Maid café

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Si un jour vous venez au Japon, vous découvrirez bon nombre de choses dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Au début, vous serez surpris voir choqués. Petit à petit, votre seuil de tolérance à l’occidentalement étrange augmentera et vous finirez blasés à dire des choses comme « nan mais c’est normal, c’est le Japon ».

Des distributeurs de petites culottes ? Normal, c’est le Japon. Des affiches de personnages d’animé en sous-vêtements, poses lascives et regards de chaudasse ? Normal, c’est le Japon. Jeux vidéo porno sur tout un étage, peuplé de salariés de tous âges en costard cravate ? Choisir un AV (Adult Video) bien crade avec sa copine japonaise toute mimi ? Bah ouais, le Japon. Se faire laver les oreilles, la tête posée sur les cuisses d’une charmante jeune fille ? Se faire masser et gifler par des masseuses habillées en policières ? Payer pour faire la sieste à coté d’une jeune femme à défaut d’avoir une copine ? Jaaaaaaapoooooonnnnnnn.

Tout ça vous paraitra très banal une fois que vous aurez fait sauter votre verrou mental de la retenue et du bon goût. Le bon goût, c’est comme l’humour : c’est culturel. J’ai pas testé beaucoup de bizarreries vraiment nippones depuis que je vis ici. La plupart n’ont aucun intérêt si l’on est pas capable de communiquer avec les employés de ces établissements. Toute la subtilité du salon de massage « fliquette » vous passera au-dessus de la tête si par exemple, votre masseuse vous demande si vous voulez une grande claque ou une petite claque et que vous ne savez pas répondre ! C’est nul !

C’est dans des cas comme ça que j’aimerais parler la langue. Tester des choses plus débiles/folles les unes que les autres, d’un point de vue occidental mais ouvert. Ouais, avoir de vraies conversations avec les gens normaux, je m’en fous mais me faire nettoyer les oreilles par contre…

Dans la catégorie « établissement japonais typiquement japonais », le plus accessible est sans doute le Maid Café. C’est sans doute aussi le plus connu.  Mais des explications s’imposent sans doute, sur le quoi-qu’est-ce-que-c’est-le-maid-café pour ceux découvrent ce monde merveilleux.

Prendre un café, seul ou accompagné, c’est banal. Limite chiant même. La vie au Japon peut être bien assez chiante (ou tout du moins très carrée) pour les salariés alors pourquoi prendre un café de manière chiante ? Pourquoi ne pas se faire servir par des soubrettes ? La création des Maid Café aurait pu partir sur cette base mais rien n’est jamais si simple dans la vie. La genèse du concept ne ressemble pas du tout à cette idée de rendre fun une situation banale. Le premier Maid Café a ouvert suite à la sortie d’un jeu vidéo Bienvenue au Pia Carrot (Pia♥ キャロットへようこそ!!) en 1998, un jeu érotique. Normal, c’est le Japon quoi. On trouvait dans ce jeu un café avec des serveuses habillées en soubrettes, ayant des rapports maitre-serviteur avec les clients. C’est pas une trop bonne idée de faire ça en vrai ? Au début simple café temporaire à but promotionnel, le concept sera ancré dans une réalité durable en 2001 avec l’ouverture du Cure Maid Café, du fabricant de cosplay « Cospa » (le principe du cosplay étant de s’habiller comme un personnage de jeu ou de dessin animé). On s’éloigne donc singulièrement de l’aspect « sexuel » de « bienvenue au Pia Carrot ».

Il y a aujourd’hui plein de variantes de Maid Café, avec des règles différentes, des thèmes uniques, des concepts pour se démarquer, etc. Classiquement, le concept de base est d’avoir des serveuses en soubrettes qui vous appelle maître/maîtresse et émulent dans le café une ambiance de « maison douillette ». Vous devez vous sentir bien dans un Maid Café, vous êtes là pour vous détendre et pour qu’on prenne soin de vous. Mais sans aucun contact. On n’est pas dans un bar à prostituées. Les maids sont souvent des étudiantes qui font ça pour avoir des revenus et se payer des sacs à main (cliché ouais). Les règles sont souvent strictes d’ailleurs, bien que très logiques. On ne touche pas les maids, on ne demande pas leur numéro de téléphone, leur adresse mail, on ne les suit pas, on ne les harcèle pas… On est civilisés quoi.

