Pour des raisons de « j’ai pas de photos », cet article ne contiendra que ces petits dessins incompréhensibles qu’on appelle « lettres ». Désolé de la gène occasionnée.
Je suis une feignasse. C’est un secret pour personne, j’aime ne rien faire ou pire, faire quelque chose tant que ce n’est pas du travail. C’est pas pour rien que je suis au Japon depuis plus de 7 mois maintenant. Parmi les choses que je n’aime vraiment pas faire et que je repousse continuellement, il y a les démarches administratives.
Que se soit à la mairie, à la sécurité sociale, aux impôts ou à tout autre organisme d’état un peu trop rigide, je dois lutter intérieurement pour me décider à y aller et à perdre des heures dans les méandres de la non-information et des formulaires. Bizarrement, pour les équivalences japonaises (je pense ici à ma carte de résident et mon changement d’adresse), l’urgence et les délais assez courts m’ont un peu forcé la main. 14 jours maximum avant d’être dans l’illégalité, ça ne laisse pas de place à l’hésitation et au doute. Il faut y aller. Même si on ne sait pas comment ça va se passer avec le souci linguistique.
Je pensais être tranquille jusqu’à la fin de mon séjour, en tombant dans la petite illégalité et en ne déclarant pas tous mes déménagements. Mais ça aurait été trop simple.
Comme vous le savez, je vais faire un tour en Corée (3 semaines) et en Chine/Taiwan (3 semaines aussi). Si pour la Corée, avoir un passeport européen suffit pour rentrer dans le pays, il en est tout autrement pour la Chine. L’empire du milieu n’est accessible qu’avec un visa touristique. Et oui, c’est pénible mais c’est comme ça. Ça me ferait clairement chier si j’étais en France mais là, ça m’emmerde encore plus vu que je suis au Japon. Quoi de plus logique que de demander un visa chinois dans une ambassade à Tokyo quand on est Français ?
Avant même de commencer les démarches, c’est le bordel dans les infos que je trouve pour faire la demande de visa. Le site de l’ambassade demande beaucoup de documents comme les billets d’avion, l’adresse du premier hôtel, un certificat de travail, un certificat d’assurance, un formulaire à remplir avec photo, un peu d’argent, etc. Les témoignages de français ayant fait la démarche sont beaucoup plus souples par contre. Il semblerait que le formulaire de demande avec photo suffise. Je me dis qu’avoir les PDF de mes billets d’avion et de ma réservation d’hôtel n’est peut-être pas une mauvaise idée quand même, au moins sur une carte SD si j’ai besoin de l’imprimer dans l’urgence.
Mon ami Seb fait la démarche de son coté en France et c’est aussi le bordel pour lui. Il ne faut pas aller à l’ambassade mais au consulat pour faire la demande (merci le site internet de l’ambassade pour la mauvaise info) et à aucun moment on ne lui demande son attestation de travail/billet d’avion/résa d’hôtel. A croire que tout ça est indiqué pour décourager les moins téméraires. Je suis pas téméraire mais j’ai pas peur de me lancer dans l’inconnu(e) donc direction le quartier de Roppongi où se situe l’ambassade.
Même sans savoir où se trouve le bâtiment, le premier aveugle pourra le trouver vu la multitude de plans que l’on trouve dans le quartier. Pas étonnant vu le nombre d’ambassades qui sont regroupées ici. Il y a même des pays que je ne connais pas ! L’ambassade de la République Populaire de Chine est visible de loin une fois qu’on est dans la bonne rue. Il y a des flics un peu partout accrochés à des barrières flexibles, prêts à barrer la rue rapidement s’il le faut. Le mur d’enceinte est peint de différents paysages chinois, au cas où vraiment on ne saurait pas qu’on parle de la Chine.
Le contrôle au détecteur de métal à l’entrée se passe bien, avec le sourire des agents de sécurité. Ça change de leurs équivalents occidentaux dans les ambassades françaises. J’avais pas spécialement envie de rentrer dans celle du Japon quand j’ai fait mon visa en France. Dans le petit hall du rez-de-chaussée, y’a moyen d’être paumé car aucune info n’est en romaji, notre bon vieux alphabet. Des photomatons, des guichets… va pour les guichets. Une charmante jeune femme parlant un anglais parfait me dirige vers le 3ème étage. Ça augure que du bon si tout le monde parle aussi bien anglais !
