Maid café (suite)

Classé dans : Culture, Tokyo | 10

J’ai déjà parlé des maid café. Je l’avais même plutôt bien fait si vous voulez mon avis. Si si, le concept était bien expliqué, l’historique aussi et en plus, il y avait une expérience personnelle avec un dérivé du maid café, le « Backstage ». Vous ne l’avez pas lu ? Allez-y tout de suite, on vous attend : Maid café

Non les autres, vous attendez que vos petits camarades aient lu le premier article. Aucune patience hein !

C’est bon vous avez lu ? C’était bien hein ? Je vous l’avais dit.

Pourquoi reparler des maid café alors qu’à priori, l’essentiel a été dit. Parce que parler d’un concept, c’est bien, l’expérimenter de manière plus approfondie, c’est mieux. Et niveau maid café, j’ai pas mal creusé le sujet avec mes camarades francophones présent en ce moment. A la base, j’aurais pas du aller au maid café. Pas parce que j’en avais pas envie mais malheureusement parce que je n’avais pas d’argent à ce moment (j’écrirai peut-être quelque chose la-dessus quand tout sera réglé).

Mais entre pleurer en position fœtale sous la douche et emprunter encore de l’argent pour le dépenser bêtement, j’ai choisi d’emprunter. C’est donc avec Romain et Anon que nous sommes allé dans un pur maid café comme j’en parle dans le premier article, en mode soubrette et tout et tout.

Vous ne serez pas surpris en apprenant que c’est à Akihabara que nous allons, lieu-saint des jeux vidéo, des mangas/animés et des maid café depuis quelques années. Il y a le choix donc mais une enseigne à notre préférence : le « @home café » (prononcez « at home café »). Parce que c’est un maid café avec plusieurs étages donc si il y a trop d’attente à l’un, on peut tester celui du dessus à moins bien sûr que votre maid préférée ne travaille à un étage en particulier. En plus, on sait que dans cette enseigne, certaines maid parlent anglais, ce qui rend accessible tous les délires qu’on vous propose habituellement dans ces lieux si singuliers. Je vous l’ai dit, l’intérêt des maid café est sublimé par le fait de pouvoir échanger avec les maids.

A l’entrée de « l’@home café », on nous explique le principe et les règles (pas touche aux filles et pas de demandes personnelles sur elles) et comme c’est notre première fois (enfin, à deux d’entre nous), on nous propose un « set ». Un package de découverte avec une heure de temps, une boisson non alcoolisée et une photo avec une maid ou un jeu avec elle. Ce set n’est valable que la première fois, coute 1 800 yens et peut-être remplacé par des « set » plus cher avec plus de choses dedans. Si vous revenez, vous paierez tout à la carte.

On nous fait rentrer dans la salle et on est tout de suite dans l’ambiance. Toutes les maids nous souhaitent un bon retour à la maison, leur plus beau sourire affiché, de manière très convaincante. Bordel, elles sont fortes ! Nan mais sérieux. Je suis pas dupe, je suis pas né d’hier et je sais que c’est un rôle, un métier, une façade, du vent quoi. Mais merde, on croirait vraiment qu’elles sont contentes de souhaiter la bienvenue à leur maître. Ouais ouais, on est les maîtres de la maison quand on rentre. Bizarre qu’il y ait autant de gens louches chez moi du coup. Car le café est presque plein. Remarque, il n’est pas très grand, avec ses 6-7 tables et ses comptoirs, tout de roses et de couleurs pastelles. Si vous avez toujours rêver d’être dans une dinette géante, vous serez exaucé.

Le verre d’eau offert est servi dans un verre en plastique opaque vert, rose ou bleu pastel, tout le mobilier ressemble un rêve de petite fille grandeur nature (sauf certaines petites filles qui rêvent de garage géant ou de moissonneuse batteuse… ça doit bien exister, ne tombons pas dans le cliché de la fillette voulant être princesse).
Dès le début, nous avons été pris en charge par May, notre servante. Il en faut pour tous les goûts, physiquement parlant, donc il y a tous les types de profils imaginables. Pas de soucis, vous verrez à quoi ressemble May un peu plus tard. Je pense que certaines doivent aussi avoir des caractères « type », comme la fille gentille, la rigolote, la sévère etc, comme dans les animés. Mais je n’en suis pas sûr.