C’est pas parce que vous ne pouvez pas abuser sexuellement des serveuses en soubrette (ou tout autre costume) que vous ne vous amuserez pas. Au contraire ! Vous vous amuserez à être un maitre au sens propre du terme. C’est qui le patron hein ? Le petit chauve avec le grand bureau de votre société ? Nan, c’est vous ! C’est pour ça qu’elles vous appellent maitre de toute façon. Et pourquoi elles feraient des dessins dans votre tasse de café si elles n’étaient pas complètement sous votre charme de mâle alpha ? Oh, elles veulent faire des jeux avec vous en plus ! Si c’est pas mignon ! Manger des takoyaki ? D’accord mais seulement si l’une de ces boulettes de poulpe est piégée au wasabi et que tout le monde en mange alors ! On fait une photo ? Quoi payante ?

Ah ouais, vous allez pleurer financièrement parlant. Le service, ça se paye. A commencer par le droit d’entrée. Et oui, c’est le concept de l’abonnement France Telecom, payer pour avoir le droit de payer. Les boissons et les plats sont aussi plus chers qu’ailleurs, faire des photos est payant, rester plus d’une heure est payant, etc, etc. Abuser de votre faiblesse est un business sérieux ! Toutes vos failles peuvent être exploitées. Les maids sont vraiment convaincantes dans leur rôle. Elles vous aiment c’est sûr. Elles sont si gentilles et attentionnées à vous écouter parler, à être aux petits soins avec vous. Pourquoi feraient-elles tout ça si ce n’est parce que vous êtes spécial ? Je sais pas, peut-être parce qu’elles sont payées et que c’est leur métier ? Pour vous faire rester et vous faire revenir ?

A partir du moment où l’on connait les règles du jeu et qu’on est pas dupe, ça peut-être fun de passer une heure de temps en temps dans ce genre d’établissement.

Et c’est ce qu’on a fait avec Akshell, Eva 01, Linksky, le belge et Xellos. Moi, je connaissais pas et j’étais enthousiaste à l’idée de découvrir le « backstage », un maid/idol café. Un concept particulier où les serveuses sont moins des soubrettes que des idoles. Elles chantent sur la scène du café le soir, sortent des singles en tant que groupe d’idoles et ne sont pas dans le délire « maître-employé ». Le cadre est très sympa, mélange de grotte et de salon familial, des cadres avec la cover de leur dernier single ainsi que le classement de popularité des filles sont accrochés aux murs. Et oui, un classement de popularité. Si vous avez votre carte de membre (gratuite), vous cumulez des points à chaque venue et à chaque consommation. Ces points sont attribuables à la fille que vous avez préféré pendant votre passage ou que vous préférez dans l’absolu. Et pour mériter vos points, les filles doivent venir vous parler.

A notre arrivée, Eva annonce que nous sommes 6 avec un japonais très compréhensible « roku ban » (on me souffle qu’il fallait dire « rokunin »). Forcément, étant occidental, l’idole (appelons-les comme ça) a pensé qu’on parlerait anglais et à compris « Rock band ? Oh sugoi ! » Non ma chérie, on n’est pas un groupe de rock, mais t’es mignonne quand même. Elle parle presque anglais et l’effort est appréciable. Si les cartes de boissons pouvaient elles aussi être en anglais, on apprécierait encore plus. Elle s’est présentée mais j’ai pas retenu son prénom.

la scène du backstage

Contrairement à Mii-chan, qui fêtait son anniversaire le jour-même. Question con : quel âge j’ai ? Et merde, t’es japonaise donc tu fais plus jeune mais si on dit un âge élevé et que t’es réellement jeune, tu vas le prendre mal (même si tu le montreras à peine, ou sur le ton de la plaisanterie). 16 ans ? 17 ans ? Putain, 20 ans ! T’es super vieille pour une idole ! Mais on dira rien. Elle aussi parle presque anglais donc avec nos petites bases de japonais, ça passe plutôt bien. Ça passe tellement bien qu’elle essaie de nous vendre sa photo d’anniversaire à 1 000 yens. Je passe mon tour, sa photo est moche et les photos c’est bien que quand je les prends moi-même. Mais on n’a pas le droit. Mais j’en ai pris deux quand même.

