Ca me manque, ca me gène.

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Le dernier article ? Pas du tout. Je fais durer le plaisir encore un peu pensez-vous ! Si c’est difficile de passer de la vie japonaise à la vie française, c’est aussi difficile de passer de la rédaction d’une article tous les deux jours à … plus rien du tout ! On va dire que je suis en période de seuvrage et qu’un petit texte de temps en temps me permet de tenir.

Ca fait une semaine que je suis rentré maintenant et, même si j’étais à la campagne, j’ai eu un peu l’occasion de découvrir que déjà, des choses me manquent et des choses me gène depuis mon retour. Ce sont souvent des choses très simples, presque anecdotiques, auxquelles on ne pense pas quand on vit au Japon tellement elles sont normales mais qui une fois en France, manquent à notre paysage quotidien.

Ca a commencé par le wifi à l’aéroport d’Orly. Sérieux, 30 minutes gratuites et ensuite il faut payer. Et j’ai du pas mal payer pour garder contact avec mes amis vu que je leur avais indiqué le mauvais aéroport d’arrivé. C’est quand même une sacré honte quand on sait qu’à Narita et dans tous les aéroports asiatiques que j’ai fait, c’est open bar sur le wifi ! Tu le sens ton pays d’arriéré grippe-sous ?

Ensuite, il y a eu la conduite à gauche… enfin à droite… enfin on roulait pas du bon côté quoi ! Même si j’ai pas souvent eu l’occasion de monter en voiture au Japon, on s’habitue à voir débouler les usagers de la route toujours du même côté ! Je m’étais même habitué à la fin à regarder d’abord à droite puis à gauche avant de traverser ! 28 ans d’habitude enfin mise à la poubelle pour au final devoir y revenir ! C’est trop injuste.

Premier soir en France, j’ai même pas ouvert ma valise, on décide avec un ami de manger, parce qu’il est déjà 22h passé. Chez moi, en proche banlieue parisienne, il n’y a pas un chat dans la rue. Tous les magasins sont fermés, c’est glauque et triste, sombre et seul les réverbères diffusent une lumière orangée blafarde. Où sont mes enseignes lumineuses pour les restaurants ouverts 24/24, pour les bars ou pour les boutiques de bentos ? Où sont mes combinis si pratiques pour acheter de quoi grignoter, se rincer le gosier et s’approvisionner du minimum vital pour accueillir un ami ? Où sont les gens et l’animation propre à beaucoup de rues Tokyoïtes même à une heure si avancée de la soirée ? C’est un dur retour à la réalité de la vie française ou plutôt, à la non vie nocturne française. On a eu d’autre choix que d’aller acheter des pizzas, vu qu’il n’y avait que ça d’ouvert !
Et j’apprends en plus que ça parle de fermer les boutiques de bricolage le dimanche ? Mais qu’est ce que c’est que ce pays bordel de merde ?

Autre grande redécouverte, et pas des moindres, le métro parisien. Comment vous dire… C’est une galaxie de différences entre le métro de Tokyo et le métro parisien. Ne serait-ce que la machine pour prendre son ticket. Déjà, il n’y en a qu’une alors que j’étais au terminus de la ligne, une gare fréquentée donc. Et en plus, elle était en panne, là où la plus petite gare Japonaise a 3 ou 4 machines toujours fonctionnelles et intuitives. Parce que je sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de vous servir des machines françaises mais elles sont tout sauf intuitives ! Même en sachant s’en servir, on passe 5 minutes pour prendre un simple ticket, là ou il me faut 30 secondes au japon alors que c’est en japonais. Il y a des choses à revoir pour simplifier ce dispositif et c’est vraiment pas compliqué.

C’est pas grave, je suis allé au guichet pour acheter mon ticket. Autre nouvelle claque : l’employée de la RATP ne m’a absolument pas adressé la parole ! Pas un sourire, pas un mot, elle était bien à l’abris derrière sa vitre, en train de discuter avec sa collègue. On est loin du sens du service à la japonaise où le client n’est pas roi, mais où il est au centre des préoccupations des employés des transports en commun. Parler aux usagers et avoir un sourire, c’est quand même le minimum. Difficile d’être de bonne humeur quand on parle à une porte de prison !

Dans le métro, inutile de dire que c’est sale et dégradé (notez avec quelle subtilité je dis qu’il est inutile le dire alors que je le dis quand même). Pourtant, les métros de la ligne 13 ne sont pas bien vieux. Les pub en abondance avec des personnages de manga me manquent carrément, tout comme l’aménagement des rames, beaucoup plus logique et fluide que nos aménagements fait un peu n’importe comment. Assez vite, je me fais agresser les yeux par les affiches de cinéma, de concerts et de pub pour des choses que j’avais complètement oublié. Christophe Maé en concert… j’ai envie de pleurer, sachant que la veille, je voyais des affiches pour le dernier album de Perfume. C’est un autre monde et une autre culture.

