11 mars 2011 – 11 mars 2013

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La terre n’a jamais été plus active au japon que le 11 mars 2011. Un tremblement de terre de magnitude 9 dont l’épicentre se trouvait au large des cotés a ravagé une partie du pays. D’abord à cause de la violence de la secousse qui reste encore aujourd’hui la plus forte mesurée au japon. Puis à cause de l’enchainement inexorable de catastrophes qui ont suivi. Un raz-de-maré, une vague de 14 mètres balaya les cotés du nord du japon, dans la région du tohoku.

On se souvient tous de ces images montrant la force de la vague, l’impuissance des gens, leur fuite, leur peur. Et cette masse d’eau qui emportait sans distinction les voitures, les maisons et bien souvent,  les gens. On se sentait bien petit face à la réalité de cette nature violente.

Si tout aurait du finir ici, une fois le calme de l’eau revenu, il n’en fût rien. Car le 11 mars reste pour le monde associé à une autre catastrophe, celle de la centrale nucléaire de Fukushima. Et je regrette vraiment cette principale association. Car l’incident de fukushima, malgré sa dangerosité, malgré les risques qui planent encore et bien qu’il serve de modèle à ne pas reproduire, n’est qu’une partie du désastre finalement. Oui, des gens ont perdu leur maison pour toujours. Oui, une partie du japon ne sera pas habité avant des siècles. Oui le nucléair peut être la pire des chose quand elle n’est pas maîtrisé. Oui, la nature environnante n’en est pas sorti indemne, aussi bien la terre que la mer.

Mais dans cet incident, il y a eu peu de mort, direct en tout cas.

En face, il y a les 20 000 morts du tsunami et du tremblement de terre. Il y a les dizaines de milliers de personnes qui ont aussi tout perdu, leur maison comme leur bien les plus banals. Des gens qui ont vécu dans des gymnases pendant des mois, faute de place pour les reloger. Ils sont encore 315 000 à vivre chez des proches ou dans des « pre-fabriqués ». Des hommes et des femmes qui ont vu leur vie basculer en un claquement de doigts. Combien ont perdu un membre de leur famille, à jamais emporté parmi les millions de tonne de débris éparpillé sur les côtes ? Combien d’enfants ne rient plus dans ce qui était autrefois leur cour de récréation simplement parce qu’ils y sont mort ?

Bien sur, il faut pleurer ses morts, ne pas les oublier. Mais il faut aussi aller de l’avant, reconstruire, refaire sa vie. Mais est-ce si évident de refaire sa vie de zéro ? Est-ce si facile quand le souvenir de ce jour vous hante et vous hantera toute votre vie ? Est-ce facile quand ses conséquences marqueront le pays pendant des siècles ?

Car la centrale de fukushima est bien sur toujours le danger numéro un de la région. Ce monstre de matière qui vous tue sans même vous toucher, qui stoppe le temps dans toute les villes et villages à des kilomètres à la ronde, qui a rendu à la nature ses droits, en privant l’homme de ceux qu’il avait acquis.

Le gros danger de la centrale, c’est sa piscine de stockage de produit radioactif. Je vais pas développer car les journaux le feront pour moi. Je vais juste évoquer l’ampleur du danger, en cas de catastrophe.

Si cette piscine devait lâcher et si le combustible radioactif libérait à l’air libre sa radioactivité, il faudrait évacuer la région de tokyo. Sur plus de 200 km autour de la centrale, il n’y aurait plus rien. Tokyo à elle seule compte 37 millions d’habitants. Vous imaginez évacuer la moitié de la france dans l’urgence. Car on serait loin du calme exemplaire que les japonais arborent habituellement. On parle de risque de mort quand même. C’est impensable et pourtant, le danger n’est pas écarté.

Aujourd’hui, c’est un vrai combat qui se mène au japon. Les pour et les anti-nucléair. Les manifestants contre certains membres du gouvernement. Le gouvernement contre le gouvernement même. Tepco contre le reste des experts mondiaux. Que faire ? Que dire ? Que cacher ? C’est un vrai sac de noeud qui embrouille le japonais moyen, au lieu de l’éclairer.

Ce soir quand vous regarderez les infos et que l’on parlera du 11 mars 2011 au japon, n’oubliez pas les drames humains qu’il y a eu. Ne vous focalisez pas que sur le drame radioactif. Pensez, même si vous êtes loin, que pour de nombreuses personnes, c’est une catastrophe bien réelle, c’est un évènement bien trop proche, physiquement et chronologiquement.

N’oubliez pas que le 11 mars 2011 est une catastrophe humaine avant d’être une catastrophe nucléaire.

Plus de 100 manifestations anti-nucléair sont prévu entre dimanche et lundi, ce qui prouve que le débat est vif ! et loin d’être terminé.

Photos de Toshifumi Kitamura

 

4 Réponses

  1. Personne ne peut oublier une telle catastrophe quand il l’a vécu. Directement ou par procuration.

    J’invite à jeter un oeil à un article d’un responsable de l’AFP Japon qui a recueilli les ressentis du photographe en question dans l’article : http://blogs.afp.com/makingof/?post/2013/03/07/La-toute-petite-diff%C3%A9rence-entre-les-vivants-et-les-morts

  2. Au fond, cela se comprend, les gens sont surtout concernés par des événements qui peuvent les toucher personnellement (comme le nucléaire).
    Les catastrophes naturelles sont vite oubliées qu’elles aient lieu dans un pays développé ou non : raz de marée dans l’Océan Indien, ouragans, tremblements de terre à Haïti,… Loin des yeux, loin du cœur.

    Le nucléaire ayant une caisse de résonance chez nous, on ne parle que de ça.

    Mais je vais être cynique (comme d’habitude), au fond, les catastrophes naturelles sont courantes au Japon et malgré l’ampleur de celle-ci, il y en aura des pires (à quand le réveil du Mont Fuji ?). On est passé pas loin d’un merdier pas possible avec la centrale de Fukushima, qui aurait totalement désorganisé le Japon, et par là-même le monde. Finalement, parler seulement du nucléaire, c’est en grande partie jouer sur nos peurs françaises et éveiller le débat chez nous.

  3. deja deux ans , ca passe . Il est vrai que le probleme est qu’on prefere parler de nucleaire plutot que de vie humaine .

    On prefere dire que des tonnes de beton ont lache et qu’il y a un risque plutot que comme tu la precise , des milliers de vies humaines sont detruites aussi bien physiquement pour les defunts que psychologiquement pour les survivants.

    On oublie un peu trop souvent les defunts des catastrophes naturelles je trouve
    .

  4. Si je devais retenir une seule chose, en étant arrivé 1 mois après la catastrophe, c’est la volonté extraordinaire des japonais de continuer de vivre et d’aller de l’avant.

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