Une autre est venue mais elle avait du sécher les cours de langue parce qu’elle s’est pas éternisée. Elle était moche de toute façon. Comme toujours, on se marre bien à dire de la merde. Le nombre de conneries débitées est exponentiel quand plusieurs esprits tordus sont réunis dans un lieu tel que celui-ci. Akshell commande des takoyaki mais après 20 minutes d’attente et toujours rien, Eva demande ce qu’il en est. On pouvait toujours attendre vu que la commande n’a pas été passée aux cuisines. Ouais bah ce sont des idoles, pas des serveuses. Mais non merci, on va pas recommander parce que la facture monte vite.

Sans doute les filles qui ont eu le plus de points

600 yens l’entrée + 700 yens la boissons + 300 yens pour la demi-heure supplémentaire : 1 600 yens. Aie. Je vous avais dit que c’était fait pour vous faire pleurer votre liquide monétaire. Et vos yeux aussi au passage. Mais bon, c’est pour la bonne cause, pour la découverte. Dommage que l’idole qui parle français n’ait pas été là aujourd’hui sinon ça aurait été plus sympa. Une prochaine fois peut-être, je suis là encore longtemps \o/

Edit : la suite de mes découvertes de maid café sont à suivre ici : Maid café (suite)

10 Réponses

  1. Les maids cafés c’est le bien. J’ai pas fait le backstage lors de mon voyage (pas sur qu’il existait a l’époque d’ailleurs) mais je corrigerais ca la prochaine fois (et en essayant d’autres maids cafés). Y a le Moekon qui est sympa aussi, j’y suis allé 2-3 fois c’était cool.

  2. …sérieux ces quoi ces têtes vous faites flipper…surtous Eva et Xellos …enfin non surtout Xellos. Et pis t’a oublié le seul bar ou il faut aller le Dear Stage /o/

  3. Kementari

    Aaaah !

    Non mais c’est une torture en fait, ok c’est un plaisir pour les yeux mais si tu peux même pas les dragouiller un peu pour ne serait-ce qu’avoir un mail ou un téléphone, c’est chaud !

    • un client qui dragouille, ca va. tous les clients qui dragouillent toute la journée et elles s’ouvrent les veines. Il faut sortir du coté « client » et se mettre a leur place pour comprendre que des règles aussi « stricts » sont essentielles pour ne pas que ça dérive.

  4. oh la tête de tueur de xellos!

    j’ai peur!

    • Réaction d’auto-préservation normale. La peur est la meilleure solution pour s’en sortir face a xellos.

  5. Xellos sama \o/

  6. Je tiens a préciser que sur la photo je mange un truc dégueu dont je tente de comprendre la texture !

    Sinon, Eva illustre vraiment bien l’expression « dévorer des yeux » ^^

  7. En fait, les maid café sont assez similaires à la chaîne de restaurants américaines Hooters, avec ses serveuses aux formes pulpeuses et leur mini-mini shorts : On peut discuter et admirer, mais interdiction stricte de toucher. Par contre, il n’y a pas cette notion de soumission. Et puis c’est quand même nettement moins cher Hooters.

    Non, finalement, Hooters, c’est une chaîne assez familiale, je vois pas du tout une famille japonaise aller dans un maido café ^^.

  8. Pour la drague ça se passe à l’extérieur. J’ai vu des tas de jeunes branleurs taper discute avec les filles qui font la promo de leur café dans la rue.

    D’ailleurs j’en aurais bien fait autant si je savais parler japonais.

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