Seoul, tu me soules !

Le rire. Ce merveilleux moyen de communiquer sa joie, son bonheur, son contentement, signe social de bien-être, de confiance en soi et d’assurance. Plus il est franc et plus il est communicatif et grâce à lui, vous vous intégrez plus facilement dans la société. Rire, c’est détendre son esprit et son corps, malgré la centaine de muscles sollicités. C’est un bon moyen de combattre le stress ou la déprime. Merci à la sécrétion d’endorphine qu’il déclenche, substance du bonheur par excellence. Tout cela agit dans un cercle vertueux qui améliore notre sommeil, nous détend, nous rend optimiste, heureux, change notre façon de penser, de voir la vie et de l’appréhender. Le fou rire en est l’apothéose, l’orgasme émotionnel qui ne s’arrêterait qu’au prix d’une fatigue abdominale bienvenue. En résumé, je crois qu’on peut dire que le rire, c’est la vie et qu’on devrait tous rire au moins une fois par jour.

Lors de mon premier voyage en Corée, accompagné du Belge et de Seb, mon futur compagnon de voyage en Chine, on avait bien ri. On riait de tout ce qui pouvait être risible et surtout de ce qui n’aurait pas dû l’être. Se faire emmener en taxi dans un monument aux morts gardé par des soldats qui nous demandent si on est russes (alors qu’on voulait pas aller là), s’apercevoir en partant du monument de l’indépendance qu’on est au milieu de nul part, sans bus et sans taxi et faire du stop pour ne pas rater son train pour Seoul, découvrir que le parc de l’exposition universelle est un parc semi-abandonné coincé dans une faille temporelle proche des années 80, visiter le parc des jeux olympiques et… Bah c’était tout nul quoi…

Autant de situations qui ont déclenché chez nous des rires et des fou-rires car le grotesque et la nullité dépassaient ce que notre esprit pouvait endurer, le premier rire étant alimenté par une remarque débile et ainsi de suite. C’est pour ça que je gardais un bon souvenir de ce premier voyage.

Mais aujourd’hui, je n’ai pas d’acolyte avec moi pour rire des trucs nuls ou des situations absurdes. Je n’ai pas d’ami avec qui parler quand je déambule dans les quartiers commerçants, avec qui je peux rire de la mode coréenne et tester des plats aux noms imprononçables dans les resto. Aujourd’hui, quand je me balade dans Seoul et que je visite, je m’emmerde et je suis loin de me marrer. C’est ma triste conclusion après 10 jours dans la capitale coréenne et autant, voir plus, de sorties à droite et à gauche.

Dans un monde parfait, je ferais deux visites par jour, que ça soit un quartier complet ou un musée/temple/exposition et j’en ferais un article pour vous montrer que c’est trop bien la Corée. Dans la réalité, je fais bien 2 visites par jour, c’est barbant quand c’est un quartier et carrément nul quand c’est un musée/temple/exposition. Mais je vais en parler quand même car ce que j’ai vu, ce sont des endroits préconisés par des sites de tourisme censés savoir de quoi ils parlent. On fait confiance à ce genre de sites quand même, certains organisent des voyages sur leurs dires. Donc, il faut rétablir la vérité ou au moins une vérité : la mienne.

Le moyen le plus simple sera de faire une liste, en commençant par les quartiers célèbres et reconnus.

Myeondong : Si vous connaissez Shibuya, c’est l’équivalent coréen. Sauf qu’il lui manque le symbole fort, le détail qui fera vous souvenir du nom et de l’endroit, comme le carrefour de Shibuya quoi. Fringues, chaussures, produits de beauté, cafés, restaurants, vous serez servi dans ce dédale de ruelles encombrées par les gens mais aussi par les stands de… fringues, chaussures, produits de beautés… Vous avez dit doublon ? Vous êtes loin du compte ! Certaines enseignes ont un magasin dans chaque ruelle ou presque à tel point qu’on a l’impression de toujours passer au même endroit.
C’est blindé de monde, bruyant et les rabatteuses vous feront du charme en japonais, coréen et anglais pour que vous achetiez cette crème hydratante qui vous ferait teeeeeellement de bien. Nan mais tu t’es vu morue avec ta tonne de maquillage ? Déjà que j’ai pas grand chose à faire à Shibuya alors à Myeondong, je m’ennuie ferme. Le peu de boutiques que j’ai faites n’avaient pas ma taille de t-shirt (comme par hasard) et je n’ai trouvé mon bonheur que dans des paires de chaussettes. Classe.

Gangnam : J’en ai déjà parlé, c’est le quartier où il faut être vu et où tout est cher (façon de parler). Le quartier est moderne et hype, l’avenue principale étant même bordée de panneaux interactifs de 12 mètres de haut. Faire ses courses là-bas, c’est de la frime mais si vous savez pas quoi faire de votre argent…

Dongdaemun : Vous aimez les fringues et le tissu ? Parfait, vous perdrez facilement 3 jours juste dans ce quartier. Entre les buildings remplis de petites boutiques de créateur et les petites ruelles façon brocantes qui s’étendent sur des kilomètres, vous ne saurez plus où donner de la tête. Du 12e étage jusqu’au troisième sous-sol, ce n’est que le monde de la mode sous toutes ses formes. Les ruelles sont les plus drôles je pense. Tous les marchands vendent la même chose. Pile le genre de quartier qui me saoule en moins de 5 minutes.