Pour descendre de la rame, une chose ne change pas par rapport aux rames japonaises, je dois baisser la tête pour ne pas me cogner. Par contre, j’attendais comme un con que la porte s’ouvre toute seule. J’ai attendu une seconde avant que quelqu’un de très pressé l’ouvre pour moi et me bouscule. Le savoir vivre ? C’est pour les autres !

Gare Montparnasse, trains grandes lignes. Un panneau d’affichage doit annoncer sur quel quai partira mon train, 20 minutes avant le départ. C’est tellement plus logique d’avoir des voies fixes pour chaque destination, comme les Shinkansen. Au final, la voie de départ sera indiquée 5 minutes avant le départ ! Comment voulez-vous que l’équivalent de deux TGV soient remplis en 5 minutes par les usagers ? Et on s’étonne que les trains ne soient pas à l’heure ! La rigueur japonaise me manque, l’exactitude des horaires aussi !

Dans le train, une jeune femme a mis son pied sur le rebord sous la fenêtre. Pas sur les sièges, pas sur la table, mais sur le petit rebord large de même pas 10 cm. Les agents de sécurité sont passés et lui ont dit avec toute leur amabilité que si elle n’enlevait pas son pied, c’était 45 euros d’amende. Devant son sourire, certes un petit peu narquois, ils lui ont dit que si elle continuait de sourire, ils lui mettaient l’amende tout de suite. Bon alors connard, déjà quand t’es rentré dans le wagon, t’as oublié de saluer ! Ensuite, t’as oublié d’être poli et courtois quand tu t’adresses à un client, de lui demander gentiment d’enlever son pied du rebord car ce n’était pas respectueux, de la remercier quand elle le fait avec un sourire, de la saluer avant de partir tranquillement. Sérieux, on se sent agresser par les gens sensé faire respecter l’ordre. C’était pas compliqué de lui demander simplement de ne pas mettre son pied ! Pourquoi tout de suite les menaces ? Et en prime, il faudrait qu’elle fasse la gueule quand on lui fait une réflexion ! On a vraiment pas envie d’être respectueux avec des gens comme ça.

Merde, ça fait à peine plus de 24 heures que je suis rentré et déjà le comportement de la société me sort par les yeux. Le signe vraiment déclencheur de ce malaise, ça a été le distributeur de boisson. J’ai voulu prendre une canette dans un distributeur dans un hôpital. 1,5 euros la canette, c’est toujours plus cher que les 150 yens habituels mais bon. Je mets deux euros, la machine me dit que j’ai mis 1 euro. C’est une putain de blague, réveillez moi ! Je demande à récupérer ma pièce, elle me rend un euro. Vite, du cyanure ! Je remets 1,5 euros et demande un pepsi, on me donne un coca ! FUUUUUUUUUUCK ! Ok ? F-U-C-K !! Et elle prenait même pas les billets cette putain de machine ! En un an, j’ai eu qu’un seul problème de distributeur et c’était sur l’île aux lapins et là, la première que j’utilise me baise d’un euro sans vaseline !

Alors oui je me plains et de ce fait, je suis une caricature vivante mais en 24 heures, j’ai eu plus de déconvenues et d’arnaques que pendant toute une année ! Où sont mes combinis, mes toilettes chauffantes, mes décomptes aux passages piéton, mes portiques de métro ouverts, mes agents souriants, mes métros qui parlent anglais et écrivent les noms de station et les correspondances, mes distributeurs de boisson réglés comme des horloges, mes restaurants ouverts tard le soir, mes izakayas, mes néons et mes écrans géants, mes mini-jupes et mes écolières, où sont mes publicités débiles, mes game center, mes tower record, mes idol, mes quadragénaires qui lisent des manga ou jouent sur leur portable, mon sentiment de sécurité et mon bien-être, ma tranquillité d’esprit et mon envie de découvrir mon environnement ? La claque est rude. On s’habitue vraiment très vite au meilleur quand on l’a sous le nez.

Le problème n’est pas de se réhabituer à la vie française. Le problème est d’oublier la vie japonaise. J’ai encore un peu de boulot de ce côté-là, sachant que j’ai pas franchement envie d’oublier… Juré, le prochain article sera ma conclusion.

