Yamadera

Classé dans : Sendai | 3

A première vue, Sendai n’est pas la ville la plus touristique du japon. Même en cherchant plus précisément ce que je pouvais y faire, rien de ce que je ne connaissais déjà ne ressortait. Et vu ce que j’avais fait la veille, je devais élargir mon champs d’action pour trouver de quoi m’occuper. 

Le Japon est une île, même si on a tendance à l’oublier. Cet état de fait a ses avantages et ses inconvénients. Dans le cas présent, j’y vois un avantage. Je suis proche de paysages très variés. Mer ou montagne, je n’ai qu’à faire mon choix. De toute façon, j’ai dimanche et lundi pour voir les deux alors je commencerai par la montagne.

A moins d’une heure de train de Sendai, après avoir traversé des vallées ruisselantes où la neige fait encore preuve d’une résistance surprenante, je stoppe à Yamadera, petite bourgade d’une centaine de maisons cernées par une vallée en forme de Y. Rien ne semble devoir attirer l’attention des promeneurs mais ce n’est pourtant pas un hasard si le train se vide de sa vingtaine de passager. Il faut être attentif ou bien savoir ce que l’on cherche pour déceler le détail qui fait la joie des commerçants du village.

Les amis de la langue japonaise auront peut-être traduit malgré eux le nom de Yamadera et auront leur réponse. Pour les autres, je vais expliquer. Yama signifie « montagne » alors que dera vient de « tera » et désigne le « temple ». Les japonais parlent comme Yoda et inversent pas mal de mots donc n’imaginez pas une montagne de temple mais plutôt un temple sur la montagne. La vérité serait même plus proche de « temple accroché au flan de la montagne » mais j’imagine que ça faisait long comme nom. 

Avant même de sortir de la gare, l’aventure commence. A Sendai, ma carte de transport (SUICA) marche parfaitement et j’étais donc bien content de ne pas devoir acheter de tickets. Joie de courte durée quand des affiches dans la gare de Yamadera précisent qu’il n’y a pas de lecteur de carte Suica pour valider sa sortie et ainsi payer son trajet. Une petite file d’attente se forme devant les agents de la gare qui prennent soin de lire nos SUICA afin de nous demander le paiement du trajet. En échange, on nous remet un papier et des explications orales. Je dois avoir l’air de tout comprendre car la gentille dame ne perd pas son temps à essayer d’être explicite. Je pensais avoir fait une tête neutre genre « poker face » pourtant. S’pas grave, j’ai compris en fait. Le mot qui l’a trahi, c’est futatsu. Ça veut dire « deux ». Moi j’ai compris : « Ouais tu vois truc machin bidule quand tu slurp le plop et tu montres les deux à l’agent quand tu sors. » Et c’était ça. En revenant à Sendai, j’aurais juste à donner ma carte ainsi que le ticket à un agent en sortant de la gare. Il remettrait ma carte à jour car sinon, elle ne serait plus valide. Pour elle, je serais rentré dans la station Sendai à 11h et sorti de cette même station à 15 h. Et le système n’autorise pas à sortir de la même gare après 30 minutes. 

De la gare jusqu’au pied de la montagne, c’est une haie d’honneur de magasins et restaurants que vous aurez, avec à chaque porte un rabatteur qui vous fera plein de sourires. Mais ce sont des gentils rabatteurs, ils ne sont pas pénibles. Je ne savais pas trop où aller alors j’ai suivi les gens qui étaient avec moi dans le train. Faites toujours confiance aux gens qui semblent être dans la même situation que vous ! Ils ont l’avantage de savoir lire les indications, eux !

Le pied de la montagne est d’un classicisme sans nom. Heureusement que je sais ce qui m’attends là-haut sinon je pourrais avoir un mauvais pressentiment. Le chemin qui mène au sommet est payant. Trois fois rien, juste de quoi participer à l’entretien quoi.

Allez, c’est parti pour la grimpette. Des marches, des marches et encore des marches, je me croirais revenu au mont Misen. Sauf qu’ici, une forêt de conifères tout en hauteur nous entoure. Leur ombre est la bienvenue car la chaleur est beaucoup plus présente qu’en ville, pas étonnant quand on sait que Sendai est en bord de mer. Reculée dans les terres, enclavée dans une vallée, la température grimpe presque aussi vite que moi. C’est con, j’avais prévu qu’il ferait frisquet en haut et je suis habillé en conséquence. J’ai chaud !!!

La montée se fait en douceur au rythme des gens qui me précèdent. On ne fait pas la course et on observe le paysage qui nous entoure. Beaucoup de rochers semblent taillés, comme si on avait arraché les Tables des 10 commandements de leurs entrailles rocheuses. En faisant bien attention, on remarque que sur certaines de ces marques, des caractères sont encore légèrement visibles mais le temps a fait son effet.