May parle anglais de manière correcte et quand elle cherche ses mots, c’est drôle. Pour plusieurs raisons d’ailleurs. Déjà parce qu’une maid qui parle anglais et qui vous appelle « my masters », c’est en total décalage avec « l’image » habituelle que l’on a du maid café. Le maid café, c’est japonais et c’est indissociable de la langue japonaise, de ses intonations et des mots qui sont utilisés. Le fait de parler anglais rend l’expérience plus étrange, en décalage avec ce qu’on à l’habitude de voir/entendre. Mais ça doit être parce qu’on comprend du coup. Ensuite, c’est drôle parce que May nous dit, quand elle cherche ses mots en anglais, de l’excuser parce qu’elle vient de se lever. Il est 16h30. Qu’est-ce que t’as fait de ta nuit petite dévergondée. Ca la sort totalement du rôle de soubrette et la fait redevenir « humaine », en opposition au rôle de soubrette qui est une image et non une personne à par entière, au même titre qu’un personnage de film. Le fait de pouvoir intéragir avec n’en fait pas plus une vraie personne. La vraie personne sort en boite, se lève a 15h et s’en excuse aurprès de nous. J’ai trouvé ça cool.

Après nous avoir réexpliqué le « set » de découverte, on passe commande. On prend le set le moins cher avec une photo et une boisson. Pour la photo, on a le choix de la faire avec n’importe laquelle des maid présentes mais comme on est sympa, qu’on parle pas japonais et que May est sympa aussi, on fera tous au moins une photo avec elle. Elle fait vachement bien la fille super contente. Un relent d’acting sans doute.

Ce n’est pas May

Pendant qu’on passait commande, un homme qui venait avec sa copine s’est littéralement explosé la bouche en ne voyant pas une marche. Les mains prises avec des sacs, il n’a pas pu se retenir et il s’est étalé de tout son long, tête la première, les jambes se relevant par dessus lui, prisent dans leur élan. L’information importante dans cette anecdote étant qu’il venait avec sa copine. Oui, je sais, c’est passé inaperçu et c’est drôle d’imaginer un mec perdant ses dents devant des maid. Car oui, les maid café ne sont pas un refuge de frustrés riches en manque d’attention. Il y a aussi des couples, des filles seules ou des groupes de copines. Les filles aussi peuvent se faire traiter comme des princesses après tout. Elles ne sont pas majoritaires mais elles sont là quand même.

Un melon soda pour moi, un coca pour Anon et une glace pour romain. Qui est un noob, qui ne l’est pas ? Mystèèèèèère !

Afin de rendre ces mets encore meilleurs qu’ils ne le sont déjà, May nous demande de faire avec elle des gestes magiques. Et ouais, magiques. Ca vous la coupe hein ? Les mains en forme de cœur devant soi, un coup à gauche, un coup à droite et un coup vers son verre en prononçant « moe moe kyuuuuuuuuun ». Puisqu’on vous dit que c’est magique merde ! Ok, on se sent bête mais c’est drôle entre amis. « Moe moe kyun », c’est tellement japonais que se faire expliquer ça en anglais avant de le faire… le contraste est trop fort pour pouvoir être dans le délire. Pour autant, on ne se dit pas : « mais qu’est ce que c’est que cette merde, c’est nul blablabla ». C’est-drôle !

Notre heure règlementaire avance tranquillement, on discute en profitant de nos boissons, certaines maid viennent nous voir même si elles ne parlent pas forcément beaucoup anglais, quand soudain, on nous appelle les uns après les autres avec le micro afin de faire notre photo. Vous vouliez être discret ? C’est raté. Master Romain en premier, master Anon en second et enfin, la cerise sur le katsudon, master moi. Au fond de la salle, un espace qui ressemble à une scène avec des rideaux sur les murs nous servira de studio photo. On choisit de prendre ou pas des accessoires (menotte, fouet, sextoy, oreille de girafe, de chien, de lapin ou de chat comme je le choisis) et la pose que l’on veut faire avec la maid. Pour des oreilles de chat, il faut faire la pause « Nyan », l’onomatopée du chat. Je n’ai pas honte de cette photo que je trouve très bien !

Il est déjà l’heure de partir car une heure, ça passe vite et deux heures, ça coute cher. On nous remet notre photo plus des baguettes en cadeau et on s’en va avec notre carte de membre… Nan mais vous êtes drôle vous aussi. Elle est gratuite et je me fait appeler Master dessus. Je pouvais pas la refuser ! A defaut d’avoir une carte de crédit, je prends toute les cartes qu’on me propose.

Alors le maid café, bien ou pas bien ? Drôle en tout cas et pas dans le sens de la moquerie, mais dans le sens de l’amusement. Une maid bilingue qui hésite entre être naturelle et être dans son rôle de soubrette, c’est fun. Ca nous rappelle que ce ne sont que des employées et qu’elles jouent bien la comédie. C’est parfois déroutant, parfois un peu génant mais au final, on passe un bon moment. Je n’irais pas seul parce que ça serait moins drôle (je vais pas seul dans les bars et pas souvent dans les restos non plus) et parce que, de mon point de vue, si je le faisais, ça ne serait pas la même démarche.  Je vais dans un maid café pour être avec des amis avant tout et l’ambiance est un plus très agréable. N’y aller que pour l’ambiance et l’acting très convaincant des maid, ce n’est pas la même chose. Ca serait drôle mais moins qu’à plusieurs.

