Miyajima – partie 2

Miyajima la moche, me voila ! Le souvenir de ta trahison me hante encore ! De ta trahison… de TES trahisons !!! La première ? Ce gros message en français quand on approche du ferry qui relie le continent (enfin le contiment japonais… je me comprends) et l’île de miyajima.

Un énorme message en français… complètement obvious en plus. Un truc du genre : « euuuhhh le ferry c’est par la ! » alors que 10 mètres plus loin, on voit bien qu’il est là le ferry !!! Aussi utile qu’un message qui dirait  » Par la c’est la mer !! » Du français au japon, qui n’est pas un nom de magasin ou une marque de vêtement en plus ! On aura tout vu. Je suis pas venu au japon pour comprendre ce que je lis !

Mais après tout, je ne suis pas tout seul. Peut-être que le parfum iodé, le clapotis de l’eau, le ronronnement du ferry, le cri des mouettes auront échappé aux plus étourdis. Nan sérieux, ça peut arriver, on est pas à l’abris.

Le ferry, c’est 170 yens. Une machine attend votre monnaie pour cracher son ticket, qui ne survivra que 10m le temps d’arriver jusqu’au contrôleur qui vous en délestera. Homme 1 – écologie 0. Le ferry transporte aussi bien les voitures que les touristes et même en cette basse période, il y a du monde. Plus asiatique qu’occidentale heureusement. Remarque, on est samedi donc j’assume cette surpopulation. Au moins, y’aura peut-être des enfants, des pitis nenfants, et je pourrai en kidnapper une !!! On verra. Deux étages sont réservés à la populace et si je m’installe au plus élevé. Je comprend vite ma douleur et redescend à celui du dessous. Nous sommes encore en hiver, sur la mer, avec du vent. Espérance de vie de toute mes extrémités ? J’ai pas poussé le vice à faire l’expérience. L’étage du dessous est plus à l’abris et me permet déjà d’apercevoir l’otorii.

La traversée est rapide. A vue de nez, je dirais 10-15 minutes mais je n’ai pas chronométré.

Voila, je suis à miyajima. A nous deux vil usurpateur, menteur aux parole d’argent mais dont le silence sera d’or une fois que je t’aurai fait fermer ta grande gu… oh un piti nenfant avec une biiiche !!! Elle est trop mimi !!!

Miyajima, je te hais !!! Utiliser contre moi mon point sensible. Les petites japonaises et les biches, en un seul coup ! C’est vil et sournois ! Mais ça ne me surprend pas de toi ! Tu n’as rien d’autre à offrir. Tu es obligé d’utiliser des « accessoires » pour t’en sortir et te faire plus belle que tu ne l’es. Très bien, t’as gagné cette bataille mais la guerre ne fait que commencer. Après tout, je n’ai fait que 20 m en sortant de la gare !

Ouais, je vous l’ai pas dit pour pas vous influencer trop tôt mais à miyajima, comme à nara, il y a des biches. Si celle de nara vous rackettent honteusement, celles de miyajima rackettent les commerçants. Impossible de quémander auprès des touristes. Pourquoi ? Déjà parce qu’il est interdit de leur donner de la nourriture. Les panneaux l’indiquent et tout le monde le respect. Parce que les japonais respectent les règles en générale, c’est un fait, mais surtout parce que la bouffe à miyajima est super chère !!! Chère comme dans un lieu touristique quoi. Les momiji-manju, ces gateaux en forme de feuille de momiji fourrés à tout ce qu’on veut sont à 200 yens pièces. Certaines boutiques vendent des boites à plus de 3 000 yens ! Pour cette fois, j’ai passé mon tour, même si j’étais pas en rade d’argent. Pourtant, c’est super bon les momiji-manju.

J’ai quand même mangé au restaurant mais j’en parlerai dans un article sur les plats d’hiroshima (non, c’était pas un okonomiyaki).

