Samsung d’light & Ice galerie

En venant en Corée, je n’avais aucun projet, aucun but particulier. J’ai choisi de m’y arrêter car le billet d’avion pour aller en Chine était à peine plus cher en y incorporant ce détour. Sachant que 3 semaines en Corée seraient moins chères que 3 semaines au Japon, j’ai pas hésité longtemps. En plus, je change d’air et je peux voir d’autres choses que le Japon n’offre peut-être pas.

Le truc, c’est que je n’ai rien planifié. Je sais ce que j’ai déjà vu, ce que je veux revoir et ce que je veux éviter, ce que j’ai pas pu voir et que je compte rectifier. Seulement voilà, Séoul a beau être une grande ville, sorti des quartiers commerçants, les lieux touristiques ne pullulent pas. Et comme j’ai trois semaines à occuper, je peux me permettre des visites que je n’aurais pas fait la première fois car potentiellement pas intéressantes. J’ai bien dit potentiellement car on est jamais sûr de rien.

Mardi, jour de pluie, je me lance dans les activités d’intérieur. Direction le quartier de Gangnam où je vais découvrir le showfloor de la marque Samsung. Normalement votre cœur a raté un battement quand vous avez lu Gagnam, sans doute dû à la peur que la fameuse chanson vous revienne en tête. Cette même musique que vous trouviez sans doute drôle au début, avec son clip grand-guignolesque et ses paroles aux accents d’exotisme asiatique. Cette chanson qui vous est sortie par les yeux après que vous l’ayez entendu 50 fois en une matinée, matraquée dans votre voiture, à la radio ou à la télé. Comme je vous comprends. Pour ceux qui ne le savent pas donc, Gangnam est un quartier de Séoul et comme je l’ai découvert, c’est un quartier où l’on se montre. Un mélange de Ginza pour le luxe et de Shibuya pour le « m’as-tu vu ». J’avais peur en sortant du métro d’entendre dans la rue « Oppa gangnam style » mais il n’en fût rien, heureusement.

C’est sur le site de l’office de tourisme que j’ai trouvé l’itinéraire pour aller au « d’light Samsung », avec la bonne station de métro et surtout la sortie adéquate. Car il y a 12 sortie à cette station, comme c’est souvent le cas ici. C’est plus simple quand on a la bonne. Sauf que l’office de tourisme dit n’importe quoi et qu’elle ne donne pas la bonne sortie. Alors je me suis baladé dans le quartier en cherchant le bon immeuble. Pour celui ou celle qui recherche des fringues un peu classes/branchées, c’est l’endroit idéal. Pareil pour celui qui veut sortir sa Mercedes C63 AMG ou sa Porsche Cayenne. Il y en a même qui sortent avec leur copine dans le même but : la montrer. Très classe. Moi j’ai surtout vu que je trouvais pas ce que je cherchais et que l’architecture des immeubles reflétait typiquement l’état d’esprit coréen. Un pays qui s’est développé extrêmement rapidement, s’ouvrant de nouvelles possibilités économiques et qui doit prouver au monde qu’il faut compter avec eux. Alors ils ont construit des buildings alambiqués. Le building, c’est synonyme de puissance, c’est un défi, ça coute cher et si on peut en faire un unique en son genre, ça fait parler de nous.

Finalement, à force de tourner, je trouve le d’light Samsung. Tout le monde connait la marque Samsung maintenant. Téléphones, tablettes tactiles, ordinateurs et télévisions sont largement exportés chez nous. La marque se bat à arme égale avec des poids lourds comme Sony, Apple ou encore LG. Ce qu’on oublie, c’est qu’ils ne font pas que ça. Caméras, imprimantes, réfrigérateurs, climatisations, lave-linges, aspirateurs, fours, etc, ils peuvent être dans toutes les pièces de votre maison. Et tous ces produits, on les retrouve sur ce showfloor. Les derniers produits sortis sont bien entendu là, ceux que vous pouvez acheter mais surtout ceux que vous n’aurez jamais les moyens de vous payer, comme cette énorme télé ultra haute définition.

Il y a des choses plus rigolotes comme ce sol rempli d’écrans sur lequel on peut laisser un message. L’écran géant qui lui fait face aussi est très… fun. Une caméra vous filme au milieu de la piste et grâce à la réalité augmenté, fait apparaitre des danseurs autour de vous. A vous de tenter de suivre la chorégraphie. Est-ce que je l’ai fait ? Je me suis bien mis sur les marques au sol sensées démarrer la séquence mais bizarrement, il n’y a rien eu. Sans doute car 5 minutes après, un groupe de costard cravate allait avoir sa démo. Tant pis pour ma future carrière de danseur. J’aurais pu lancer la mode du « dancing stick », le bâton qui danse. Tout ça se trouve au rez-de-chaussé.