Et parce que je suis gentil, j’ai trouvé une vidéo du @home café, celui où nous étions, avec tout ce que j’ai dit plus haut et que vous n’aviez pas besoin de lire vu qu’il y a cette video. Je suis cruel, je sais.

@home café

Voilà voilà pour le @homecafé. Vous pensiez que j’avais fini ? Bande de naifs. Moins j’ai d’argent, plus je dépense celui des autres voyons. Et c’est pour ça qu’à l’occasion d’une sortie de groupe entre français à tendance fan d’idol et michiru, une amie japonaise ayant passé un an en france, nous sommes retourné au « Backtage ». La plupart de mes camarades ne connaissent pas et comme michiru voulait être maid quand elle était étudiante, elle est partante pour découvrir ce concept de bar à idol. Je vous laisse relire le premier article pour les détails conceptuels du « backstage » (bien que vous auriez déjà du le relire au début de cet article è_é).

Nous sommes 7 en tout et après les explications de rigueur, on nous place dans la salle, près de la scène. Etrange, la dernière fois nous étions 6 et on nous avait mis dans un recoin loin de la scène. Du coup, on est sur deux tables séparées. Pas cool pour se parler. Une des idols parle bien anglais (ainsi que français et chinois. Elle a fait Science Po pendant un mois en France. Idol, belle et intelligente, ça calme) et prend la commande d’une table tandis qu’à la mienne, c’est une autre idol qui ne parle que japonais. Heureusement que Wed a bien progressé en japonais cette année et qu’il connait l’endroit, il a déjà sa carte de « producteur » (les clients ont le rôle de producteur d’idol). D’ailleurs pour payer moins cher, nous allons tous faire notre carte. J’aime ça les cartes je vous dis.

En parlant de carte, le menu n’est toujours pas en anglais mais on fait avec. Assez vite, on voit que ça s’agite près de la scène. Si on nous a placé ici, c’est bien qu’il va y avoir quelque chose. Un bar idol où les clients sont producteurs, avec une scène… on va donc avoir un spectacle de claquette.

Bah non ! C’est un concert d’idol bourrique ! Vous êtes désespérant ! Un premier groupe de trois filles chante deux chansons et c’est sympa. Si vous n’êtes pas coutumier du public fan d’idol, vous serez surpris. Au premier rang, les hommes connaissent les chorégraphies par cœur, font des coucous aux filles, grands sourires béats… Déjà qu’en concert, certains fait peur mais alors là, ça fout encore plus les jetons ! Pendant le live, les serveuses dans la salle dansent aussi, entre les tables, un peu comme dans les restaurants « hooter » aux Etats-Unis. C’est perturbant d’avoir une idol/serveuse/maid/barmaid danser à un mètre de soi, les yeux dans les yeux. Ouais, un rien me perturbe mais là, c’est vraiment perturbant. Autant que de se faire pointer du doigt par les filles sur scène. Elles sont fortes elles aussi !

On le sait, on est préparé, on est pas dupe ! C’est leur boulot !!! Alors quand elles te sourient en te pointant du doigt, tu devrais pas être flatté ! Je devrais pas l’être en tout cas. C’est agréable quand même. Passé ces premières chansons, on a un petit break pendant lequel on remplit une feuille pour avoir nos cartes de producteur. Les serveuses sont vachement à la ramasse quand même, à ne pas savoir quelle table a commandé quoi, à ramener plusieurs fois le même verre à la même personne, à être super longue pour servir certains d’entre nous… Pas facile d’avoir toutes les casquettes que demande ce métier. Imaginez quand même qu’elles sont chanteuses/danseuses (elles essaient en tout cas), serveuses, bairmaid et… psychologue ? Ecoutez les gens et leur dire ce qu’ils veulent entendre quoi.

Nous avons le droit ensuite à un vrai live de 20 minutes avec 6 serveuses sur scène. On est donc complètement dans une ambiance différente par rapport à ma première venue en avril. Les chansons sont globalement bien, les filles sont aussi différentes physiquement que ne le sont leur performances. Certaines n’ont pas l’air de bien connaître les paroles (heureusement qu’elles n’ont pas beaucoup de solo), d’autres ne sont pas au fait de la chorégraphie mais la plupart s’en sortent très bien, quitte à aider celles qui sont perdues). Le côté non professionnel va de paire avec le côté non pro de leur partie « serveuse ». Touche à tout, excellente en rien quoi. Mais bon, c’est marrant. Ca fait parti du jeu, ça les rend sans doute plus humaines et touchantes. Et certains hommes doivent même avoir envie de revenir pour les soutenir et faire en sorte qu’elles deviennent meilleures. C’est le business !