 

 

 

 

14 Réponses

  1. Arf comme je te comprends. Je suis tellement dégoûté que je planifie déjà un futur RETOUR au pays heuuu au japon je veux dire.
    Encore je me trouve privilégié parce qu’habitant une petite ville de province, on se dit bonjour dans la rue, on discute dans les magasins parce qu’on se connait tous. Le coté convivial compense.
    Par contre le fait de pas pouvoir quitter des yeux 30 secondes son portefeuille ou portable sur une table de café, de sortir sans fermer à clé l’appartement, les merdes de chien par terre, ce petit confort qui parait tellement normal dans un pays de gens civilisés me manque terriblement … (vous aurez remarqué que je dis que le pays est civilisé mais pas le français).
    Oui, tout est fermé le soir et le weekend ça aussi j’ai du mal. Et on s’étonne qu’ils ont 4% de chômage avec un pays en décroissance … Nous on est à 25% pour les – de 25 ans même avec 1% de croissance … Je sais qu’ils ont beaucoup de petit boulot mal payé, mais c’est toujours mieux que le rsi en foutant rien … En fait non, c’est tellement mieux de toucher 400 euros en foutant rien, on ne risque pas de progresser ou de s’ouvrir des opportunités comme ça.
    Bref la seule question c’est quand est ce que je (tu/nous) repars ?
    PS: il faisait 25° le matin et 31° la journée à Kyoto il y a quelques jours, ça me manque aussi.

  2. Bienvenue en France! C’est sur qu’après un an au Japon le retour est rude et le choc culturel violent. Surtout lorsque de l’aéroport tu dois rejoindre la capitale. T’es direct plongé dedans.

    Je suis d’accord avec ce que t’écris et avec ce qu’Ismath au-dessus a écrit également. Ce sont des choses qu’on ressent même en y allant « seulement » 1 mois. A chaque retour c’est violent. Je n’ose imaginer 1 année entière.

    Bonne réaccoutumance (et bonne préparation du futur voyage :p)

  3. Albatruc, tu as oublié les armées d’employés qui te sortent un « Irashaimase » à chaque fois que tu franchis l’entrée d’un magasin ou d’un rayon.

    Bizarrement, moi après 3 semaines au Japon, je n’ai pas du tout ressenti le choc de civilisation. Faut dire qu’après avoir lu tant d’articles sur la vie au pays du soleil levant avant de le découvrir, on a eu le temps de comprendre les spécificités de leur mode de vie, qu’une fois arrivé là-bas, ben oui, effectivement, c’était comme ce que j’avais en tête. Donc plus d’émerveillement, plus de grosses surprises. Mais c’est quand même super sympa. Je dirais juste qu’au Japon, il y a une véritable différence de relation entre les gens selon leur âge, leur classe social, leur travail (la fameuse soumission des employés envers le client roi) etc…alors qu’en France, il y a une certaine égalité, malgré les classes sociales, au final, on est tous des hommes et des femmes et c’est à chacun d’avoir du respect pour autrui.

  4. Tant de sentiment ressenti par nous tous qui sommes revenu du Japon :'(

    Si il y a bien un truc qui me motive à aller au boulot, c’est de me dire que les vacances (et le retour au pays) approchent chaque jour plus vite :3

  5. La seule chose positive que je retient de ton article : Cool, un nouvel album de Perfume \o/
    Courage Albatruc, courage !!

  6. Article de conclusion par le viol ? (cf la dernière photo…)

    • ça va de soi. j’ai fait une video en plus \o/

    • En fait on ne voit pas sur la photo mais dans le dos elles ont des étiquettes: « réserver pour Kevin dans 10 ans »

  7. tu te fais du mal!

    • Mais non, j’extériorise et ça fait du bien ! Il fallait tourner la page 😉

  8. Tu es tellement de mauvaise foi…
    Tu parles comme les fans aveugles du Japon dont on se moquait il y a encore 1 ans de ça.

  9. Je pense qu’on a tous plus ou moins ressenti cette différence culturelle en rentrant « au pays » après un voyage au Japon.
    Mais … attention à ne pas caricaturer 😉
    Certains exemples sont criant: penses-tu qu’au fin fond de la banlieue tokyoïte tu trouveras des resturants et/ou magasins ouverts après 22h ? A certains endroits (Hokkaido par exemple), tout est fermé à 20h, voire avant..
    Et attention aussi à ne pas réduire la France à la région parisienne. J’habite la région lyonnaise, et je ne me reconnais pas du tout dans pas mal d’exemples (le métro lyonnais est propre comme un sou).

    De plus, tu ne parles que des choses qui t’ont déplus en posant les pieds en France.. mais est-ce que tout est rose au Japon ? Peut-être pourrais tu écrire un article qui pèse vraiment les pours et les contres, plutôt de que jouer l’archétype du français « raleur » ?
    N’y a-t-il rien qui t’a manqué pendant ton année d’expatriation ? Au hasard: la nourriture variée (ahhh la bonne baguette, et les fruits & légumes à prix abordable), les 5 semaines de congés payé (même si tu n’étais pas directement concerné), la diversité des paysages et le patrimoine culturel (on n’est pas le pays le plus visité au monde par hasard).