3ème étage, rayon visa ! Ding ! Avec plein d’étrangers qui parlent chinois et plein d’occidentaux un peu à l’ouest, comme moi. Ça ne serait pas le cas si tous les formulaires étaient rangés au même endroit. Y’en a à l’entrée et au guichet, par paquet de 4-5… Je trouve le bon et commence à le remplir. Rien de bien extraordinaire dans les questions posées, je suis juste un peu emmerdé quand on me demande le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de mon contact sur place. Bah j’en ai pas bande de moules et je viens de vous donner l’adresse et numéro de téléphone des hôtels dans lesquels je vais, deux cases plus haut, ça devrait suffire nan ? On verra bien. Allez, c’est presque fini… ou pas.
Comme je fais ma demande depuis un pays autre que mon pays d’origine, je dois remplir un autre formulaire. Ils sont mignooooons… Ils aiment ça les papiers on dirait. Pour dire quoi de plus ? Que j’ai un visa japonais et que j’ai le droit de revenir au Japon après la Chine. Super les gars, je suis sûr que mon passeport et ma carte d’identité vous auraient aussi bien renseigné mais j’imagine que ma bonne foi suffira à vous convaincre, pas besoin de vérifier. Il me faut une photo. Pas que je sois narcissique, je vois assez ma gueule comme ça mais ils en ont besoin pour faire l’élection du plus beau demandeur de visa. Le photomaton coûte 700 yens pour 6 photos. En anglais s’il vous plait et avec une rapidité toute asiatique. Il me faut des ciseaux et de la colle pour mettre ça sur le formulaire par contre. Paaaaaas de souci, y’a tout ce qu’il faut à ce 3eme étage, même des ciseaux et de la colle. Ouais ouais, des ciseaux dans une ambassade en libre service. Nan mais ils sont pas fous non plus, les ciseaux sont en laisse. Voilà, j’ai tout rempli. Y’a plein de guichets avec des numéros façon sécurité sociale mais je vois pas de machine pour me donner un numéro. Tant pis, je vais voir la jolie demoiselle au guichet d’information de l’étage. Je lui donne mes papiers, elle les regarde 2 secondes et me dit un truc en anglais.
Je la comprends pas. Je le lui dis, parce que je suis honnête. Elle répète. Je la comprends pas. Ou plutôt, derrière sa vitre, j’entends à peine ce qu’elle dit et avec l’accent par dessus et le bruit ambiant, j’arrive même pas à deviner ce qu’elle dit. Je chope les mots « family in China ? » dans tout ça et je me dis que, j’ai du mal comprendre. Parce que… t’es sérieuse quand tu me demandes si j’ai de la famille en Chine ? Avec mon mètre quatre-vingts dix et mes grands yeux bleus, tu me demandes si j’ai de la famille en Chine ? Dans le doute, je lui dis nan, elle peux pas me croire si je lui dis oui de toute façon. Là, elle me reparle et j’entends/comprends pas mais je retrouve mes instincts d’étranger. Une voix me murmure : « faaaiiiiiis confiance à la situatiiiiooooon ! N’essaaaaaie pas de compreeeeennnnnndre les mooooooots ! ». Ouais, en tenant les voyelles comme ça, genre bien flippant quand tu t’y attends pas ! Alors je l’écoute parce qu’un truc comme ça, tu l’écoutes, et j’ai observé. Elle me tend une feuille en total japonais/chinois. Le genre de feuille manuscrite baveuse, photocopiée par une machine de l’ex-URSS fabriquée en Corée du nord. Même si je savais lire les kanji, il me faudrait un brevet de traducteur pour ne serait-ce que deviner de quoi on parle. Mais ça va, je gère, elle entoure un numéro de téléphone. Tu veux que j’appelle ? Ok, j’en parlerai à mon chien, il comprendra peut-être mieux que moi ce que c’est que ce bordel. Moi, j’me casse.
Merde, je savais que c’était suspect le coup de la bilingue à l’entrée ! C’était forcément une copie de vraie bilingue ! Ils sont forts ces chinois. Bon, je suis un peu pris de court là. Moi qui voulais me débrouiller par moi-même et ne pas passer par une agence de voyage/visa… j’ai plus le choix.
Le monde est bien fait. Surtout quand c’est un monde de chinois car la boutique à côté de l’ambassade, genre collée, c’est une agence de voyage pour l’obtention des visas. Allez, je me casse pas la tête, j’y vais. Le mec à l’entrée me met un stop. Euh, t’es gentil si tu veux m’impressionner, il faudra faire autre chose que monter sur une marche pour être à ma hauteur.
« Visa ? » ouais visa, j’ai une tête à venir acheter des nems ? L’agence ressemble plus à une cave de contre-façon de carte d’identité qu’à une agence de voyage. C’est pas super rassurant mais en étant si proche de l’ambassade (collée quoi !), je minimise les risques. Et puis, je me suis renseigné avant, je suis pas le premier à passer par eux.
