Merde, j’ai oublié. Pourtant ça m’avait marqué moi aussi à l’époque. A l’époque… c’est pourtant pas si vieux que ça quand j’y pense. Comment j’ai pu oublié ? J’avais du l’écrire ou le filmer je crois. J’avais du en parler à tout le monde pour le partager, en rire surement. Mais j’ai quand même oublié. Heureusement qu’ils sont là pour me le rappeler. C’est agréable de voir leur étonnement, de lire leur surprise, d’entendre leur réflexions… Ils sont vierges d’une expérience qu’on ne vit qu’une fois et qu’on oublie. Comme moi, ils oublieront. Avec le temps et l’habitude, inévitablement, ils oublieront.
Eux, ce sont les nouveaux arrivant au Japon. Ceux qui viennent d’arriver et qui découvrent le pays avec l’œil neuf de la première fois. Ce sont ces amis, pauvres âmes naïves qui ont suivi les conseils de leur proches et franchi le pas. C’est pourtant pas faute d’avoir prévenu. Le Japon, c’est de la merde. Vous pensez que je suis ironique mais il n’en est rien. Le Japon, c’est de la merde, comme toutes les addictions. La drogue, c’est de la merde, l’alcool, c’est de la merde, les idoles, c’est de la merde… Le Japon est une addiction comme une autre. Mettez le nez dedans et je ne donne pas cher de votre santé mentale. Vous en voudrez toujours plus. Regardez où ça m’a mené si vous ne me croyez pas.
Qu’est ce que j’ai oublié ? Les détails.
Les détails utiles ou inutiles qui vous sautent aux yeux dès que vous arrivez à Narita. Les détails banals ou extraordinaires qui vous agressent lors de votre première sortie le soir. Les détails drôles ou tristes que vous mettez dans un coin de votre tête pour les raconter plus tard. J’ai oublié ce que c’était que d’être étonné par la simplicité de la différence entre mon pays, la France et mon pays, le Japon.
Alors grâce à ces amis, toiles blanches en pleine phase de crayonné, je redécouvre des détails oubliés. Des choses qui me paraissent normales et qui ne me surprennent plus. Comme la propreté générale pour prendre un exemple simple. Il n’y a ni papier par terre, ni crotte de chien et encore moins de mégot ou de chewing-gum ? Bah c’est normal nan ? Après tout, on vit tous ensemble donc si chacun jetait ses papiers partout ça serait dégueulasse nan ? Tu es étonné de voir le propriétaire d’un chien mettre de l’eau sur la pisse de son animal ? Oui, ça peut surprendre mais bon, après tout, ça sentira moins comme ça. C’est vrai qu’il y a très peu de poubelles mais est-ce que c’est vraiment gênant ? Tu as des poches, utilise-les. La multiplication des poubelles en France résout-elle le problème de crasse des gens ? Un point pour moi.
Depuis quand n’ai-je pas été bousculé dans la rue ? Si c’est arrivé, la personne a du s’embourber dans des excuses sans doute trop nombreuses. Traverser le carrefour de Shibuya (320 000 personnes par jour le traversent), avec une densité de personnes qui ferait passer les heures de pointe de la ligne 13 du métro parisien pour le désert de Gobie, sans être une seule fois bousculé… c’est normal. Il suffit de faire attention après tout. On a des yeux, on est logiquement capables de ne pas percuter les autres, de se faufiler pour n’embêter personne. Et si malgré tout un accident arrive, il suffit de s’excuser, un sourire au passage et personne ne vous en voudra. Faire les gros yeux et élever la voix ne servira qu’à envenimer une situation qui ne mérite pas une aussi grande dépense d’énergie. Je parle du carrefour de Shibuya mais cela vaut aussi pour le métro tokyoïte aux heures de pointe. Aucune chance de se faire déboiter l’épaule par un salary man de mauvaise humeur ou d’entendre ouvertement une dispute à cause d’un retardataire un peu brutal. C’est normal d’être un peu courtois avec les autres si on veut qu’ils soient courtois avec nous.
