Le tourisme à Iwate

On m’a dit et répété qu’il n’y avait rien à faire à Iwate et c’est en partie très très vrai. Si c’est en partie très très vrai, c’est que c’est en partie un peu faux aussi. Si on se place d’un point de vue strictement piétonnier, d’un point de vue routard en sac à dos autrement appelé le point de vue « putain je galère sans voiture mais j’aime ça », alors oui, à Iwate, mis à part les commerces le long des nationales et quelques coins de nature verdoyant, y’a rien. L’hiver, y’a des pistes de ski mais encore une fois, de notre point de vue « putain je galère », si on dort pas dans une station de ski, vous allez en chier avant de tâter de la poudreuse.

A contrario (je l’avais pas encore utilisée cette expression), si on se place d’un point de vue plus… local, d’un point de vue plus autochtone, bref d’un point de vue « on va où ce week-end en voiture », là, à quelques heures de route à peine, il y a quand même de quoi s’occuper, de quoi se complaire, voir de quoi se faire « kira kira » dans les yeux (onomatopée de ce qui brille en japonais).

Je sais que les endroits dont je vais parler n’intéresseront probablement personne vu que personne ne risque d’y aller mais au moins, vous saurez que ça existe. Du coup, le petit coin paumé où vous hésitez à aller pour votre 6e voyage à une chance d’avoir des endroits aussi intéressants. Mais vous n’aurez que le point de vue « putain, c’est beau mais je galère grave quand même ». Tout est une question de point de vue on dirait.

On attaque avec un environnement que j’aime beaucoup : les cavernes avec Ryusendo.
Y’a bien 2 heures de voiture pour y aller quand même alors vous devinerez aisément qu’avec un autre moyen de transport, au mieux ça sera juste cher, au pire ça sera long et cher. Parce que c’est pas une petite caverne de branleur, trouvé au milieu d’une plaine avec une station de de train de 100m. Nan, nan, c’est de la caverne de montagnard poilu, avec la pioche sur l’épaule et la chemise à carreau 100% coton. Faut grimper dans la montagne (en voiture, ça va faut pas déconner, j’ai pas de chemise à carreau moi), se balader un poil dans la fôret avant de s’enfoncer dans les entrailles de la terre avec une agréable température de 14°c à l’entrée de la grotte. Sachant qu’au fond, il fait 10°C, j’aurais aimé avoir une chemise à carreau.

Si vous vous souvenez, j’avais déjà fait une caverne l’année dernière à Okinawa et j’avais bien aimé. Je sais plus pourquoi mais vous pouvez relire l’article. Ici, c’est quand même un peu plus petit mais aussi, paradoxalement, plus profond. A vue de nez, je dirais qu’on descend bien 40m, et vu les escaliers de la mort qu’on se tape en fin de parcours, je ne dois pas me tromper de beaucoup.

Sachant que la caverne fait 249m de profondeur, qu’il y a des lacs souterrains dont le dernier fait 120m de profondeur mais qu’on y a pas accès, que le 3e lac fait 90m de profondeur et qu’on y a accès mais que le 4e lac n’est pas 90m sous le 3eme vu qu’il n’est pas en dessous donc que le 3e lac n’est pas à 249m moins 120m donc 129m et que normalement le sommet du 3e lac n’est pas à 129m – 90 m et que vraiment le point le plus profond auquel on a accès n’est sans doute pas à 39m.
En gros j’en sais rien mais on se mange beaucoup de marches bien raides.

La particularité de la caverne, c’est donc ces lacs souterrains et les rivières qui les relie. L’eau est tellement claire et transparente qu’on croirait qu’elle est chaude. Sauf qu’il fait 10°c donc, c’est même pas la peine d’imaginer une baignade. Entre les lacs, il y a un dédale de couloirs assez bas et de salles traditionnellement éclairées avec des spots de couleur. Comme d’hab, ça rend super bien !

Les lacs… ceux qu’on peut voir sont surmontés d’une passerelle. Pour créer un passage me direz-vous sans doute et je vous répondrai : « mais ferme là, j’ai pas fini d’expliquer ! Malpoli ! ». Non, si passerelle il y a, c’est pour nous donner le vertige. Pourtant, on doit être à 1,5m au dessus de l’eau mais c’est bien de vertige dont il s’agit. Les lacs sont très profonds, 90 et 120m et comme l’eau est ultra transparente, on voit très loin sous la surface. D’autant plus qu’il y a des lumières suspendues dans l’eau, qui donnent un effet abyss assez saisissant. C’est simple, j’ai mis 20 seconde à me rentre compte que ce n’était pas le reflet du plafond que je voyais mais bien ce qu’il y a sous la surface. Les photos ne rendent pas hommage à cet effet, la faute aux gouttes d’eau qui tombent sur le lac et le trouble mais vraiment, c’est incroyable.

