« Sur la route d’arakusa » 1/2

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« Se faire réveiller par les oiseaux, alors que le soleil est déjà haut, voila qui n’est pas banal à tokyo.

-« Aussi improbable que de voir un aigle à central park », pensa-il.
9 heures allait pointer le bout de son aiguille. 3 heures avant, il était réveillé par une petite secousse sismique. Il avait bien vu les manœuvres d’urgence en cas de tremblement de terre, mais il avait jugé son lit comme étant une armure impénétrable contre un plafond qui s’effondre. C’est stupide oui. Autant que quitter son pays, sa famille, ses amis et accessoirement son travail, pour venir se planter dans le pays le plus radioactif et sismiquement instable du monde.
Un petit déjeuner à la va-vite, sans café et le voila prêt à partir. Son kit de survie portait bien son nom : comment vivre sans ipad, iphone, Carte de métro et passeport quand on déambule dans une mégalopole aussi grande ?

Sa minuscule pièce doitressembler à un palace pour le salary man qui a dormi dans un hôtel capsule, pourtant, il ne la quitte jamais avec regret. Elle représente beaucoup de chose à ses yeux. Son ambassade, son monde, son lien avec ceux qu’il aime, sa forteresse, son cube de délivrance intestinale. Mais certainement pas son espace de liberté. Non. La liberté, elle est l’extérieur, l’inconnu à porté de main. Mais pour l’atteindre, il faut esquivé cette porte d’entrée trop petite et cette foutue serrure que l’ont ferme à clé vers la gauche.
– « Ils font vraiment tout à l’envers ma parole » dit-il tout bas, alors que sa main triturait la serrure.

Dans l’entrée de l’immeuble, il ne croise pas un chat. C’est dommage vu que les chats, bien qu’il soit de notoriété publique que ce sont tous des connards, restent son animal préféré.

Rangé ses chaussons dans son casier et en retirer ses chaussures. Les enfiler (mais surtout pas sur le parquet) avant de sortir. C’est à se demander si l’acte d’uriner est aussi codifié. La plupart des gens qu’il croise entre l’immeuble et la gare ne font pas attention à lui. Un ou deux s’est peut-être dit qu’il était chaudement habillé pour la saison. Et définitivement, il l’est. Difficile d’oublier la vieille association mois d’octobre/fraicheur. Ici, on ne met pas de blouson car il fait bien 20 °c. On ne met pas de coca dans le whisky et pourtant, il le fait. Une erreur de plus ou de moins, qui lui en tiendra rigueur ?

Encore une fois, il manque de prendre le parking à vélo pour l’entrée de la station. Personne ne l’a vu cette fois mais ca ne l’empêche pas de se trouver bien con. Sa chasse au trésor commençait ici. Il aurait aimé appelé ça une enquête mais l’enjeu n’était pas assez grand pour avoir l’honneur du terme. La pire choses à faire dans une chasse au trésor, quand on a un point de départ et une direction c’est de foncer tête baissée. Déja parce qu’on ne voit pas ou l’on va mais en plus parce qu’on ne sait pas ou l’on va. Ce doit être le seul point important qu’il a retenu de ses jeunes années, à l’époque ou les chasses au trésor n’étaient pas détrônées par les jeux vidéos. Une boussole, une carte et un objectif. La boussole peut bien ressembler à un ipad après tout. L’objectif est aussi terrifiant que de trouver le chemin pour l’atteindre. Pour la carte, il l’a sous le nez. Le plan du quartier que toutes les stations de métro mettent à disposition des usagers. Celles dont on a généralement pas le temps de se servir tellement les citoyens modèles sont prompts à vous demander si tout va bien.

Cette fois, personne ne le prend par la main et c’est les yeux dans les yeux qu’il affronte ce mélange de ligne complexe assorties de pictogrammes bigorés et de texte presque indéchiffrable. Presque seulement car le plus important est traduit. Il n’empêche qu’à cet instant, il imagine très bien le désarroi que champollion à du ressentir devant les graphitis égyptiens. Le code couleur est clair et compréhensible. Jaune pour les bâtiments public et… Il ne voit plus aucune autre couleur. Comme si il vivait dans un monde noir et blanc et jaune. Mieux qu’un extasie « Sin city », la concentration peux faire des merveilles.

Bingo ! C’etait donc ce petit cube schématisé et coloré d’un jaune outrancié, qui lui semblait inaccessible il y a encore 3 minutes ? Il sourit de sa propre stupide anxiété. Quiconque l’aurait regardé à cet instant aurait vu un grand homme sec, les cheveux attaché en une ridicule queue de cheval. Un homme trop grand pour ce pays, habillé trop chaudement pour la saison et trop souriant pour que ce soit son expression naturelle. Sa propriétaire avait raison sur un deuxième point. La sortie Est était la meilleure solution en plus d’être la seule.