Le premier étage représente la philosophie Samsung. Un gros ramassis de baratin marketing pour justifier le fait d’être partout et de faire de l’argent. Le but d’une entreprise quoi. C’est pas super intéressant voire même un peu flippant, comme ces reconstitutions de pièces (cuisine, salon, bureau) avec que des appareils Samsung. Mais il parait que c’est génial car tous les appareils communiquent entre eux. Si ils le disent… Si vous avez été séduits par tout ça, allez au sous-sol dans la boutique « Apple like » pour faire vos emplettes. C’était drôle quand j’ai essayé d’aller sur internet avec les téléphones portables et que ça marchait pas. A l’inverse, j’ai découvert les écrans transparents et ça marche vraiment bien. Imaginez une petite vitrine avec un produit en exposition et la vitre de cette vitrine est en fait un écran diffusant une pub, des info techniques bref, tout ce qu’on veut car c’est un écran après tout. C’est à se demander comment ça marche vu que c’est quand même une vitre transparente quoi !

J’avais rien à acheter donc je suis parti direction la Ice gallery qu’on peut traduire par « la galerie de glace ». Déjà, vive le wifi gratos dans pas mal de parties de la ville, c’est toujours pratique pour chercher une info de dernière minute, comme l’adresse exacte de l’endroit par exemple. La galerie de glace est vendue par l’office de tourisme comme « la première galerie de sculptures sur glace au monde qui est ouverte toute l’année ». Ok ! Ça c’est original et ça a l’air fun. Y’a même un atelier pour faire ses propres sculptures. On verra bien donc !

Je trouve l’entrée, non sans chercher un peu car si on arrive de la mauvaise rue, on ne la voit pas. L’entrée est de 7 000 wons alors je prépare d’avance mon argent pour ne pas perdre de temps. Derrière les portes vitrées, je descends quelques marches pour arriver sur un palier donnant sur l’atelier de sculpture sur glace. C’est 5 000 wons en plus donc je verrai après la visite. Un panneau indique que l’exposition est à l’étage du dessous encore alors je descends. Sur le palier, les murs sont remplis de post-its, messages laissés par les visiteurs. Je cherche et trouve des messages en anglais. Je prends bien mon temps, sans me cacher, à la vue de la première personne qui prendrait l’escalier. C’est important cette notion de prendre son temps. Je continue de descendre et arrive dans cette salle, avec des blousons accrochés, de la musique dans les hauts-parleurs et trois portes : l’entrée, la sortie et le local pour le personnel.

Ça caille déjà ici. Par contre, je vois pas de caisse pour payer. Bizarre quand même. Bon, ça doit être dans la chambre froide alors je prends un manteau, prépare mon appareil photo et rentre dans la chambre froide. Pas de caisse. Juste la petite exposition. Car c’est vraiment petit en fait. On suit un chemin (pas sîr qu’on puisse être à deux sur ce chemin) entre les sculptures, scènes de la vie de tous les jours (salle de bain, toilette, bar) ou monuments historiques. En 10 minutes même pas, en marchant normalement et en prenant des photos, j’ai fait le tour et je sors du frigo.

Là, je suis sûr que j’aurais dû payer quelque part. J’ai du rater quelque chose c’est sûr. Mais j’ai vu personne en même temps. Je repose le manteau mais je suis moins tranquille là. Je remonte au palier avec les post-its et j’ai d’un coup plein de buée sur mes lunettes. Merde, merde, merde ! Si je croise quelqu’un avec cette buée, on va voir que j’étais en bas et que j’ai rien payé. Je me fonds difficilement dans la masse. Alors je reste sur ce palier pour essuyer mes lunettes et réchauffer les verres. J’entends des gens dans l’atelier de sculpture. Fait chier ! Je remonte jusqu’au palier qui donne sur l’atelier, et jette un œil. Les gens sculptent, tout est normal. Je commence à monter les dernières marches jusqu’à la sortie et…

Je redescends parce qu’il y a des photos des gens posant avec leur sculpture de glace. Ouais je suis en face de l’atelier mais c’est pas grave. N’importe qui me voyant penserait que je viens de dehors, sûr que je descends les marches depuis la porte d’entrée. D’ailleurs quelqu’un arrive à l’entrée de l’atelier et je vois qu’à côté, il y a une caisse. Ah bah voila ce que j’avais raté. Je fais un sourire à la jeune femme et je m’en vais, tranquillement, le plus naturellement du monde.

Dans ma promenade qui a suivi, je souriais comme jamais j’ai souri. Aux inconnus, aux écolières, aux flics… Je repensais à la façon dont s’étaient déroulées les choses. Aucune préméditation, aucune arrière pensée, le naturel à l’état brut et c’est passé comme une lettre à la poste. Aujourd’hui, j’ai fraudé à la galerie de glace de Séoul et personne n’a rien vu. Sauf peut-être les caméras mais j’en doute, sinon j’aurais largement eu le temps de me faire rattraper dans le bâtiment.

En tout cas j’en suis pas fière, ça m’a même un peu gêné. Si ça avait été vachement bien, plus grand et plus classe, j’aurais payé pour refaire un tour. Mais là, tant pis pour eux.

Je vous invite quand même à ne pas frauder car c’est mal. Faites ce que je dis, pas ce que je fais !