Itaewon : C’est le quartier international de Seoul, celui où la plupart des expatriés habitent et où l’on trouve le plus de marques étrangères, que ça soit des cafés/restaurants ou des fringues. Bien entendu, les occidentaux y sont chez eux et c’est du coup bizarre de voir des vendeurs occidentaux parler coréen et des coréens parler anglais. Le quartier est original mais on en revient toujours au même problème : c’est un quartier commerçant. Il y a quand même cette œuvre d’art participative qui demande à chacun d’écrire ce qu’il voudrait avant de mourir.

Voila pour les principaux quartiers de la ville. N’étant pas une pretty woman et encore moins un acheteur compulsif de fringues, ce n’est pas le genre d’endroit où je m’éclate. Tout seul en tout cas. Il y a quand même de grandes chances pour que vous y trouviez un intérêt, ne serait-ce que pour faire plaisir à votre copain/copine.

Passons maintenant aux visites toutes nulles que j’ai faites.

Coex mall : LE gros centre commercial de Seoul. On l’avait vu en 2011 et c’était sympa. Dommage qu’aujourd’hui il soit à moitié fermé pour agrandissement. C’est triste et un peu vide pour le coup. Il y a toujours l’aquarium mais il n’est pas terrible, en plus de donner des envies de meurtre, autant sur les mômes que sur les parents. Seul le cinéma « Megabox » sauvera votre visite comme il a sauvé la mienne.

La tour 63 : La plus haute tour de Corée (249m) est facilement reconnaissable à sa couleur dorée. Le souci, c’est qu’elle est dans un quartier d’affaire super moche (des buildings partout) et à 15 min de marche mini du plus proche métro si vous ratez la navette gratuite. Vous pouvez toujours longer la rivière pour y aller, beaucoup plus agréable que les longues artères bétonnées. 60 étages, ça fait beaucoup de choses à voir. Ah bah non. Il n’y a au mieux que 6 étages d’accessibles au public. Mais il y a de quoi faire : aquarium, musée de cire, une salle de cinéma imax (pas de blockbuster, juste un documentaire) et un observatoire/musée d’art moderne. Un aquarium, j’ai déjà fait, musée de cire, je m’en tape, observatoire j’ai fait la Namsan tower et musée d’art moderne… J’aurais pu, je l’avoue. Vous serez moins déçus que moi si vous comptez tout faire.

Paper Art Museum : Au moins, c’est original un musée sur les œuvres d’art en papier. Original mais nul. Le « musée » se résume en deux salles : la première au rez-de-chaussé avec une exposition temporaire, ici des réalisations enfantines comme des animaux, des boites et des paysages en origami, et au premier étage une expo permanente avec des travaux d’artistes. Mais juste une salle aussi. En 20 minutes, on en a fait le tour et mis à part 2-3 œuvres vraiment bien, le reste est très dispensable.

Cartoon Museum : Faut se méfier de ce qui a l’air intéressant sur le papier. Parce que le Cartoon museum, c’est de la merde. Une partie sert de bibliothèque donc si vous n’êtes pas coréen, c’est mort (il faut remplir de la paperasse) et une autre partie, plus portée sur l’animation est… bordélique ? Bizarre ? Inexistante ? Tout en coréen, ça c’est sur. Une exposition temporaire sur un animé, une salle avec des maquettes et des mascottes et c’est tout. Ah si, y’a des projections de films d’animation pour enfants. J’avais pourtant vu que ça parlait aussi techniques d’animation et de modelage mais au rez-de-chaussé, je vois rien et à l’étage personne n’y va. Donc j’y vais et là, j’ai l’impression que des gens travaillent, genre pour gagner leur vie, genre j’ai rien à y foutre. Y’a rien à voir quoi !!! Nul !!!

Digital pavillon : La plus grosse carotte que j’ai prise. Un lieu d’interaction avec diverses technologies, où le visiteur, muni d’une carte recueillant les données de ses expériences pendant la visite, en apprendra plus sur lui-même. Avec 3 étages d’expériences et qui a une fréquentation de 42% de touristes étrangers, je pensais que ça serait « safe ». 42 % d’étrangers quoi ! Je galère pour trouver car tout le quartier est en construction (quartier Digital Media City) et une fois sur place, tout est vide. Pas fermé, juste vide. Le rez-de-chaussé censé être le hall de l’exploration n’a plus qu’une télé et les étages sont inaccessibles, l’escalator est fermé. Voila voila… ça s’appelle se la faire mettre à l’envers.

Vous comprenez maintenant pourquoi je me marre pas tous les jours et pourquoi je galère à trouver des occupations. Déjà que quand ça parait bien sur le papier, c’est nul en vrai, alors quand ça paraît déjà nul sur le papier… Pas besoin de préciser que souvent, tout est mal indiqué, presque que en coréen dans les musées (les petits) et que tout est relativement vieillot. C’est démoralisant de passer d’une visite à l’autre, d’une déception à l’autre.

Je pense que je vais revenir sur les classiques, comme les patrimoines historiques ou des choses un peu plus éloignées de Seoul, à mes risques et perils.