La rue est calme lorsque les commerçants ouvrent leur devantures. Chacun pense a son chiffre de la veille, espérant faire mieux aujourd’hui. Un vendeur de tissu occidental nargue ses compatriotes aux grands yeux avec son japonais parfait.
-« si ca se trouve, tu racontes de la merde juste pour te la péter en plus » pense-t-il pour se rassurer. C’est tellement plus facile d’imaginer que les autres mentent. Ca rassure et on se complait plus facilement dans sa feignantise. Les vieux sont de sorti pour dorer leur arthrose au soleil, et faire jouer les articulations de leur doigt en fouillant dans leur porte-monnaie. Ils portent encore l’économie de leur pays, du moins, dans leur tête. Il faut dire aussi que les jeunes, c’est comme le reste. C’était mieux avant. Il est bien content quelques fois de ne pas comprendre la langue, ça lui évite d’être harceler par le bougonnement de ces octogénaires plus vif que lui à leur âge. Du moins, c’est ce qu’il imagine.

Dans la réalité, la mairie de quartier n’est pas jaune, elle est juste dégueulasse.

Du moins, il espère que c’est la mairie de quartier car point de champolionnisation ici. Les grafiti ne sont pas sous-titrés. Les mairies de quartier, une autre bonne idée à rajouter à une liste de plus en plus longue. Il y avait déjà les distributeurs de boisson, les zones fumeurs, les parkings à vélo, les parking à voiture en ascenceur, les métros climatisés (et à l’heure), les écolières en jupes… Si on lui avait demandé de choisir entre la mairie de quartier et les écolière en jupe, le bon sens lui aurait dit de prendre la mairie. Il entre, bien que la porte automatique hésite entre lui refuser l’accès et le laisser passer. L’intérieur est aussi vieillot que l’extérieur. Allié la modernité d’un open space et le mauvais goût des année 80, il fallait oser.

Il est heureux de voir que son entrée à fait de l’effet, tant chez les fonctionnaires que chez les autochtones. A tel point que la guichetière l’invite à s’approcher, au nez et à la barbe des moutons qui patientent et s’impatientent.

– « bonjour, vous parlez anglais » dit-il alors qu’il connait déjà la réponse.
– « oh… » lui répond-elle avec se regard fuyant qu’il connait si bien.
Elle se retourne vers le fond de l’open space pour héler une collègue à son secours.

– « hi » lui dit-elle. Son accent n’est pas si atroce et il sera peut-être envisageable de tout comprendre cette fois.
– « je viens pour vous donner mon adresse et la noter sur ma carte de résident »
– « c’est la première fois que vous venez ? »
– » oui, je viens d’arriver »
–  » quand êtes-vous arrivé ? »
–  » samedi dernier »
– « si c’est la première fois, vous devez allé à la mairie principale »
A ce moment la, il se demande pourquoi elle lui a demandé son jour d’arrivée vu que, quoi qu’il arrive, c’est la première fois qu’il notifie une adresse.
– « vous savez comment y aller ? » lui demande-t-elle.
– « Non, désolé » lui ment-il. Mais c’est un demi mensonge car il avait visité le site internet de la mairie et croit se souvenir d’un chemin. Dans le doute, il se dit qu’une précision ne fera pas de mal. Il appréciait que les gens se donnent du mal pour l’aider. Dans pareil cas, ses concitoyens restés au pays feraient mine de ne pas savoir, juste pour s’éviter la peine de parler une autre langue que la leur. En tout cas, c’est ce qu’il ferait. Si on lui avait demandé de choisir entre la mairie de quartier et les écolière en jupe, il aurait définitivement choisi les écolières en jupe et au diable le bon sens.

A suivre.

9 Réponses

  1. pas mal la premiere partie , mais on a une photo de la mairie de quartier ( faut preciser ) mais pas des ecolieres en jupe hihi t’aurais du faire romancier je me jette sur la suite

    • les seules écolières que j’ai vu avaient moins de 10 ans :-) je vais éviter d’aller en taule des le début \o/

      • pourquoi, tu envisages d’aller en taule à un moment de ton séjour ? c’est peut-être pousser un peu loin l’exploiration ??? !!! c’est quoi le truc sous les casiers ???

  2. C’est propre en tout cas. Pas comme ici!!!

  3. kitte a visiter le pays autant visiter leur taules taura tout fait comme ca hihihihi mais trouve peut etre un autre pretexte je dis ca je di rien

  4. Je découvre le blog avec plaisir, j’étais encore restée chez les deux moches. Du coup je découvre aussi que tu pars (enfin, que tu es parti) à l’autre bout du monde. Je te suivrais ici comme j’ai pu te suivre là-bas avec Seasher!

    PS: combien de fois j’ai pu me tromper entre le garage à vélos et l’entrée de la gare de Nippori. Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule (et pas la seule non plus à faire genre « je maîtrise, tout est normal » :p)

  5. super écriture kevin ! héhh tu as du talent ! vivement la suite bise

  6. « Encore une fois, il manque de prendre le parking à vélo pour l’entrée de la station. Personne ne l’a vu cette fois mais ca ne l’empêche pas de se trouver bien con.  »

    Haha la honte

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