« Nihongo daijobu ? » Ah non désolé, je parle pas japonais. Et par avance, non, j’ai pas de famille en Chine ! La dame vérifie mon dossier, prend mon passeport, ma carte d’identité japonaise et me demande mes résas d’hôtel et d’avion. AH Ah AH, j’ai tout sur ma carte SD. Dommage que son ordi pourri n’ait pas de lecteur de carte SD. Ah pour cloner des japonaises bilingues y’a du monde, mais dès qu’il s’agit de piquer un lecteur de carte SD dans une usine, y’ a plus personne par contre ! Pas grave, je lui enverrai par mail. Un point la dérange dans mon formulaire. J’ai demandé un visa avec deux entrées dans le pays. Une pour Shanghai et une pour Shenzhen/Hong-kong. Elle me dit que je ne peux avoir qu’un visa à une entrée et qu’à mon arrivée à Hong-Kong, je devrai faire une demande sur place. Que voulez-vous que je vous dise ? J’ai le choix ? Nan. Par contre, va falloir vous démerder parce que j’atterris pas à Hong-Kong mais à Shenzhen, à une heure de train de Hong-Kong. Là-bas, on délivre pas de visa. T’en as un, tu rentres, t’en as pas, tu dégages. Si j’ai de la chance, j’en aurai quand même un avec deux entrées vu que j’ai mis l’adresse de Hong-Kong dans mon dossier et que la case « Double entrée » était cochée. On verra bien.
8 000 yens, merciiiii. Elle remplit le petit bordereau à remettre dans 4 jours pour récupérer mon passeport et elle me demande mon numéro de téléphone. Mais Madame, je n’ai pas de numéro de téléphone !
« You don’t have any friend ? » Non j’ai pas d’amis ! Quoi, tu veux me faire chialer et me rappeler que je suis tout seul, en plus de me castrer de la moitié de mon visa ? Monstre va !!! Oui, c’est ça, on se revoit dans 4 jours !
Merde, ça n’a pas été long dans l’ensemble mais ça m’a soulé en fait. Je dois encore attendre 4 jours pour récupérer mon bien et découvrir quel type de visa j’aurai. C’est franchement casse-couille l’administration…
10 Réponses
Anon
quelle idée d’aller en Chine aussi. Tu cherches la merde de base et après tu trouves encore le moyen de te plaindre.
albatruc
la chine, c’est -40% par rapport au japon aussi, même sur les demandes de visa. Vu que j’ai bien un visa 1 entrée. supeeeeeeer !
neomiiii
« « You don’t have any friend ? » » xDDD
Arnaud
Aller en Chine en tant que Français, en passant par le Japon pour son visa, dis comme ça, l’équation n’est pas simple, je dirais même suspicieux.
(Je t’avais prévenu non lol?)
albatruc
Tout à fait. La preuve, j’ai eu un visa avec 1 seule entrée alors que l’ami qui vient avec moi et qui a fait sa demande de france a un Visa avec deux entrées.
cedolin
Ma femme vient de faire le même parcours. 2 heures d’attente à l’ambassade de Chine de Tokyo pour qu’on lui dise que pour les visas touristique il fallait passer par une agence de voyage. Direction donc l’agence voisine qui multiplie le prix par 2 (8000 JPY ay lieu de 4000 JPY par personne). Donc avant même d’être parti, le prix n’est pas le même pour les touristes et les autres. Vive la Chine ! J’espère maintenant que ça vaut le détour !
albatruc
c’est un business qui à l’air de bien marcher oui. On peut penser que c’est dégueulasse mais comme on a pas d’autre choix…
Anne
Merci pour ce témoignage, ça m’aide bien à me faire une idée car mon copain et moi on aimerait se faire un trip à travers l’Asie à la rentrée prochaine. Dans l’idée (mais pour l’instant rien n’est fait), on aimerait atterrir au Japon et descendre par la Chine pour rejoindre Vietnam, Laos, Cambodge, Indonésie.
Et justement c’est cette histoire de visa qui m’inquiète puisque, pour la Chine en tout cas, ne peut clairement pas le demander en France avant de partir puisqu’il ne dépasse pas 30 jours à compter de la date de DEMANDE du visa (scandaleux non ? sachant que ma sœur en France a mis une semaine et demi à l’obtenir l’année dernière).
Du coup, si tu as d’autres conseils à donner à ce sujet, n’hésite pas
Merci en tout cas !
girard
Les Français ne sont pas bien classés dans la maîtrise de l’Anglais. La Chine met tout en oeuvre pour faire progresser le niveau de sa population, même dans les campagnes, et débauche des anglophones étrangers.
Aurélie
Merci pour cet article! J’ai bien ri! Et je vais sans doute moins rire demain quand on se tapera l’agence de « voyages » pour notre visa! Merci pour les infos en tout cas!