J’arrive à la première « étape » de cette côte. C’est pas vraiment une étape, plus une pause contemplation. Dans un immense rocher sont encore taillées ces marques. Pas de doute cette fois, il y a bien des inscriptions dedans. Plus drôles par contre, ce sont ces dizaines de pièces coincées dans la pierre par les visiteurs. La roche doit être très calcaire et des petits trous la parsème allègrement. Juste de quoi y laisser son offrande de 1 yen pour faire un vœu.

En continuant, j’arrive au Sanmon, la porte du temple et je suis surpris de voir que tout se perd au Japon. Même le respect. La porte est couverte de stickers, du sol au plafond ! Point de vandalisme, non, je suppose que ce sont aussi des vœux ou des prières car ce sont de simples mots qui sont écrits sur ces stickers. Mais ce n’est qu’une supposition hein.

Le partie principale du temple est coincée dans un repli de la falaise, aménagée sur des terrasses, à la manière des rizières à flan de collines. Plus on monte et plus les bâtiments sont importants, symboliquement parlant. Au sommet, c’est un bouddha doré qui trône face à la vallée, protégé du soleil par un bâtiment. C’est joli, autant quand on regarde le temple que quand on lui tourne le dos pour voir le paysage.

Ce paysage, c’est la force de Yamadera et ceux qui l’ont bâti le savait parfaitement. Qu’est-ce qui me fait dire ça ? Pas la plate-forme d’observation en tout cas, elle est bien trop récente. Non, c’est le dernier bâtiment, celui qui est le plus près du bord.

S’il a été construit à cet endroit, c’est bien pour pouvoir observer toute la vallée en contrebas. Mais pour nous pauvres touristes, point de temple pour méditer, juste la plateforme toute proche. C’est aussi bien après tout, son ouverture à 180° nous permet de profiter de la splendide vallée et des montagnes encore enneigées.

La plateforme paye le prix de sa fréquentation. Les visiteurs l’ont tatouée de messages et autres signatures marquant leur passage, date à l’appui. Les plus professionnels ont même laissé leur carte de visite. Et ils sont nombreux, à tel point qu’il est difficile de trouver une place pour en mettre une nouvelle. J’avais déjà vu cette pratique dans d’autres temples mais je trouve ça toujours aussi marrant. Reconnaitre des sociétés connues tapisser les murs d’endroits aussi insolites à travers la dévotion d’un employé courageux, c’est pas banal.

Enfin, je dis employé courageux mais j’exagère un peu. Pas besoin de courage pour arriver au sommet. L’ascension est raide mais rapide. En 30 minutes, on est au sommet sans forcer. Je pensais pas que ça serait si rapide en fait. Du coup, je suis déjà prêt à redescendre alors que le début d’après midi arrive à peine.

Je suis pris de court pour occuper le reste de l’après-midi, même si le trajet retour m’a déjà bouffé presque une heure. A défaut d’avoir un plan B, je vais flâner dans les centre commerciaux qui entourent la gare. Et il y en a un paquet ! Chaque immeuble ou presque, en est un. Sur 4, 5 voir 9 étages, on ne trouve que des boutiques. Bien entendu, les boutiques de fringues féminines ont la part belle. Je finis par échouer sur le toit d’un immeuble bas, aménagé en jardin artificiel. Je m’y suis dirigé au son à vrai dire. De l’intérieur du centre commercial, j’entends une voix féminine chanter.

Bien vu : une scène trône sur un côté du toit et des idoles (moches) y défilent pour chanter une ou deux chansons. Un duo supposé comique leur fait la discussion entre chaque chanson et bien souvent, on a le droit à une imitation de la part de l’idole (personnalité connues, personnages de dessins animés etc). C’était sympa mais certaines chantaient vraiment mal, même pour des idoles.Et elles étaient pas très jolies quand même.

La journée se finit sur cette note musicale. Une journée bien remplie et intéressante. Décidément, Sendai me charme de plus en plus.

3 Réponses

  1. D’après les photos, tu as vu semble-t-il un live avec Abe Hitomi et le groupe SCK GIRLS, tous originaires de Sendai. C’est sympa Abe Hitomi, j’ai écouté vite fait mais ça passe bien.

    • Je suis arrivé pendant le live d’hitomi en effet et c’est celle qui a chanté le plus de chansons. Sympatoche oui. Le reste, j’ai moins aimé.

  2. caradonna

    sympa comme petite ville, le panorama est d’enfer ! bise

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