Parfois, Okinawa me rappelle la Corée et pas forcément pour ses bons côtés. Quand je me rappelle des mauvais points au « pays du matin calme », ce sont les soucis que l’on a à rallier les lieux touristiques en dehors des grands villes qui surgissent en premier. On était presque obligés de prendre le taxi, pour sa rapidité, sa simplicité et surtout, son faible prix. Okinawa, c’est tout pareil sauf que les taxis sont chers. Résultat, on galère pour aller dans les lieux touristiques et la solution de secours est onéreuse.
Et c’est fatiguant de lutter pour aller voir un truc aussi connu que le Parc du Mémorial pour la paix ! J’en avais déjà parlé dans mon article sur le cuirassé Yamato, Okinawa a été le théâtre de batailles sanglantes où les 2/3 des victimes furent civiles. C’est donc tout naturellement qu’un parc a été créé avec un musée et différents autels à la mémoire des victimes. C’est quelque chose d’important pour le devoir de mémoire au même titre que les plages du débarquement, Verdun et j’en passe. Ça devrait être facilement accessible !
3 heures en bus pour y aller !! 3 putain d’heures ! Avec des horaires pas clairs pour deux sous, des terminus dans le trou du cul du monde et une attente qui s’éternise. Sans vous faire le détail, sachez qu’il est possible d’avoir pour seule indication d’horaire un « toutes les 50 minutes ». Moi, j’avais compris qu’il passait à XXH50 donc j’étais pas resté près de l’arrêt de bus. Grave erreur quand il me dépasse 300 mètres plus loin alors que je me baladais ! J’ai donc attendu 50 minutes.
Bref, c’est pas grave. J’arrive dans ce parc à 15h30 alors que le musée ferme à 17h. J’ai peu de temps mais je vais quand même tenter de voir le maximum de choses. Dans ces choses, j’avais pas prévu de voir des classes en sortie, un dimanche ! Pas grave, je m’en occupe pas pour une fois. Mais on va dans la même direction quand même. Pendant que je marche tranquille, un homme avec une casquette et parlant très bien anglais m’aborde et me demande de regarder une stèle. C’est vrai qu’elle a quelques décorations comme si quelque chose avait ou allait être célébré. Il m’a fait tout l’historique de la stèle, les explications sur les inscriptions, m’a parlé des particularités d’Okinawa (il y a un ambassadeur d’Okinawa au Japon !), des soucis qu’il y a eu lors de la prise du pouvoir de l’archipel par le Japon (Okinawa était indépendant quand il était encore le royaume de Ryukyu), enfin plein plein de trucs que je n’aurais sans doute pas appris autrement. Pendant qu’il me parlait, j’étais en train de fondre sous les 40°c et le soleil de plomb mais c’est pas grave.
Après l’avoir remercié, je continue vers un endroit hautement symbolique : le demi cercle de plusieurs dizaines de stèles sur lesquelles sont gravés les noms des 200 000 victimes américaines et japonaises de la bataille d’Okinawa. Autant vous le dire tout de suite, il n’y a pas beaucoup de noms américains. Au milieu de ces pierres, on ne prend pas la pleine mesure de la quantité de gens que ça représente.
Sur la place avec la fontaine, je retrouve les écoliers qui font en fait une cérémonie commémorative. De petits groupes parlent les uns après les autres avant que le premier rang ne prenne leur guitare et sanshin pour chanter tous ensemble. C’est très beau et sans doute émouvant mais là, comme ça, je suis pas super réceptif.
La cérémonie finie, il est 16H. Une heure pour faire le musée… Je fonce ! J’ai horreur de faire ça dans les musées historiques parce qu’on passe à côté de la moitié des infos. J’ai vu aucun des films projetés, lu la moitié des textes et survolé les photos. Je vais donc pas vous dire si c’était bien ou pas bien, je suis pas en mesure d’émettre un jugement qualitatif. L’aménagement est en tout cas très clair et bien fait. On s’y retrouve facilement et on a envie de prendre son temps dans chaque salle. Certaines salles sont vraiment prenantes dont une qui est même un peu choquante. Il s’agit d’une salle avec exclusivement des grandes photos. La première nous montre une fosse avec des cadavres de civils. Une autre un cadavre d’enfant en gros plan. Une autre un soldat calciné. Un enfant perdu dans la boue. Un cadavre au milieu de la rue. C’est définitivement choquant. Si c’était le but, c’est réussi. La guerre est moche et fauche tout le monde : bons, mauvais, femmes, enfants, coupables ou innocents.
Une salle est pleine de pupitres avec des souvenirs des survivants. Chacun peut prendre le temps de lire et tous les textes sont traduits en anglais. Comme la plupart des choses du musée d’ailleurs. Logique pour un lieu qui est aussi visité par les américains.
J’ai juste le temps de monter dans la tour d’observation avant que le musée ne ferme.
Je serais bien revenu un autre jour pour mieux voir mais… 3h, putain !!!
Je traine dans le parc pour rentabiliser le déplacement et force est de constater qu’il n’y a pas grand monde. Encore moins dans cette partie du parc réservée aux stèles de… je sais pas quoi. De communautés ? De villages ? De pays ? Je ne sais pas mais sur cette route, il y en a vraiment beaucoup. C’est pas passionnant et je traine pas. Au bout de la route, je découvre un escalier qui descend le long de la falaise. Vous me connaissez maintenant et c’est le genre d’appel que je ne rate pas. Ça descend beaucoup et je suis déçu de ce que je trouve en bas. Encore des stèles. Je vais pas tout remonter quand même !!!!
Ouf non ! Le chemin continue de descendre et ça parait encore plus sauvage que la partie précédente. Logiquement, à force d’aller toujours plus bas, on se retrouve au niveau de la mer, sur la plage même. Je sais pas si on peux appeler ça une plage en fait. Une crique collerait mieux. Quoi qu’il arrive, c’est dégueulasse et quand je vois une serviette et deux paires de basket, je me dis que je vais peut-être déranger un couple en action. Raison de plus pour continuer. Il se trouve qu’il y avait bien un couple mais qu’il ne faisait pas grand chose dans les rochers. NUL !!!
Je me casse pour la peine parce que 18h sonne et que je sais pas combien de temps je vais mettre pour rentrer. Un bus passe dans 15 minutes ! Cette fois c’est sûr, c’est un vrai horaire.
Vu que je suis seul sur une route déserte, le premier taxi qui passe me propose de me ramener à Naha pour seulement 2 000 yens. Deux fois le prix du bus mais je mettrais deux fois moins de temps. Je lui dis que je veux bien mais pour 1 000 yens. Ouais, faut négocier ici ! Il veut pas et je m’en fous car le bus arrive. J’ai mis deux heures pour rentrer, le temps normal quoi.
Conclusion : si vous voulez aller au Memorial Peace Park, soyez au moins deux et prenez un taxi. Ça vous coutera le même prix que le bus et vous irez plus vite. Vous aurez plus de temps pour voir le musée et vous serez pas blasés par les bus. Et vous pourrez me dire si le musée est vraiment bien !
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