Au moins, avec les biches au régime, on est pas harceler. Elles sont toutes mimi, font leur vie, se laissent caresser et prendre en photo en ultra gros plan. De vraies peluches en somme. Un bon point pour miyajima donc. Et un autre bon point pour le micro-climat qui règne sur l’île. Même si c’était pas la sibérie sur le continent, il fait encore plus chaud ici, ou le vent est inexistant. C’est « kimochi » (agréable) comme dirait une jouvencelle en proie à la tenta… tion d’une gourmandise. Ou à la vue de cette shamoji géante. A la base, un shamoji, c’est une spatule pour le riz. Imaginez la taille de l’autocuiseur qui peut accueillir le plus grand shamoji du monde !

Petit à petit, bien malgré moi, je m’approche du lieu du mensonge. Miyajima, c’est le nom de l’île. Mais les gens ne viennent pas juste pour le plaisir d’être sur une île. A ce niveau, le japonais moyen est terrain connu. Non, si ils viennent, c’est pour voir :

• le O-torii
• Le temple Itsukushima

Dans cet ordre la. Le O-torii, c’est un Torii géant posé sur l’eau. Dois-je réexpliquer ce qu’est un torii ou est-ce que la photo suffit ? Je pars du principe que ca ira comme ça.

Poser sur l’eau, c’est pas juste une image. Ce truc n’a pas de fondation. Il est littéralement posé sur le sol et ne tient que grâce a une bonne répartition des masses ainsi qu’à ses 6 pieds. Pourtant, il est massif, immense, impressionnant. La-dessus, y’a rien a dire. Si vous venez à marée haute, on dirait réellement qu’il flotte sur l’eau. Bon, la, c’est marée basse donc il flotte sur la vase. Mais quand même, c’est pas dégueux. J’en profite pour aller sur la plage et m’approcher un peu, comme la plupart des touristes quoi. Vous saviez que dans la partie haute de l’o-torii, il y avait plein de cailloux de la taille d’une tête de bébé, placé pour équilibrer l’ensemble ? C’est gaie hein ?

C’est beau, mais la plus belle vue du japon se trouve du temple Itsukushima. C’est quand on est dans ce temple, qui lui aussi flotte sur l’eau et qu’on regarde l’o-torii que l’on est sensé avoir l’illumination d’une vie, que l’on doit tomber à genoux, lever les yeux au ciel, tendre ses bras en un geste triomphant et crier au monde entier :

« Putain, mais c’est la plus belle vue du japoooooooooooooon ! » (Le putain est optionnel).

Avant ça, vous approchez de l’entrée du temple, fouillez votre porte monnaie en vue d »y prélever les deniers qu’on vous réclame. Vous imaginiez quoi. Le temple est en bois et repose 365 jours par an les pieds dans la flotte. Il va pas s’entretenir gratuitement non plus ! Et vu comme il reste clinquant et beau, on voit que l’argent est bien utilisé. Je l’avoue bien volontiers, même si l’ensemble est simple, c’est élégant. Après tout, on ne fait que suivre un chemin ouvert bordé par la mer, le o-torii en fond. Si on fait abstraction du monde, il y a moyen de se faire de belles aventures mentalement. On marche tranquillement et on oublie le brouhaha de la ville, des commerces. C’est calme, c’est bien.

J’approche du ponton, cet amas de planches turgescentes qui appel de sa virilité le pauvre touriste qui veut sa photo de lui devant le o-torii…
Et ba nan, ça prend pas. J’ai envie de dire que c’est de la merde pour contre balancer cette connerie de plus belle vue mais ça serait pas vrai non plus. Ouais, c’est beau. C’est beau comme le sommet du mont takao, c’est beau comme la vue de la tokyo sky tree, c’est beau comme le Kiyomisudera. Mais a mon sens, la vue n’est pas plus belle. Déjà parce que derrière ce o-torii, il y a la ville d’où l’on vient, avec ses immeubles, son complexe hôtelier, etc. C’est comme une verrue au milieu du visage. Ca gâche le paysage, ça nique la toile de fond.

Indubitablement, c’est beau. Mais, pour moi, ce n’est pas la plus belle vue, le plus beau paysage de l’archipel.

Parce que la plus belle vue de l’archipel, je l’ai vu l’après-midi même, toujours à Miyajima.
Mais ça, ça sera dans la partie 3.