Je vous mets deux de leur chansons, la première étant le premier single dans une maison de disque indépendante (musique plus idol, c’est pas possible) et la seconde est leur dernier single, sorti chez Universal (et qui aurait pu être l’opening de l’animé Rosen maiden).

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A la fin de notre heure, on récupère nos cartes et on paie nos 1 000 yens, grâce au parrainage de Wed. Sinon, c’est un peu plus cher quand même (600 yens l’entrée, 600 yens par conso, après la première heure, on paie 300 yens toutes les demi-heure avec une conso obligatoire). Le fait de gagner des points attribuables aux serveuses/idols à chaque fois qu’on vient et qu’on consomme est une bien belle idée pour amadouer les plus influençable. On a calculé que pour avoir le meilleur rang (avec une belle carte de membre noire), il fallait dépenser un peu plus de 37 000 euros. Et on a vu des gens avec cette carte.

Les maids et idol café sont une part récente du divertissement japonais. On peut l’interpréter et le voir comme un lieu de perversion pour célibataires frustrés ou pour les hommes incapable de lié des liens sociaux avec les autres. Ne faisons pas l’autruche, c’est le cas pour certains clients. Mais ne généralisons pas et ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Jouez une partie de cette pièce de théâtre qu’est le maid café est divertissant. Entre amis, c’est sûr, tout seul certainement aussi. Tout dépend de votre faculté à parler avec les maid, votre recul vis à vis de ce jeu et la raison de votre venue. Aimer être traité comme un prince ou une princesse, ça ne fait pas de vous quelqu’un d’étrange. Je n’aimerais pas être dans la chambre à coucher de certains d’entre vous car niveau étrange…

En face de ces clients, il y a ces employés. Ces étudiantes la plupart du temps, qui doivent apprendre à jouer la comédie. Si vous pensez que c’est simple d’être convaincante en soubrette sous prétexte qu’on est japonaise, vous rêvez les yeux ouverts. Si vous pensez que c’est simple de passer de serveuse à chanteuse/danseuse dans la minute, tout en étant toujours souriante, prévenante, amicale mais pas trop, tout en faisant son possible pour fidéliser le client, c’est que vous avez une vision bien négative du métier de ces jeunes femmes. Elle ne sont pas dupes et ont parfaitement conscience de l’image qu’elles peuvent renvoyer auprès de certains hommes, ces hommes qu’elles doivent charmer sans leur laisser croire quoique ce soit. Et elles doivent aussi être conscientes du bien qu’elles apportent à la plupart des clients lambda, du bon moment qu’elles leur font passer, par une discussion, un jeu, une photos, des attentions, un concert ou par la mise en scène en générale en fait.

Il faut sortir de ce cliché de la femme objet, fantasme des hommes uniquement là pour satisfaire le besoin de domination masculine que la société japonaise castre par un système hiérarchique d’entreprise, d’effacement de soi, qui placera toujours quelqu’un au dessus de vous.

Le maid café est comme une pièce de théâtre interactive où les maid sont des actrices et où le client (homme ou femme) joue un rôle qu’il improvise, aidé par un script qui ne comporte que les grandes lignes de son rôle.

Et dans ces pièces, on s’amuse ! Encore faut-il vouloir en payer le prix.

 

PS : Pensez à faire vos devoir et à m’envoyer vos textes pour le 200e article : infos

10 Réponses

  1. Bon ben c’est décidé quand j’arrive je t’emmène au Dear Stage !

    • Ils ont une carte ? Ah oui aussi, les dempa gumi, c’est de la merde… (Elles sont bien au dear stage nan ? Quoi qu’il arrive, c’est de la merde quand même.)

      • Tain mais l’autre espèce de moche! Est ce que j’ai évoqué les Dempa dans mon commentaire? Je crois pas, mais tu verra malgré tes goûts de merde c’est sympa, même si il y a plein de clones de Wed qui font peur pendant les lives.
        Je t’aurais bien fait visiter le café des Passpo mais bon c’est vraiment trop naze comme système de juste parler avec une fille le temps que tes nouilles chauffes.

        • Il est toujours bon de rappeler des évidences au monde. Les dempa, c’est de la merde ^^

          • Non mais c’est comme la bouffe tu dit ça par ce que tu a pas vue un live dans de bonne conditions :)

  2. Sanizette

    Je savais bien que ton vrai nom c’etait Kevin Plouf. Et encore, je reste decente.

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