Aujourd’hui, j’ai utilisé un couteau. Depuis combien de temps n’en avais-je pas utilisé… Longtemps c’est sûr. Comme les fourchettes d’ailleurs. Après tout, la viande que j’achète est tout le temps pré-découpée, comme le peu de légumes que je consomme d’ailleurs. Manger et cuisiner avec des baguettes, c’est pas moins pratique qu’avec des couverts classiques. Mais !!!!! Et les assiettes ? J’en ai ! Une ou deux au cas où. Mais c’est quand même plus normal de manger dans des grands bols quand on mange avec des baguettes, ne serait-ce que pour avoir un rebord.
Les vendeurs ? Quoi les vendeurs ? Oui, ils disent quelque chose quand tu rentres dans leur boutique et alors ? Nan, c’est rien, ils te souhaitent la bienvenue c’est tout. Tous les uns après les autres en effet, c’est normal. Nan, ne leur réponds pas, de toute façon, personne ne le fait et ils n’attendent pas de réponse, comme les caissiers d’ailleurs. Ne perds pas ton temps à leur répondre, sauf si c’est une question directe. Ah oui, c’est vrai qu’ils annoncent la somme que tu leur donnes, la somme qu’ils te rendent… On s’y fait.
Pourquoi êtes-vous si étonnés de voir des distributeurs de boissons ? Il y en a ouais, mais pas tant que ça en fait. Remarque, c’est vrai que dans chaque rue, deux machines font au moins acte de présence. Merde, elles font vraiment partie de mon décor pour que je ne n’y fasse plus attention. Quoi de plus normal que de trouver un distributeur dans une galerie commerçante ou une forêt ? N’est-ce pas rassurant de voir au loin dans cette ruelle la lumière salvatrice du distributeur qui étanchera votre soif à 3h du matin, avec un thé bien frais, que vous allez payer avec votre billet de 1 000 yens ? Oui, avec un billet. Pourquoi faites-vous cette tête ? Pas de soucis, vous aurez votre boisson et votre monnaie. Elles sont fiables ces machines !
Je ne suis plus étonné par la ponctualité des trains non plus. On me donne une heure d’arrivé, le train arrive à l’heure prévu. What else ? Si pour avoir ce résultat il n’y a qu’un métro toutes les 5 minutes au lieu de toutes les deux minutes en France, je veux bien perdre 3 minutes. De toute façon, ces trois minutes seront rattrapées grâce à la fiabilité du réseau. Retard pour régulation du trafic ? Qu’est ce que c’est ? S’arrêter entre deux stations me surprend par contre. Normal, ça n’arrive jamais quand tout va bien.
Tiens, il y a un bar au 7ème étage de cet immeuble. Oh, un restaurant au 5ème étage de celui-là ! Attends, on va voir le menu de celui qui est au 2ème sous-sol. Lever la tête, baisser les yeux, rentrer dans un établissement sans savoir ce qu’on y trouvera, prendre l’ascenseur pour trouver de quoi s’installer le midi… c’est le lot quotidien de toute personne vivant ici. C’est un mode de vie, un agencement urbain lié au manque de place. Je ne m’en étonne plus depuis longtemps. Nan, ne faites pas attention aux horaires des restaurants (sauf à Kabukichô), ils sont ouverts toute la journée car les japonais mangent à toute heure.
Les jupes… La question qui revient souvent. « Comment tu fais avec toutes ces jupes ? » Bah je fais pas. Elles sont là et voilà. Que voulez-vous que je vous dise ? On se retourne sur les 50 premières et on ne voit plus les 3 000 qui suivront. Sauf si l’une d’elle se colle sous votre nez dans le métro ou qu’un porte jarretelle joue à cache cache. Au mieux, je regarde un collant avec un imprimé particulier (fermeture éclair, tatouage, « articulation de poupée »). Par contre, je suis surpris quand je vois un décolleté. Agréablement surpris, cela va de soi.
