennent prier et s’entrainer. Au printemps, on peut les voir méditer sous la cascade ! Je reviendrai au printemps pour espérer voir ça.
Dans ce temple, dont l’entrée semble flambloyé sous le soleil et les feuilles rouges/oranges, on trouve aussi une fontaine pour laver son argent, ce qui doit logiquement vous apporter la fortune. Mon argent n’a jamais été aussi propre !

C’est vraiment très joli, et la où certains temples semblent neuf car leur entretien et leur restauration sont récent, celui-ci est fière de ses rides et exhibe ses cicatrices et sa peinture défraichie.
C’est pas tout ça mais je suis pas encore au point d’observation le plus haut moi et j’ai encore un tout petit peu de grimpette. Et enfin, je me retrouve sur de la terre et des racines !

Le sommet était vraiment proche et l’ambiance en haut est bon enfant. Les uns mangent, les autres prennent le paysage en photo, chacun s’amuse. Il fait bon ici sous les rayons du soleil et je ne suis pas mécontent d’avoir repoussé mon ascension en attendant un jour ensoleillé.

Vous savez, j’ai vu de beaux paysages au cours de mes voyages, au sommet des tours, dans les îles d’okinawa, dans la campagne de kyoto ou à miyajima. Mais c’est la première fois de ma vie, qu’un « wouaaaww » spontané me sorte de la bouche avant que je m’en rende compte. Car voila ce que j’avais sous les yeux :

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Le mont Fuji nous fait l’honneur de sa présence, nullement gêné par les nuages de basse altitude. J’avais oublié qu’on pouvait le voir par temps clair et la surprise fut d’autant plus grande. Cette chance ne sourit pas à tout le monde et l’été, par exemple, la brume de chaleur et l’humidité le voilent complètement. Autant vous dire que les japonais étaient aussi impressionné que moi !

Sorti de ma très longue contemplation, il faut pensé à redescendre. Le fameux sentier n°6 m’appelle et le site du mont Takao annonce 70 min de descente, au milieu des cascades et des rivières. La voila mon aventure ! Mais quand j’approche du début du chemin, je sens que quelque chose ne va pas.

« Ce sentier est réservé à la montée, alors fait demi-tour et casse toi ! »
Naaaaaaaannnnnn !!! Mon aventuuuuuuuure !!!! Sérieux, c’est quoi ce bordel. Nul part il est dit que ce sentier est à sens unique ! J’ai un peu les boules et je cherche sur le plan un autre passage qui pourrait être aussi sympa. Le sentier d’Inariyama est presque parallèle au 6 alors j’y vais.

Et je suis pas décu. Ca y est, je suis nathan drake, je suis indiana jones, je suis un Monk, donnez moi des racines que je les mange. Donnez moi une cascade et je me fout à poil dessous. Donnez moi un cerf que je me réchauffe dans ses entrailles fraichement mise à nu avec mon couteau en os. Je suis l’abeille, je suis le miel, je suis un dard, je suis un lapin, je suis en train de partir en couille. Je communie avec la nature, je suis beau, je suis grand, je suis fort !

Il y a peu de monde et ça fait plaisir. L’ambiance ici est très différente de celle du sentier n°1. Tout le monde se dit bonjour, on passe son temps à dire Konichiwa. C’est la bonne entente entre les grimpeurs et les descendeurs. Il y a de la racine, des caillous, de la boue, des escaliers en bois… la fracture de la cheville me guète a tout instant  avec mes baskets pourries mais c’est pas grave, c’est l’aventure. Je vois pas le temps passé, il fait bon avec le soleil qui traverse les arbres et de toute façon, en marchant, on a pas froid. Les gens sont étonné de me voir mais j’ai aussi le droit à mes konichiwa.

Il m’aura falu 4h30 pour monter et descendre le mont Takao, en prenant mon temps pour les photos et pour apprécier tout simplement cette nature aux couleurs changeantes. L’ascension est accessible à tout le monde et avoir un paysage comme ça à moins d’une heure de tokyo, ça serait criminelle de ne pas en profiter !

Je reviendrai au printemps pour voir une autre facette de la nature et pour prendre ce foutu sentier n°6. Avec ma chance, il sera réservé à la descente ce jour la ! (je le prendrai quand même !).

15 Réponses

  1. Lous yann

    Ce sont des jolies photos
    Fait attention a toi tu n’est pas habitué a faire autan de sport lol
    À plus car nous suivons ton blog tout les jours et c’est un plaisir de le lire même pour moi qui ne lit pas des masses lol

  2. Un coin idéal pour blanchir son argent 😀

    Mon pauvre tu va nous revenir sportif.

  3. T’aurai quand même du prendre ce foutu sentier n°6!!! ^^’
    Bien que celui ci n’est pas trop mal non plus 😉

    • Je le prendrai au mois d’avril et j’irai sous la cascade avec les moines ! Même pas peur !

  4. beh va falloir que je le fasse alors. Je me regale a Kyoto aussi, meme si c’est la fin du Kouyou.

    • Ca doit être magnifique dans certains temple !!! J’espère que j’aurai de la neige en janvier !

  5. Nice et félicitation pour le marathon de konnichiwa !

  6. pa mal tes photo comme toujours . Et je dois dire qu’une bonne randonnee fait du bien et comme tu as pu le voir , on y voit des choses magnifiques et qu’on aurait jamais imagine . Et je tiens a la preciser , cette fois ci tu as trouve un escalier de terre pas comme celui que t’as oublie ah non , excuse moi disparu hihihi .

  7. Mon frère à pris une surdose de nature, il va bientôt courir tout nu et va enlasser les arbres et leurs faire une déclaration d’amour.

    Le choc d’air pur ça dégage les sinus et l’esprit

  8. ha c’est bien tu m’épates ! enfin tu fais du sport, kevin guide touristique sur les sentiers du japon, héh la forêt est de toute beauté avec ses couleurs flanboyantes ! j’espère que tu as pris
    des brochettes de boulettes de riz hummm ! biseuuu

  9. Comme toujours les photos sont superbes !
    Encore un endroit que je note pour mon séjour en mars/avril. Continues à me donner envie ^^
    PS: on peut laver la carte bleu histoire quelle débite grave ?

    • Dans d’autres temple, certains lavent même leur billet donc pourquoi pas !

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