    Toutefois, tu as plus que raison sur certains points: l’hôtesse qui discute avec sa collègue au lieu de servir le client => vrai. L’état du métro parisien => on est d’accord. Le manque de respect général => c’est un fait.
    Le problème est que l’on baigne dans une soiciété profondément « latine », et donc de nature assez individualiste et incivile.. l’inverse des japonais quoi. mais ça, on pourra faire tout ce qu’on veut, on ne pourra rien y changer. Cn peut améliorer les choses par petites touches (éduquer les gens à plus de civilité dans les transports) mais on gardera toujours cette « mentalité ».

    Bref, quelquesoit l’endroit ou on vit, il y a des points positifs et négatifs. A chacun de trouver le meilleur compromis en fonction de ses attentes, mais je trouve « malsain » (avec des gros guillemets hein) de vouloir être dans la fuite permanente et de ne se sentir bien qu’au Japon.. et pourtant je suis un fan incomensurable du pays du solei levant.

    Alors.. welcome home !

    • Alors, loin de moi l’idée de caricaturer. Je parle de vécu et je vis en banlieue parisienne donc, normal que mes exemples s’y rapprochent. Je ne veux pas extrapoler à la France entière mais c’est plus simple de parler de « la France » quand la plupart des exemples que je cite sont transposables à beaucoup de grandes villes françaises. Tant mieux si le métro de Lyon est propre mais ça n’enlève rien au fait que globalement, on vis dans un pays sale !!

      J’ai habité près de Chiba (40 minutes de Tokyo en métro) et oui, après 22H, le supermarché (pas combini hein) et les restaurants étaient ouverts. Ce n’était pas le cas à Himi bien entendu mais pour peu qu’on habite dans une « grande ville », les commerces et restaurants sont ouvert le soir. Aujourd’hui lundi, chez moi, tout est fermé, sauf la supérette.
      Rien de ce que tu cites ne m’a manqué pendant mon expatriation : ni la bouffe, ni la diversité des paysages (le japon a aussi sa forme de diversité) ni le patrimoine culturel. Ce n’est pas pour autant que je n’aime pas la France mais à force de baigner dans la culture depuis… ma naissance, je suis moins intéressé par ce que j’ai à porter de main (à porter de train même).

      Je ne suis pas dans la fuite et je ne me sens pas bien qu’au japon. Je me suis peut-être mal exprimé si c’est ce que tu as compris. Je me sens mieux au Japon pour toute les qualités qu’on a cité mais je ne me sens pas pour autant super mal en France. La transition est violente car je me suis habitué au « confort de vie » japonais, et me reprendre dans la face en moins de 24h tout ce que j’ai cité, ça fait beaucoup pour un retour à la réalité. Si je fais la balance de bonne choses et des mauvaises choses dans chaque pays, pour moi, le Japon est devant. A chacun de faire cette balance.

      Si la vie et la mentalité en France était proche de la vie et la mentalité japonaise, je ne suis pas sur que j’aimerais autant aller au Japon. C’est cette différence entre les pays qui est intéressante qui attire les français au japon aussi bien que les japonais en France. Alors ne t’en fait pas, je ne déprime pas à être en France, je m’adapte très bien mais retourner au Japon est quand même une grande bouffée d’air.

  10. Bonne réponse 😉
    Je suis bien évidemment d’accord avec toi sur les grandes lignes, sinon je n’aurais pas autant de plaisir à retourner régulièrement au Japon pour prendre cette bouffé d’air dont tu parles.
    Je voulais juste « trancher » avec les commentaires précédents qui abondaient dans le sens (pour schématiser) que France = merd* / Japon = paradis.
    Il y a du bon et du moins bon des 2 côtés.. et quand je parlais de « fuite », c’était plus un point de vue général (pas sur toi en particulier) sur ce que lis ici et la sur le retour au pays après une expérience nippone.
    Juste un point: je ne pense pas que la France est un pays globalement sale. C’est plutôt le Japon qui est « hyper-propre », il suffit d’aller faire un tour en Asie du sud-est ou en Amérique du sud pour s’en convaincre: la France (hormis le métro parisien ^^) est un pays relativement propre.
    Bref, c’est un débat intéressant.. peut-être biaisé par le fait que tu as passé un an au Japon et que le retour est toujours brutale.
    Quoi qu’il en soit, je te souhaite une excellente continuation. Ce fut un plaisir de te lire tout au long de cette année.. :)
    Mata ne !

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