Je pourrais citer un millier de choses qui ne me surprennent plus, comme les combinis, l’éclairage, le bruit des jingles, le sens des portes et des serrures, les noms français des magasins, les piétons qui ne traversent pas quand il ne faut pas, la mode vestimentaire, les cabines téléphoniques, les contrôleurs de train qui saluent en entrant et en sortant des wagons, la multitude de vélos dans les rues, l’architecture des maisons, les rizières en pleine ville… Tous ces petits détails qui me faisaient avoir des yeux comme des soucoupes quand je les ai découverts la première fois. Ces choses qui me poussaient à les comparer avec leur équivalent français, bien souvent au désavantage de ce dernier.
Heureusement, les « puceaux du Japon » sont là pour partager leurs découvertes afin que moi aussi, je les redécouvre un peu. Et vous, qu’est ce qui vous a étonné la première fois que vous êtes venus ?
5 Réponses
tartiflette77
Je crois que ce qui m’avait le plus surpris (hormis le nombre incalculable de jolies filles 😉 ) c’était leur calme absolue et leur serviabilité.
Mais malgré mes séjours réguliers je suis toujours surpris par quelques chose
Hare
Si tu vas voir des idols c’est normal que tu penses ça.
Pour leur serviabilité, tu paies pour leur serrer la main, elles ne vont pas te foutre une baffe :D, même si les B.I.S. …
Ismath
– 1er: l’accueil aux douanes, à l’aeroport ou à JR boutique à Narita. Ensuite on découvre que c’est partout comme ça. J’inclus la serviabilité à l’hôtel, dans le métro quand on est perdu etc …
– 2ieme: la propreté dans le NeX. idem on se rend compte que c’est partout comme ça.
– 3ieme: le nombre de jolie femme, c’est troublant. Je ne parle même pas des tenues, je trouve les japonaises plus à la mode (la leur bien sur) que les françaises.
– 4ieme le respect au sens large, passage piéton, vélo sur le trottoir mais sans accident, les queues dans les lieu public, métro, musée, magasins, etc …
Par contre y a un truc qui m’a frappé. Dans le métro les japonnais préfèrent se serrer entre eux que de s’assoir à coté d’un gaijin. Mais si ça se trouve les étrangers virent la même chose en France, je ne m’en rend pas compte c’est tout. Attention ce n’est pas systématique, mais ça m’est arrivé assez souvent pour que je le remarque.
xellos
En faite, ce n’est pas que toutes ces mauvaises choses n’existent pas ici, c’est plus que quand on les vois, on est un peu étonné.
par exemple hier j’ai eu l’exemple de la journée rempli de gros cons.
Le mec qui traverse à Akiba et qui bouscule quelqu’un parce qu’il ne regardait pas avec ses écouteurs et qui insulte la planète entière à base de bakayaro en hurlant.
Le mec qui est pas content au guichet de la gare et qui commence à parler en roulant les « r » avec des expressions « peu courtoise » en bloquant tout le monde.
Le vieux con qui tente de doubler tout le monde à un event en faisant genre « je vais juste regarder quelque chose » et qui tente de rester ensuite.
…
C’était la journée gros connards.
Mais, j’étais étonné, alors qu’en France, c’est le genre de chose que je croise tous les jours.
Ca me fait remarqué que les Japonais aussi sont étonnées et souvent ont du mal à réagir à ce qui n’est pas prévu.
Quand tout va bien, ça fonctionne vraiment niquel, mais quand un truc ne se déroule pas comme prévu, en règles général, ils ont vraiment du mal à improviser.
Ca se ressent dans tous.
albatruc
donc, le gros con, c’était toi à chaque fois ? ^^
tu les as bien niqué quoi !