On fait le tour de la caverne en 30 minutes, tranquillement donc si vous ne venez que pour ça, à pied, vous aurez les boules. Ou alors vous êtes méga fan de cavernes et de lacs. Il y a bien le musée à côté mais on s’en branle un peu avec miyuki alors on va voir un autre paysage pas très loin, sur la côte. Le nom ? Aucune idée mais c’était joli. Pas facile à trouver mais vraiment joli. Et on a mangé une glace. Vous vous en foutez ? Ok, je poursuis donc.

Autre journée de visite semi-marathon parce que les week-end sont courts, même avec 4 jours (jour férié, RTT, etc). Direction Geibikei ! Mais si, vous savez c’est à côté de… près du truc là… avec le machin… Non ? Ok. Je ne vous jette pas la pierre vu que moi-même j’avais oublié jusqu’au nom alors que je l’ai fait. Geibikei, c’est une petite gorge un peu profonde mais pas très grande. Si vous êtes un homme et que ma phrase précédente vous excite, vous êtes sale car je parle ici de la nature au sens noble du terme.
Au milieu de cette gorge se trouve une petite rivière, très peu profonde et très calme, encore sauvage et pas du tout prévu pour les balades pédestres (ça veut dire à pied). Le seul moyen de profiter du lieu est de faire la petite balade de 1h20 en bateau. Un bateau à fond plat, uniquement déplacé par la force du batelier et de sa perche.

Il faut 30 minutes pour aller au fond de la gorge, au son des oiseaux, des canards, des clapotis des carpes et du récit de notre batelier. Il nous parle de tout, des cailloux avec leur nom, des canards et d’autre choses sans doute super mais là, j’ai plus compris. Ma traductrice est avare en explication mais de toute façon, c’est superflue.

Le fond de la gorge est un cul de sac (ça veut dire qu’on peut pas aller plus loin, c’est pas sale) que l’on découvre à pied, tranquillement. J’ai des super photos mais avec miyuki dessus donc… vous ne verrez pas son visage mais le reste vaut le coup (son visage aussi ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit).

Au retour, le batelier nous chante une petite chanson et c’est juste parfait pour l’ambiance. Je vous laisse seul juge.

Ensuite, on enchaine avec le Kinkakuji du coin, ici appelé Chuson-ji. Et j’exagère à peine parce que c’est clairement un frère caché ou une connerie comme ça. Y’a un air de famille entre les deux bâtiments non ?

Mais avant de le voir, il faut grimper. Si vous trouvez ça difficile, retournez-vous et regardez une super mamie grimper elle aussi, ça vous redonnera des forces. Ce n’est pas très long mais la pente n’en est que plus raide.

En haut, il y a des temples, très classique mais aussi des Momiji, les érables japonais. Si ce n’est pas encore clairement l’automne avec ses couleurs rouges/orangées, on sent que ce n’est pas loin et même entièrement vert, c’est joli.

Arrivé devant le Chuson-ji, on est un peu perplexe. Déjà parce que c’est cher (800 yens) mais aussi parce qu’on ne le voit pas. On ne voit que ça :

Oui, oui, le Chuson-ji est bien dans ce bâtiment assez moche. Disons que pour le côté immersion dans une autre époque, c’est plutôt foiré et on comprend pas trop le prix élevé de l’entrée vu que la préservation est plutôt aisé du coup. Alors c’est joli, c’est interdit aux photos, c’est pas très profond donc on manque de recul et c’est plein de monde. C’est pas mal mais pas top. En soi, les sculptures, le bâtiment, les dorures sont très belle mais la « mise en scène »… On est pas resté longtemps, le temps de prier et c’est bon.

Déjà, 1446 mots donc je vais être bref avec notre dernière visite de la journée, qui n’est qu’un parc très très simple, le Hiraizumi chusonji, avec rien de spécial si ce n’est des pancartes signalant l’emplacement de temples détruits depuis longtemps. Un peu comme si vous visitiez Versailles sans le bâtiment et que vous aviez des panneaux style « la galerie des glaces »… c’est moins marquant. Mais niveau entretien, un coup de tondeuse et c’est propre. L’ensemble est très joli attention ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, encore une fois.

En deux articles, j’ai un peu couvert tout ce que j’ai fait niveau tourisme dans la région. Il y a bien d’autres choses à faire et à voir mais qu’est-ce qu’on peut faire contre le très célèbre :
– Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?
– Je sais pas et toi ?
-Je sais pas.
Ce qui amène invariablement à ne rien faire et j’aime bien aussi. A noter qu’il peut y avoir la variante :
– Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?
– Je surveille le club de hockey sur gazon donc je bosse samedi et dimanche, et je dors sur place vu qu’il y a un match dans une autre préfecture.

Que voulez-vous… être prof de lycée au Japon, c’est pas facile.